8-Il n'est pas mien

6 3 21
                                    


 Lysandre était assis à son bureau, l'air perdu, les yeux fixés sur des papiers qu'il ne lisait même pas. Ses doigts jouaient distraitement avec un stylo, comme s'il n'arrivait pas à s'ancrer dans la réalité. Je pouvais presque sentir le poids de ses pensées, et quelque part, cela me fit mal. Il repensait sûrement à hier, à ce moment où je suis partie précipitamment, incapable de gérer ce que je ressentais.

Je pris une grande inspiration avant de toquer doucement et d'ouvrir la porte. Mon cœur battait la chamade, et mes mains tremblaient légèrement. Je ne savais même pas pourquoi j'étais venue, mais il fallait que je lui parle.

— « Lysandre... je... » balbutiai-je, hésitante.

Il leva lentement les yeux vers moi, et je sentis immédiatement la tension dans la pièce, mais cette fois, ce n'était pas une tension hostile. C'était autre chose, quelque chose de plus intime, de plus fragile. Ses yeux accrochaient les miens, et pendant un moment, aucun de nous ne parla.

Je me mordis la lèvre, cherchant mes mots.

— « Je suis désolée... pour hier. Je n'aurais pas dû m'énerver comme ça. Je sais que tu essayais de m'aider... et je... je n'aurais pas dû fuir. »

Chaque mot semblait m'écorcher la gorge. Pourquoi était-ce si difficile de m'excuser ? Je me sentais vulnérable, exposée, comme si à tout moment il pouvait dire quelque chose qui me détruirait encore plus. Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard.

Lysandre se leva lentement. Je pouvais sentir son regard peser sur moi. Il s'approcha, et mon cœur manqua un battement quand je réalisai qu'il était juste devant moi, si proche que je pouvais sentir sa chaleur.

— « Je peux te prendre dans mes bras ? » me demanda-t-il doucement. « Seulement si tu es d'accord... je ne veux pas te forcer. »

Je restai figée un instant, hésitant. Mon corps criait que oui, je voulais qu'il me prenne dans ses bras, mais mon esprit se débattait avec tout ce que cela impliquait. Finalement, je hochai la tête, un petit sourire triste aux lèvres.

Il me serra contre lui, doucement, prudemment, comme s'il avait peur de me faire mal. Ses bras autour de moi étaient si réconfortants que, pendant un instant, j'oubliai tout. J'oubliai la douleur, la peur, tout. Je posai ma tête contre son torse, écoutant les battements réguliers de son cœur. Je voulais rester là, juste un peu plus longtemps, juste un peu plus en paix.

Mais tout s'effondra lorsqu'on toqua à la porte. Mon cœur se serra d'un coup.

— « Oh non... la porte ! » murmurai-je, paniquée. Nous n'avions pas verrouillé.

Je sentis la panique monter en moi, m'enveloppant comme une vague prête à m'engloutir. Si quelqu'un nous voyait là, seuls dans son bureau, je savais que cela pourrait mal tourner.

— « Vite, cache-toi, » chuchota Lysandre, l'urgence perçant dans sa voix.

Sans réfléchir, je courus me cacher derrière un paravent dans le coin de la pièce. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j'avais l'impression qu'il allait exploser. J'étais recroquevillée là, retenant mon souffle, espérant que je n'avais pas été vue.

Lysandre ouvrit la porte, et mon monde s'effondra encore un peu plus quand j'entendis la voix familière de Céline. Madame Delcourt. Une autre professeure. Et pas n'importe laquelle. La manière dont elle prononça son prénom, avec cette familiarité déconcertante, me glaça le sang.

— « Lysandre, » dit-elle d'une voix douce mais assurée, « je t'attendais hier soir... Tu sais à quel point ça m'agace quand tu annules sans prévenir. »

Born to run awayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant