16/03/2024.
La brise fraîche s'infiltre sous ma veste, me tirant lentement du sommeil. Mes paupières s'ouvrent avec peine, et je découvre le ciel teinté de rose. L'aube est là, douce et glacée, et je frissonne en sentant l'air froid sur ma peau. Ma tête repose contre un morceau de béton, le toit est jonché de canettes vides, vestiges de notre nuit à parler, Jeonghan et moi. Je m'assieds, les jambes repliées contre moi, et laisse mon regard se perdre dans la lumière naissante.
C'est là que je réalise que Jeonghan n'est plus à mes côtés. Mon cœur rate un battement. Je me redresse brusquement, scrutant les environs avec une pointe de panique.
- Jeonghan ?
Le nom s'échappe de mes lèvres, mais il se perd dans le vent qui souffle doucement. Personne ne me répond.
Mon regard descend sur ma main, où je sens soudain un papier froissé entre mes doigts. Je l'ouvre, intriguée. À l'intérieur, un dessin simple mais précis : une grande roue de manège, tracée à l'encre noire. Mon souffle se suspend. La fête foraine d'Osan... Cela fait une éternité que je n'y suis pas allée. Je ferme les yeux un instant, des souvenirs flous se bousculent, des éclats de rires d'enfants, les lumières vives, l'odeur sucrée qui flotte dans l'air.
Je descends du toit, un poids lourd sur la poitrine, mais une résolution étrange me pousse à avancer. Je traverse les couloirs déserts de l'hôpital et rejoins ma chambre, mais quand j'y entre, un choc m'attend : le lit est défait, les draps ont disparu, tout comme mes affaires. Je me précipite vers la réception, essoufflée.
- Nola ? L'infirmière fronce les sourcils. Désolée, mais la patiente a été déclarée sortie. Il n'y a plus de Nola ici.
Mon cœur bat à tout rompre, mon esprit tourne en boucle. C'est Jeonghan, ça ne peut être que lui. Il m'a sortie d'ici, c'est son plan. Je retourne en courant dans la chambre déserte. Plus de traces de moi, comme si je n'avais jamais existé.
Alors, je décide de m'accrocher à ce qu'il m'a laissé. Je prends la seule tenue qui me reste : ce pantalon bleu qui traîne au fond de l'armoire, et la veste de sweat, celle de cet ange insupportable. Je m'habille à la hâte, mon cœur battant à toute vitesse, puis je quitte l'hôpital.
L'air extérieur semble plus pur, comme si la ville respirait mieux que moi. Mes pas résonnent sur le bitume, et je marche le long de la rue bordée de cerisiers, leurs bourgeons prêts à éclore. Je me perds dans le flot de la ville qui s'éveille, mais mon esprit reste fixé sur le dessin, sur cette grande roue qui me guide.
Après une marche sans fin, j'arrive enfin sur la colline où la fête foraine prend place. Les mêmes stands colorés, les mêmes lumières, comme dans mes souvenirs. Ça remonte à si loin... J'avais six ans la dernière fois. Les musiques joyeuses se mêlent aux rires des enfants.
Je ralentis le pas, absorbée par cette atmosphère presque magique, et finis par errer entre les stands. Mon regard se pose sur celui de la barbe à papa. Devant, un petit garçon, le visage collé contre la vitrine, observe la sucrerie avec envie. Je m'arrête, quelque chose en moi se serre. Je me rappelle de ces fois où ma mère m'avait tirée par le bras pour m'éloigner de ces friandises, comme si c'était un luxe interdit.
Alors, sans réfléchir, je sors un billet et le tends au vendeur.
- Une barbe à papa, s'il vous plaît.
Je me tourne vers le gamin, un sourire hésitant sur mes lèvres.
- Comment tu t'appelles ?
Il lève des yeux surpris vers moi, puis répond timidement :
- Seojun.
Le vendeur tend la barbe à papa, et je la donne au garçon, qui me regarde avec des étoiles dans les yeux, comme si je venais de lui offrir le plus beau cadeau du monde.
- Merci ! Merci beaucoup, madame !
Sa voix est si joyeuse que ça me pince le cœur. Il arrache un petit morceau de sucre rose et me le tend en remerciement, tout fier de lui.
Je prends le morceau et le laisse fondre sur ma langue. Le goût sucré envahit ma bouche, et ça me rappelle à quel point j'avais oublié ce genre de petites douceurs. Je ferme les yeux une seconde, savourant ce moment hors du temps.
Soudain, deux mains se posent sur mes hanches, me faisant sursauter. Je reconnais ce contact avant même d'entendre la voix. Un murmure glisse à mon oreille, chaud et rassurant.
- Je suis tellement fier de toi.
Jeonghan.
Mon cœur se serre, mes mains tremblent légèrement, mais je ne bouge pas. J'entends son souffle près de mon oreille, son odeur si familière, et je laisse mes yeux se fermer à nouveau, juste pour savourer ce moment.
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L'odeur de la pluie
أدب الهواةQuelle est cette odeur que je sens sur mon poignet ? Cette odeur qui m'a suivie, qui s'est enfuie avec moi et qui a souffert avec moi. Cette odeur qu'on peut sentir quand les nuages sont gris, et quand on a mal. Je crois...que c'est l'odeur de la pl...