La voiture s'immobilisa brusquement devant le commissariat, le moteur s'éteignant dans un dernier grondement. Je restais figée sur le siège passager, mon cœur battant à tout rompre, incapable de bouger. Ilora, à l'arrière, jouait avec ses poupées, inconsciente de la tempête qui allait se déclencher.
Lysandre sortit en premier, claquant la portière un peu trop fort. Je l'entendis contourner la voiture avant d'ouvrir ma portière d'un geste brusque, me forçant presque à descendre.
— « Allez, Aria. On va régler ça, maintenant. » Sa voix était plus tendue qu'il ne le voulait sûrement.
Mon estomac se noua. Chaque pas me rapprochait de quelque chose que je ne contrôlais pas, quelque chose qui me terrifiait. Devant nous, les grandes portes du commissariat paraissaient étrangement menaçantes. Et au fond de moi, je sentais que ce n'était pas aussi simple que Lysandre voulait le croire.
Il m'attrapa doucement par le bras, me tirant de la voiture. Je le suivis sans un mot, le corps lourd, le regard tourné vers le sol. Derrière nous, Ilora trottinait, absorbée par ses poupées, trop jeune pour comprendre l'angoisse qui m'écrasait.
À l'intérieur, l'atmosphère était silencieuse. Un policier se tenait derrière le comptoir, feuilletant des documents. Il leva les yeux quand Lysandre s'avança d'un pas décidé.
— « Bonsoir, » commença Lysandre, d'une voix ferme. « Je viens signaler une situation d'urgence. Ces deux jeunes filles sont en danger. »
Le policier fronça légèrement les sourcils, me regardant brièvement avant de revenir à Lysandre.
— « Et vous êtes...? » demanda-t-il en haussant un sourcil.
Lysandre hésita un court instant, puis répondit :
— « Je suis... je suis le professeur d'Aria, la grande de 17 ans la. »
Un froid instantané me traversa. Mon souffle s'arrêta dans ma poitrine. Pourquoi avait-il dit ça ? Le policier nous fixa, visiblement surpris.
— « Son professeur ? » Il jeta un coup d'œil à l'horloge murale. Il était presque minuit. « Qu'est-ce que vous faites avec votre élève et sa sœur à cette heure-ci ? »
Je sentis Lysandre se raidir à côté de moi. Il venait de comprendre l'erreur monumentale qu'il venait de commettre. Je levai les yeux vers lui, mon cœur s'emballant encore plus. Une lueur de panique passa dans son regard, et il se racla la gorge avant de tenter de rattraper la situation.
— « Je veux dire... je suis leur ancien tuteur. J'ai eu leur garde temporaire il y a quelques années. Leur père est dangereux, il les maltraite, et il a déjà réussi à s'en sortir avec de l'argent, mais il va recommencer. Il faut que vous interveniez. »
Le policier ne semblait pas convaincu. Il échangea un regard avec un de ses collègues à côté de lui avant de revenir à Lysandre.
— « Donc, vous n'êtes pas leur tuteur légal actuellement, c'est bien ça ? »
Lysandre secoua la tête, son visage se crispant sous la pression.
— « Non, mais... je les ai protégées pendant des années. Leur père a des contacts, de l'argent, il s'en est toujours sorti. Vous devez agir avant qu'il ne soit trop tard. »
Je baissai la tête, mes mains tremblantes se crispant sur mes vêtements. Je voulais parler, dire quelque chose pour appuyer ce qu'il disait, mais les mots restaient bloqués dans ma gorge. Et puis... qu'est-ce que ça changerait ? Mon père avait toujours trouvé un moyen de s'en tirer. Avec son argent, ses contacts. Il avait corrompu le système une fois, il pouvait le refaire.
Le policier hocha lentement la tête, l'air peu convaincu.
— « Je vois. » Il se tourna vers Ilora, l'observant avec insistance. « Et toi, jeune fille, c'est vrai ce qu'il dit ? Ton père te maltraite ? »
Jje vis ses larmes monter, sa gorge se nouer. Elle voulais parler. Mais la peur était trop forte, comme une main invisible qui lui serrait la poitrine. Elle hocha faiblement la tête, incapable de prononcer un mot. Mes yeux se perdirent dans ceux de Lysandre, cherchant du soutien, mais il était déjà sur le point de perdre patience.
— « Elle est trop terrifiée pour parler ! » éclata-t-il, sa voix montant d'un cran. « Vous voyez bien qu'elle a peur ! Vous attendez quoi ? Que son père vienne et fasse pire encore ?! »
Le ton de Lysandre se durcissait, et je sentis le regard des policiers devenir plus méfiant. Ils s'étaient raidis à ses éclats de voix. Un autre agent s'approcha, observant la scène avec attention.
— « Monsieur, calmez-vous, » dit le premier policier, son ton devenant plus autoritaire. « On doit suivre une procédure ici. Si vous ne pouvez pas prouver ce que vous avancez... »
— « Prouver ? » Lysandre frappa violemment du poing sur le comptoir, me faisant sursauter. « Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ? Vous attendez qu'elles finissent à l'hôpital pour agir ? C'est ça ?! »
Je le sentis perdre le contrôle, déraper sous l'effet de la frustration et de la colère. Le policier recula légèrement, échangeant un regard avec son collègue qui s'approchait maintenant.
— « Monsieur, » dit un autre policier en s'avançant, « vous allez devoir reculer et vous calmer. »
Lysandre, en proie à une rage dévastatrice, lança un regard furieux aux agents.
— « Vous êtes censés protéger les gens ! Vous êtes corrompus, comme le système qui protège ce monstre ! »
Les policiers se raidirent encore plus, et l'un d'eux posa une main ferme sur l'épaule de Lysandre, lui signifiant clairement de se calmer. Mais Lysandre, aveuglé par sa colère, se dégagea brusquement.
— « Lâchez-moi ! » s'écria-t-il, repoussant l'agent.
Ce fut la goutte d'eau. Tout se passa si vite. Deux policiers se jetèrent sur lui, l'immobilisant contre le comptoir. Le bruit de leur lutte résonna dans le hall. Je portai ma main à ma bouche, incapable de comprendre ce qui se passait.
— « Non ! Non, arrêtez ! » Ma voix était étouffée par la panique.
Ilora, derrière moi, sursauta en me voyant paniquer, et elle se mit à pleurer. Je la pris contre moi, mais mes mains tremblaient tellement que je pouvais à peine la tenir. Je regardai Lysandre, pris dans une lutte désespérée.
— « Aria ! Dis-leur ! Dis-leur que c'est la vérité ! » cria Lysandre alors que les policiers l'entraînaient vers une salle d'interrogatoire.
Mais je ne pouvais rien dire. Ma voix était comme morte, étouffée par la peur, par l'incertitude. Tout était en train de s'effondrer autour de moi, et une fois de plus, je me retrouvais seule. Mon père allait nous retrouver. Il allait tout savoir. Il allait me punir, punir Ilora. Et Lysandre, lui, n'était plus là pour nous protéger.
Je restai debout, paralysée, regardant les policiers s'éloigner avec lui. Tout espoir semblait s'évanouir.
VOUS LISEZ
Born to run away
Romance« Fuir, ce que je sais faire le mieux au final » je dois tenir ça de mon père sans doute qui partait de la maison après nous avoir détruit. J'ai toujours su que fuir mes problèmes allait me retomber dessus mais pour l'instant ça me convient. On peut...