Chapitre 32 : La fine fleur

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Le soleil de New York brille haut dans le ciel à la manière d'un magnifique doigt d'honneur à mon intention. Après toutes ces journées sous la pluie et autres nuages, voilà que l'astre se décide enfin à faire son job.

Pile-poil aujourd'hui.

Il faut croire que c'est jour de fête. Assurément, mon frère doit se frotter les mains, impatient de se débarrasser de moi pour prendre la tête du clan. Quant au reste de la triade, sûre qu'ils doivent tous se mettre sur leur trente-et-un pour le spectacle qui se prépare au manoir. De ma chambre, je peux déjà entendre l'écho des pas précipités du personnel, un véritable branle-bas de combat, afin d'organiser la très prochaine cérémonie. À travers la fenêtre, je constate que le jardin n'est pas épargné non plus.

Les volatiles n'apprécient pas de voir leur territoire ainsi envahi comme en témoignent leurs piaillements incessants. Au moins ne suis-je pas la seule à être morose en ces lieux.

Mes mains défroissent un tissu pour chasser des plis invisibles avant de relever le menton, mon regard poignardant mon reflet dans la psyché. Je prends alors le temps d'inspecter ma tenue de haut en bas. Un gilet noir élégant cintre ma taille pour chuter en longues pointes au niveau de mes genoux. En dessous, chemise blanche et pantalon en lin parfaitement découpé. Le genre est assez masculin, mais la découpe rend l'ensemble plus androgyne. Et j'avoue, j'apprécie le nœud de ruban à mon cou ou encore la chaîne en argent suspendue à ma ceinture.

Je ressemble à la parfaite petite mafieuse. Ce qui s'harmonise admirablement bien avec mon air revêche. À l'évidence, Catherine a fini par mieux cerner mes goûts.

— Une dernière touche, peut-être ?

Mon regard dévie de mon reflet pour un autre bien plus intéressant. Un reflet qui n'est pas sans me rappeler l'indécence de la nuit dernière, quoique désormais, plus habillé.

Et un harnais de holster tendu entre nous.

Je souris.

— En effet, il aurait été dommage d'oublier ce dernier accessoire.

Mes mains glissent dans mes cheveux pour dégager ma nuque avant de tendre un bras. Une invitation silencieuse à s'approcher bien peu innocente. Aucun de nous deux n'est dupe. De fait, j'apprécie aussitôt la proximité retrouvée, les gestes volontairement mesurés, s'attardant plus que nécessaire. J'en étouffe un soupir de satisfaction.

Jusqu'à ce que deux coups frappés à une porte ne nous interrompent.

— Entrez, lancé-je, légèrement agacée.

Pour autant, je ne m'écarte pas de Mal. Nous découvrons alors Thomas à l'entrée de la chambre, dans son habituelle attitude guindée. Je ne surprends qu'un simple haussement de sourcil rapidement effacé derrière un masque de professionnalisme.

À la vérité, je me contrefous de son jugement. Dans le cas contraire, je me serais montrée beaucoup plus discrète lors de mes derniers ébats, dans un certain salon, une certaine nuit.

— Mademoiselle Thornes, les premiers invités viennent d'arriver, la réception se déroule dans le jardin.

L'annonce m'arrache une crispation que je tente de colmater aussitôt. Un rappel que le temps a cette mauvaise habitude de passer trop vite. L'heure des courbettes a donc sonné. Quoi que je ne compte pas jouer la charmante maîtresse des lieux, je n'ai clairement pas la tête de l'emploi. Encore moins l'humeur.

— Très bien. Ma mère ?

— Catherine s'occupe d'elle, mais votre mère a souhaité aussi participer aux festivités.

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