Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais la scène dans l'obscurité de notre chambre. Les coups de bâton, le souffle court de mon père, la douleur qui irradiait dans mes côtes. Je ne savais pas si elles étaient cassées, mais respirer était un supplice. Ilora s'était blottie contre moi, ses petits bras entourant mon torse meurtri, inconsciente de la gravité de ce qui venait de se passer. Mon père était sorti ensuite, furieux, jurant de retrouver Lysandre.
Je tremblais à l'idée de ce qu'il allait faire, même si, dans son ignorance, il croyait que Lysandre nous avait trouver fortuitement, une mauvaise rencontre de hasard, ou qu'il avait tenté de nous retrouver après toutes ces annnées. Il ne savait pas que Lysandre était mon professeur. Si jamais il l'apprenait...
Ce matin-là, je me réveillai avec une douleur sourde qui me transperçait le flanc. Les souvenirs de la nuit étaient trop frais, trop douloureux. Mais quelque chose en moi me disait que ce n'était pas fini. Que la confrontation entre mon père et Lysandre n'avait fait que commencer.
--
Le bruit sourd des coups résonnait encore dans ma tête lorsque je sortis de la maison. Le lundi matin semblait étrangement calme, mais je savais que ce calme ne durerait pas. En arrivant au lycée, je sentais le poids de chaque pas. L'idée de revoir Lysandre, dans cette classe où il devait être mon enseignant, me faisait trembler. Comment pourrais-je le regarder en face après tout ce qu'il s'était passé ?
--
Mais ce n'était pas la seule chose qui me hantait. Mon père avait retrouvé Lysandre. Je ne savais pas comment, mais il l'avait fait. J'avais vu la rage dans ses yeux avant qu'il ne claque la porte hier soir, hurlant qu'il allait « régler son compte à cet enfoiré ». J'étais restée impuissante, mes jambes incapables de bouger, tandis qu'Ilora pleurait doucement à côté de moi.
Quelques heures plus tard, il était rentré, le visage fermé, les poings encore serrés de colère.
--
Je ne savais pas ce qui s'était passé exactement entre eux, mais je l'imaginais aisément. Mon père était tout sauf raisonnable. La violence avait toujours été son premier recours, et il n'hésiterait pas à s'en prendre physiquement à Lysandre pour s'assurer qu'il ne reviendrait jamais vers nous.
Lysandre, lui, devait être en mauvais état. Peut-être avait-il même été blessé. Mais malgré cette peur qui me rongeait, une petite part de moi était soulagée. Parce que Lysandre était encore en vie. Si mon père l'avait vraiment tué, je l'aurais su. Il ne se serait pas contenté de rentrer silencieusement. Il serait revenu avec un sourire macabre, prêt à nous punir encore pour cette fuite ratée.
--
Quand j'arrivai en classe, le lundi matin, j'avais l'impression que mon cœur allait exploser à l'intérieur de ma poitrine. Tout me paraissait flou. La douleur dans mes côtes était insupportable, mais je ne pouvais pas me permettre de paraître faible devant tout le monde. Je me forçai à marcher normalement, à ne rien laisser transparaître.
Quand Lysandre entra dans la salle, mes yeux se posèrent immédiatement sur lui. Il avait l'air fatigué, plus sombre que d'habitude. Je remarquai une légère coupure sur sa lèvre et une ecchymose près de son œil. Mon cœur se serra. Il n'avait pas seulement souffert pour nous, il avait été blessé pour nous. Pour moi. À cause de moi.
Il s'installa à son bureau, son regard évitant soigneusement le mien. Il parlait d'un ton neutre, comme si rien ne s'était passé. Comme si tout était normal. Mais je savais que ce n'était pas le cas. Nous savions tous les deux que rien ne serait plus jamais pareil.
Pendant tout le cours, je sentais son regard dériver parfois sur moi, furtivement, comme s'il s'assurait que j'allais bien. Mais il n'y avait aucune autre interaction, aucun mot échangé. C'était comme si un mur invisible s'était dressé entre nous, une barrière que ni lui ni moi ne savions comment franchir.
Je me demandais s'il ressentait cette même tension, cette peur sourde qui me tenaillait. S'il revivait encore et encore ce moment où mon père l'avait confronté, où il avait peut-être failli y laisser sa vie.
--
À la fin du cours, alors que tout le monde commençait à ranger ses affaires, je restai assise, incapable de bouger. Mes mains tremblaient légèrement. Je devais lui parler, lui demander ce qui s'était passé. S'assurer qu'il allait vraiment bien. Mais les mots restaient coincés dans ma gorge.
Lysandre, de son côté, rangeait lentement ses affaires, son regard toujours fuyant. Puis, alors qu'il s'apprêtait à sortir, il s'arrêta une seconde, ses yeux se posant brièvement sur moi.
— « Aria... » dit-il doucement, sa voix à peine audible, presque hésitante. Mais avant qu'il ne puisse continuer, un groupe d'élèves bruyants entra dans la salle, et l'instant s'évanouit.
Il se tourna rapidement, s'abaissant à mon niveau pour me chuchutoer cette phrase
— « Je passe te chercher au coin de la rue quand tu auras fini les cours, il faut qu'on parlent sérieusement de nous. »
Puis il quitta la pièce sans un mot de plus. Je restai là, figée, le cœur lourd, me demandant ce qui allait se passer ensuite.
VOUS LISEZ
Born to run away
Romance« Fuir, ce que je sais faire le mieux au final » je dois tenir ça de mon père sans doute qui partait de la maison après nous avoir détruit. J'ai toujours su que fuir mes problèmes allait me retomber dessus mais pour l'instant ça me convient. On peut...