CHAPITRE 31: NE DEVIENS PAS UN FAIBLE

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Jordan marchait d'un pas rapide dans le couloir, son sourire victorieux toujours présent. Pourtant, à mesure qu'il s'éloignait, une autre émotion se frayait un chemin en lui, une émotion qu'il s'efforçait d'ignorer depuis longtemps. Il avait beau jouer les indifférents et se réjouir de la déstabilisation de Gabriel, il savait, au fond, que les sentiments qu'il avait pour lui n'avaient jamais vraiment disparu.

Comment ne pas l'aimer ? se répétait-il intérieurement. Malgré la colère, malgré le ressentiment qui bouillonnait encore en lui, il n'avait jamais pu effacer ces souvenirs qu'ils partageaient autrefois. Ces moments volés, ces promesses murmurées. Tout cela appartenait à un passé qu'il prétendait haïr, mais auquel il ne pouvait s'empêcher de s'accrocher.

La vérité, c'était qu'il en voulait à Gabriel pour l'avoir abandonné. Il ne pouvait pardonner le fait que Gabriel l'ait laissé tomber pour Stéphane, cet ex qui avait réapparu comme un fantôme du passé, brisant tout sur son passage. Jordan avait ressenti un mélange de trahison et de désespoir, une douleur qu'il n'avait jamais réussi à surmonter. Et puis il y avait Alex... Son absence lui pesait encore, et une part de lui blâmait Gabriel pour tout ce qui s'était passé. Même si, au fond, il savait que c'était plus compliqué que cela.

Alors il s'efforçait d'enfouir ces sentiments au plus profond de lui, de les recouvrir d'une couche de colère et de mépris. Il voulait croire qu'il pouvait transformer l'amour en haine, que cela le libérerait enfin. Mais en réalité, cette haine n'était qu'un masque pour dissimuler ce qu'il ressentait vraiment. La vérité, c'était qu'il l'aimait encore. Une part de lui avait toujours espéré que Gabriel reviendrait vers lui, mais il savait que c'était une illusion, un espoir vain.

Il serra les poings, essayant de chasser ces pensées. Concentre-toi, Jordan, se dit-il. Ne laisse pas tout cela te distraire maintenant. Mais il était trop tard. Gabriel, même dans ses moments de faiblesse, même alors qu'il luttait pour garder le contrôle, exerçait toujours sur lui une sorte de fascination. Une part de Jordan voulait encore tout ravager, se venger pour ces années perdues, pour cet amour trahi. Mais une autre part, celle qu'il ne montrait jamais à personne, voulait simplement revenir en arrière et tout recommencer.

Il continua à avancer dans le couloir, son sourire s'effaçant peu à peu. À l'extérieur, il semblait toujours le même, froid et calculateur. Mais à l'intérieur, il se débattait avec ses propres émotions, un combat qu'il savait probablement perdu d'avance.

Jordan s'éloigna du bâtiment et s'engouffra dans la nuit parisienne, le vent frais lui cinglant le visage. Son sourire avait complètement disparu, remplacé par un mélange de frustration et de mélancolie. Chaque pas le ramenait à Gabriel, à cette soirée où il avait dû regarder l'homme qu'il aimait se dissoudre sous ses yeux, incapable de se défendre, et pourtant, cela ne lui avait pas apporté le réconfort qu'il espérait. Il aurait dû se sentir victorieux, fier d'avoir fait vaciller Gabriel, mais au fond de lui, il n'y avait qu'un vide douloureux.

Alors qu'il marchait, ses pensées revenaient sans cesse à leur passé, comme une boucle infernale. Il se souvenait des premiers moments, de ces instants où Gabriel lui avait donné l'impression d'être important, d'être aimé. Il n'avait pas oublié le regard de Gabriel, ces étincelles dans ses yeux quand ils partageaient des moments complices, ces nuits où ils avaient refait le monde, couchés l'un contre l'autre. Comment pouvait-il haïr quelqu'un qu'il avait tant aimé ? Comment pouvait-il effacer tout ce qu'ils avaient été ?

Jordan savait pourtant qu'il devait continuer à jouer le jeu. Il s'était promis de ne jamais pardonner, de ne jamais laisser Gabriel revenir dans sa vie. Il avait juré de se venger pour Alex, de le faire payer pour l'avoir abandonné, pour avoir choisi Stéphane. Mais cette vengeance n'apportait pas la paix qu'il espérait. Il se sentait tout aussi perdu, tout aussi brisé qu'à l'époque. Et il avait peur, peur de ce que cela signifiait. Peur que cette haine, qu'il cultivait avec tant d'ardeur, ne soit qu'une façade pour dissimuler l'amour qu'il éprouvait encore.

VRAI CONFIANCE?(BARDELLAxATTAL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant