J'étais assise sur le canapé, les yeux rivés sur Ilora, qui jouait calmement avec ses jouets sur le tapis devant moi. Son petit visage concentré, ses mains potelées empilaient des cubes colorés avec soin... Elle était si innocente, si loin de tout ce chaos qui me rongeait de l'intérieur. J'essayais de rester là, présente, pour elle. Mais mes pensées s'échappaient, encore et encore, vers Lysandre.
J'avais bu un verre. Puis un autre. Ça m'aidait à éteindre ce tumulte incessant dans ma tête. La vodka brûlait ma gorge, mais je m'en fichais. Je voulais juste... ne plus penser à lui. À ce qu'il représentait. À ce qu'il m'avait dit ou pas dit. Il y avait Céline, il y avait son indécision, et moi... Moi, j'étais là, coincée dans ce tourbillon d'émotions que je ne comprenais pas. Est-ce que je l'aimais ? Peut-être. Oui. Non. Je ne savais plus.
Je levai un autre verre à mes lèvres, le liquide dévalant à l'intérieur de moi, étouffant la voix de la raison qui hurlait que c'était une erreur. Je fermai les yeux, essayant de calmer le tourment. Il m'avait tenue dans ses bras. Juste hier. Mais il y avait Céline. Il y avait toujours Céline. Et je n'avais aucun droit de lui demander de choisir. Pas après une nuit. Ce n'était rien... C'était juste un baiser. Rien de plus. Alors pourquoi avais-je l'impression de me noyer ?
J'entendais Ilora murmurer, fredonnant une chanson pour ses poupées. Elle ne se rendait même pas compte de ce qui se passait. Pas encore. Mais elle le sentirait, bientôt. Quand elle serait plus grande, elle comprendrait à quel point je l'avais laissée tomber. J'étais sa grande sœur. C'était à moi de veiller sur elle. Mais tout ce que je faisais, c'était fuir.
Je reposai mon verre sur la table avec un bruit sourd, la culpabilité m'envahissant soudain. Comment est-ce que je pouvais me permettre ça, de m'enivrer ici, alors qu'elle avait besoin de moi ? Elle n'avait personne d'autre. J'étais censée être sa protectrice, celle qui la guidait, et voilà que je m'effondrais devant elle, incapable de gérer mes propres sentiments.
Mais je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas tout porter. C'était trop lourd. La responsabilité, la douleur, la confusion. Je voulais juste que quelqu'un soit là pour moi, une fois. Que Lysandre soit là. Pour moi, et qu'il puisse choisir entre son fils décédé et sa bien-aimée. Mais je ne pouvais pas lui demander ça. Ce n'était pas juste. Ce n'était pas possible entre nous. Alors, je buvais pour oublier. Pour oublier qu'il y avait Céline, pour oublier que c'était le père de celui qui avait tout gâché, pour oublier qu'il ne m'appartenait pas. Pour oublier qu'il n'y avait pas d'issue.
Ilora se tourna vers moi, ses grands yeux pleins d'innocence, et je sentis ma gorge se nouer.
— « Aria, tu joues avec moi ? »
Sa petite voix douce me transperça. Je devrais dire oui, me lever, la rejoindre sur le tapis. Mais j'étais paralysée, mon corps lourd sous l'effet de l'alcool et de la culpabilité. Comment pouvais-je être à la hauteur pour elle, quand je n'étais même pas capable de gérer ma propre vie ?
— « Dans une minute, Ilora... Juste une minute. »
Elle acquiesça sans poser de questions, mais je vis la déception passer furtivement dans ses yeux. Elle ne comprenait pas. Pas encore. Mais elle le sentirait, un jour. Que je n'étais pas à la hauteur. Que j'étais trop égoïste pour être celle dont elle avait besoin. Trop brisée.
Je me levai péniblement, mon corps vacillant légèrement, et me dirigeai vers la cuisine pour remplir à nouveau mon verre. Je le portai à mes lèvres, mais cette fois, je n'arrivai pas à le boire. Une nausée monta en moi, pas à cause de l'alcool, mais de la honte. Je posai le verre, mes mains tremblant.
Je ne pouvais pas continuer comme ça.
Ilora me regardait, ses grands yeux me scrutant avec une curiosité silencieuse. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas que sa sœur était en train de perdre pied. Que j'étais en train de sombrer. Et je me détestais pour ça. Pour la laisser tomber. Pour être aussi égoïste.
Je voulais m'excuser, lui dire que j'étais désolée, mais les mots restaient coincés dans ma gorge. J'avais tout gâché. Et Lysandre... il n'y avait même pas de place pour lui. Il n'y avait jamais eu de place pour nous deux. Parce que j'étais trop occupée à fuir, encore et encore. Fuir mes responsabilités, fuir mes sentiments, fuir la réalité.
Je m'effondrai sur le sol, à genoux, sentant les larmes monter, brûlantes et amères. C'était trop. Je ne pouvais pas. Mais je n'avais pas le droit de fuir. Pas avec Ilora. Pas quand elle avait besoin de moi.
Je la vis s'approcher, sa petite main posée doucement sur mon bras. Elle ne disait rien. Elle ne comprenait pas, mais elle était là. Elle était toujours là. Et moi, j'étais ici, coincée entre ce que je ressentais pour Lysandre et la réalité écrasante de ma vie. Je ne pouvais pas fuir pour toujours.
Alors, je me relevai, lentement. Je posai mon verre sur la table, pour la dernière fois. Pour Ilora.
Et je m'assis près d'elle, prête à jouer, même si j'étais brisée à l'intérieur.
Parce qu'elle méritait mieux que ça.
Parce qu'elle méritait mieux que moi.
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Coucou la team, j'espère que ce chapitre vous a plu, ça faisait longtemps que je n'avais pas parler comme ça, et espérons qu'Ilora ne vous brise pas trop le cœur...
Sinon vous pensez que Céline va continuer à foutre la merde ou si Lysandre va la remettre à sa place ?
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Born to run away
Romance« Fuir, ce que je sais faire le mieux au final » je dois tenir ça de mon père sans doute qui partait de la maison après nous avoir détruit. J'ai toujours su que fuir mes problèmes allait me retomber dessus mais pour l'instant ça me convient. On peut...