Quand mon père avait enfin fini de se droguer avec ses amis, il rentrait, affichant un sourire faux, comme si rien ne s'était passé. Mais cette fois-ci, quelque chose allait changer. Mon père, avec ses nombreuses conquêtes, avait toujours réussi à manipuler ma mère, qui trouvait toujours une raison de lui pardonner. Pourtant, cette fois, son patron avait découvert qu'il avait eu des aventures avec toutes ses collègues, comme un chien en chaleur. Et là, la réalité nous a frappés de plein fouet : nous nous sommes retrouvés sans salaire, sans ressources pour nous nourrir.
Mon père, désespéré, repensa à son ancien travail dans le sud. Il savait qu'il n'avait pas d'autre choix que d'y retourner, mais cela voulait dire qu'on fuirait encore une fois. J'avais l'impression qu'il le faisait exprès, qu'il se moquait de nous, que son but était de pourrir notre existence. Nous étions coincés à assumer ses erreurs, alors qu'il n'avait jamais, jamais pris la peine de s'excuser pour quoi que ce soit. Pour lui, c'était inconcevable de reconnaître ses torts, et ça me rendait folle de colère et de désespoir.
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Une semaine après le déménagement, je pénétrai dans ce lycée, en plein milieu de l'année, où tout le monde se connaissait déjà. Je gardais la tête baissée, ma frange noire tombant devant mes yeux. Je n'avais aucune envie de me faire remarquer, d'autant plus que j'espérais encore retrouver ma vie d'avant. C'était probablement l'une des rares fois où je ne cherchais pas à fuir, simplement parce que j'espérais que ce fils de pute aurait finalement ce qu'il méritait.
Mon emploi du temps indiquait cours d'histoire. Cela tombait bien, c'était ma matière préférée. L'histoire est fascinante, elle nous enseigne des leçons précieuses sur la condition humaine, les conflits, la paix, et la résilience. En examinant les erreurs du passé, nous pouvons mieux réfléchir à nos propres choix et à l'avenir. Dommage que certains semblent ne jamais l'avoir étudiée. J'espère vraiment que le professeur saura rendre ce cours captivant, même si, à vrai dire, je connais déjà le programme par cœur. Quand j'aime quelque chose ou quelqu'un, cela devient presque obsessionnel. Je veux tout savoir, cela occupe constamment mon esprit. À défaut d'avoir un homme dans ma vie – ou du moins un homme bon – mon obsession, c'est l'histoire.
En entrant dans la salle, je n'observais personne. Je gardais mon visage caché, ne voulant pas qu'on voie la détresse dans mes yeux ou qu'on ressente de la pitié pour moi .Quand le cours commença, je relevai la tête et mon regard croisa brièvement celui du professeur. Je l'avais immédiatement reconnu, et lui aussi m'avait reconnue. Je baissa automatiquement la tête et tous les souvenirs me revinrent à l'esprit, j'avais les larmes aux yeux mais le rideau brun qui se dessinait devant mes yeux pouvait me cacher.
C'était le père de mon agresseur, mais aussi celui qui avait hébergé ma sœur et moi lorsque les services sociaux avaient commencé à s'inquiéter des bleus qu'Ilora avait chaque jour. Nous avions vécu quelques mois chez eux, et il avait tenté de me réconforter. Pourtant, ce séjour m'a brisée à jamais. Son fils, âgé de deux ans de plus que moi, il avait donc 15 ans à l'époque, avait commencé à me toucher, et chaque soir de ce refuge censé me protéger, il recommençait. Ma sœur avait également souffert de ses mains sales. Et par ma faute. J'avais peur qu'il aille plus loin, qu'il révèle ma vie à tout le monde, alors je l'ai laissé faire, détournant le regard. Cela me rendait aussi coupable que lui, au fond. J'étais là sans vraiment l'être. Encore un point commun avec mon père. Je ne suis pas sa fille pour rien, apparemment.
Quand je releva ma tête prise par une mini vague de courage, je l'aperçus, il me regardait. Lui . Mon nouveau professeur. Le père de mon agresseur.
Un frisson me parcourut. Pas de ceux qui glacent le sang, non. C'était différent, une chaleur sourde, inattendue, qui montait en moi. Nos regards se croisèrent brièvement, et je vis dans ses yeux qu'il se souvenait. Moi aussi. Tout remonta d'un coup : ce mélange d'horreur et de réconfort que j'avais ressenti chez eux, dans cette maison qui avait été à la fois un refuge et une prison.
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Born to run away
Любовные романы« Fuir, ce que je sais faire le mieux au final » je dois tenir ça de mon père sans doute qui partait de la maison après nous avoir détruit. J'ai toujours su que fuir mes problèmes allait me retomber dessus mais pour l'instant ça me convient. On peut...