Chapitre 17

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Le soleil se levait à peine lorsque le château commença à s’agiter. Lenora, encore dans sa chambre, regardait par la fenêtre le ciel se teindre de rose et d’or. Un sentiment d’oppression lui pesait sur la poitrine. Elle savait que cette journée serait longue, très longue.

Un léger coup à la porte interrompit ses pensées. Mademoiselle Eloïse entra doucement, suivie de madame Miranda, toutes deux prêtes à l’assister dans les préparatifs. Eloïse, fidèle et attentive, s’approcha avec un sourire réconfortant.

- Bonjour, Princesse Lenora, dit-elle en ajustant les rideaux. J'espère que vous avez bien dormi. Aujourd'hui est une grande journée. Beaucoup de monde est attendu pour finaliser les détails du mariage.

Lenora acquiesça sans conviction, ses pensées encore embrouillées. Le mariage approchait, et chaque minute la rapprochait de ce qu’elle redoutait le plus.

Miranda, plus pragmatique, annonça la première visite.

- Le maître des décorations florales est arrivé. Il aimerait que vous validiez la disposition des arrangements pour la cérémonie.

Lenora se leva lentement, l’esprit alourdi. Elle suivit les deux femmes à travers les couloirs animés du château, où les préparatifs battaient leur plein. Dans la grande salle, une équipe de décorateurs, d’architectes et d’artisans l’accueillit avec respect.

Le maître décorateur, un homme au regard sévère, s’inclina profondément avant de prendre la parole :

- Votre Altesse, pour la cérémonie, nous avons imaginé une décoration de roses blanches et de lys, symbolisant la pureté et la royauté. Que pensez-vous de cette décision ?

Lenora, détachée, observa distraitement les dessins. Les fleurs, la robe, la disposition des tables, tout cela lui semblait d'une futilité accablante, car cela ne changerait rien à son avenir. Pour paraître engagée, elle hocha la tête et murmura quelques mots d'approbation.

- Oui, cela me semble bien. Faites comme vous jugez convenable.

Satisfaite, le décorateur prit note et s’éloigna pour donner ses ordres.

Au fil de la matinée, d'autres visiteurs arrivèrent pour valider divers aspects du mariage : les couturières apportèrent la robe de mariée, un chef vint discuter du menu, et un orfèvre proposa des bijoux pour sublimer sa tenue.

Alors que les servantes l’aidaient à enfiler la robe pour un premier essayage, Eloïse tenta de détendre l’atmosphère.

- Cette robe est magnifique. Vous serez la plus belle, comme toujours. Tous les regards seront sur vous.

Lenora tourna la tête, croisant le regard bienveillant d’Eloïse. Mais ses paroles ne calmaient pas la tempête qui grondait en elle. Elle se sentait piégée, comme un oiseau aux ailes brisées.

- Et si mon père changeait d’avis, Eloïse ? murmura-t-elle. Penses-tu qu’il accepterait d’annuler ce mariage ?

Eloïse la regarda avec douceur, mais son silence en disait long. Les décisions royales étaient difficiles à renverser, et Lenora le savait.

Après l’essayage, Lenora décida de rendre visite à sa sœur, Delcy. Elle avait besoin de parler à quelqu’un, même si leur relation était tendue. Elle la trouva dans ses appartements, feuilletant un livre sans grand intérêt.

- Oh, la future mariée vient me voir, quelle surprise ! railla Delcy sans lever les yeux.

- Je suis venue te parler de quelque chose d’important, commença Lenora.

Delcy ne l’écoutait qu’à moitié, un sourire narquois sur les lèvres.

- Alors, Lenora, est-ce que le prince Yonel te convient finalement ? Vous formez un si beau couple, j’en suis presque jalouse.

Une bouffée de colère monta en Lenora. Sa sœur la provoquait délibérément, consciente de son aversion pour ce mariage. Au lieu de se laisser emporter, elle inspira profondément.

- Tu sais très bien que je ne veux pas de ce mariage, Delcy. Pourquoi insistes-tu à me pousser à bout ?

Delcy leva enfin les yeux, son regard perçant s’accrochant à celui de Lenora.

- Parce que tu es étrange ces derniers temps. Plus proche du chevalier Enric que de ton fiancé, n’est-ce pas suspect ?

Lenora tressaillit à l’évocation du nom du chevalier. Elle tenta de garder son calme, mais son cœur battait plus vite. Delcy, sournoise, se doutait peut-être de quelque chose, mais Lenora n’avait aucune envie de jouer son jeu.

- Je te demande simplement de me laisser tranquille, dit-elle fermement. Ce mariage... n’est pas ce que je veux.

Le silence qui suivit la dispute était lourd de tristesse. Après avoir quitté la chambre de Delcy, Lenora s’arrêta dans un couloir désert, épuisée. Son cœur était lourd, comme si la confrontation avait rouvert une plaie qu’elle tentait de refermer.

Elle s'assit contre le mur, des larmes menaçant de couler. Depuis quand leur relation s’était-elle tant détériorée ? Delcy avait toujours été difficile, mais elles avaient partagé tant de moments complices. Pourquoi sa sœur était-elle devenue si hostile ? Qu’avait-elle fait pour mériter un tel mépris ?

- Tout ce que j’ai voulu, c’est te protéger, murmura-t-elle, pensant à sa sœur. Tu es ma cadette... et je serais prête à me battre pour toi. Mais je sens que tu t’éloignes chaque jour un peu plus.

Les souvenirs des éclats de rire d’autrefois lui serrèrent le cœur. Delcy avait raison d'être méfiante ; Lénora se rapprochait du chevalier Enric. Mais cela n’était pas une trahison envers sa sœur. Pourquoi, alors, était-elle devenue son ennemie ?

Une ombre de doute l'envahit. Peut-être qu’elle avait changé, sans même s’en rendre compte. Mais ce mariage... tout l’y poussait, laissant des marques sur ses relations.

Perdue dans ses pensées, Lenora essuya ses larmes du revers de la main et se leva péniblement. Elle devait être forte. Forte pour elle-même, forte pour ce qu’elle ressentait au fond d’elle, même si cela la menait à trahir des attentes qu’elle n’avait jamais voulu satisfaire.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 30 ⏰

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