Men in black

43 12 8
                                    

Max

Elles se sont tirées. Putain, elles se sont vraiment barrées !

La bouche ouverte, nous fixons l'emplacement vide du Tesla comme quatre gros abrutis. Aucun d'entre nous n'aurait imaginé que les filles oseraient se casser sur un coup de tête, sans nous prévenir.

— En plus, elles ont pris ta caisse, articule Liam, le premier d'entre nous à reprendre ses esprits.

— Elles n'allaient pas se barrer avec un mini bus, pointe Gab, pragmatique. Beaucoup trop dur à garer en pleine nuit.

Fabien hoche la tête, pensif, les yeux toujours rivés vers le portail.

— Elles ont filé où, vous pensez ? demande-t-il.

— Si j'en crois la dernière déclaration d'Aly, le « hasta la vista, les connards », je parie pour une sortie en boîte ou dans un bar, suppose Liam.

Instantanément, ma poitrine se comprime. L'image de ma Loïs, ma merveilleuse et sublime Loïs, à la merci de petits salauds de son âge qui n'ont ni souci de cheveux gris ni problème de queue, me rend malade.

Si je monte dans la voiture de location maintenant, j'arriverai sans doute à les rattraper et...

— Calmos, Max, ordonne Gab en posant une main sur mon épaule.

— Je suis très calme.

Aussi serein qu'un taureau devant le drapeau rouge d'un toréador.

— À d'autres, mec. T'as pâli dès que Liam a mentionné cette histoire de boîte. Je te connais, je devine ce qui se trame dans ta tête.

Je ne réponds pas. Ils commencent à me les briser menu, les Hensen et leur ton condescendant, à s'imaginer plus malins que moi.

— Ma sœur se comporte souvent comme une peste, poursuit Gab. Mais elle t'aime et te restera fidèle. Tu l'as entendu, ce n'est pas ce qui se trouve dans ton caleçon qui l'intéresse.

— Grave, ajoute Liam, amusé. Apparemment, tes doigts et ta bouche font très bien le job.

Je lève les yeux au ciel. Que quelqu'un les fasse taire, putain !

— On va vraiment passer la soirée à discuter de ma bite en fixant le jardin ?

Fabien secoue la tête.

— J'avoue que j'y tiens pas plus que ça. En revanche, on pourrait se poser ici avec deux-trois bouteilles. Elles se sont peut-être barrées, mais nous aussi, on peut s'amuser. On a suffisamment d'alcool pour ça.

— Alors que les enfants dorment à côté ? rechigné-je.

Les mecs me dévisagent avec curiosité, comme si je venais d'évoquer une espèce animale inconnue. Bordel, qu'ils remballent leur tronche d'ahuris ! Je parle de leurs mômes, merde ! Je n'en ai pas, moi, pour rappel !

— Ben quoi, ils dorment, non ? finit par articuler Liam, assez piteusement.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Visiblement, même à quarante-cinq balais, je reste le plus responsable de la bande.

— On ne va pas se murger non plus, tente de me rassurer Fabien. Juste passer un bon moment. Se détendre un peu après cette soirée catastrophique. Ruminer notre colère et déblatérer sur nos gonzesses.

— Perso, ce programme me plaît, appuie Gab, la mine sombre. Je vote pour.

— Moi aussi, je suis partant pour la teuf « anti-meuf » ! lance Liam en s'installant sur un des transats.

On s'était dit rendez-vous dans quinze ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant