XXII

9 2 5
                                    

15/03/2024

J'entends ses pas qui se rapprochent. Chaque bruit sourd résonne en moi comme un coup de marteau. Je sens Jeonghan tout près maintenant, juste derrière moi. La pression de sa présence est écrasante.

- Va-t'en, Jeonghan.

Ma voix se brise à la fin, mais je veux qu'il parte. Qu'il disparaisse. Il reste silencieux, ne bouge pas. Puis sa voix calme, presque douce, rompt le silence.

- Pourquoi ?

Je me retourne, les larmes déjà plein les yeux. Je frotte violemment mes joues, mais ça ne sert à rien. Les vannes sont ouvertes, et je n'arrive plus à m'arrêter. La colère monte en moi, une colère brûlante, incontrôlable.

- Pourquoi ?!  je crie.  T'es vraiment con ou tu le fais exprès ?! Pourquoi tu restes là, hein ? Pour quoi faire ?!

Il ne dit rien, son regard toujours planté dans le mien, impénétrable, comme si mes mots ne le touchaient pas. Et ça m'énerve encore plus. Mes poings se serrent, mes bras tremblent. Je m'avance vers lui, le frappant sur le torse, encore et encore, sans force, sans but. Il ne réagit toujours pas, ce qui ne fait qu'amplifier ma rage.

- T'as cru que t'avais une place dans ma vie parce que tu m'as aidée ?! Que t'allais devenir mon putain de héros ou quoi ?!

Je ne vois plus rien à travers mes larmes, tout est flou, et mes coups faiblissent. Je ne fais que me débattre contre le vide. Jeonghan finit par saisir mes poignets, les emprisonnant dans ses mains, d'une poigne ferme, presque brutale. La douleur jaillit aussitôt, arrachant un cri de ma gorge.

- Lâche-moi !  je hurle, mais il n'en fait rien.

- Non, pas maintenant...

Mes poignets me brûlent sous la pression de ses doigts, la douleur est insupportable, mais Jeonghan reste implacable. Il me tient, et je ne peux plus bouger. Je me débats encore, mais il ne relâche pas sa prise. Je finis par m'effondrer au sol, à bout de souffle, épuisée par ma propre lutte. Jeonghan me relâche enfin.

Il s'approche, me regardant de haut. Je refuse de croiser son regard, mon visage tourné de l'autre côté. Je ne veux pas le voir, pas maintenant.

- Calmes-toi...

Je ne l'écoute pas. Je n'en peux plus de sa voix, de sa manière de toujours vouloir être là, toujours à envahir mon espace. Il essaye encore de dire quelque chose, une justification peut-être, mais je ne veux pas l'entendre. Je ne veux plus l'entendre. Mes mains agrippant le sol froid sous moi.

- Fous-moi la paix. 

 Ma voix est tremblante, mais déterminée. Je me redresse lentement, les jambes flageolantes, les poignets meurtris. Je fais face à Jeonghan, en essuyant d'un revers de main mes larmes qui refusent de cesser.

- C'était... c'était une parenthèse heureuse, ok ? Mais ça doit s'arrêter maintenant. Toi et moi, c'est... rien. Ça n'a jamais été rien. Tu ne me connais pas. 

 Je respire difficilement, mes mots sont hachés. 

- Tu ne connais pas la vraie Nola, celle que je suis vraiment. Celle qui, au fond d'elle, aurait aimé que tu... que tu souris comme ça pour elle.

Jeonghan me regarde, toujours aussi impénétrable. Un silence pesant s'installe entre nous. Puis, sans prévenir, il s'approche de moi.

Je recule d'un pas, puis d'un deuxième, encore un troisième, jusqu'à ce que mon dos heurte le mur. Je suis coincée. Il est là, tout près, son souffle effleurant presque ma peau. Mon cœur bat trop vite, trop fort.

- Je te repose la question, Nola, murmure-t-il d'une voix grave, presque tendre.  Qu'est-ce que ça fait de me voir si proche ?

Je déglutis, incapable de répondre. Ma respiration est saccadée, je sens son regard qui me transperce. Je veux fuir, mais je ne peux pas. Il est là, tout contre moi, et je n'ai nulle part où aller.

- Si tu veux que je parte... 

 Sa voix est basse, un murmure intime qui me glace le sang.  Il s'approche encore, ses lèvres frôlant presque les miennes.

- Embrasse-moi.

Je reste figée, les yeux écarquillés. Il me fixe intensément, comme un défi. Tout en moi hurle de le repousser, de le frapper, de le chasser loin de moi. Mais mes mains tremblent, mes jambes refusent de bouger.

Alors, par pur dépit, par une force que je ne comprends même pas moi-même, je fais ce qu'il me demande.

Je l'embrasse.

Et pendant une seconde, tout s'effondre.


L'odeur de la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant