Scalp des burnes et autres menaces paternelles

43 10 16
                                    

Fabien

Gab va tuer un ado. Je vous jure. À voir son visage ivre de rage, aucun doute sur le sujet. Il va le flinguer, ou bien lui scalper les burnes, ce qui, en vérité, revient au même.

Pauvre gosse. Si jeune et déjà un pied dans la tombe.

Complètement stone, j'observe mon pote courir comme un dératé derrière Marco, entièrement à poil, la main sur son zgeg pour dissimuler ce qui lui reste de pudeur. Si Gab a gardé un bon cardio malgré les années, l'alcool dans ses veines lui sucre quelques réflexes, permettant ainsi au gamin de rester hors de sa portée. Enfin, plus pour longtemps.

Si l'ado ne parvient pas à sauter par-dessus un mur dans les minutes qui suivent, je ne donne pas cher de sa peau.

— Ils sont à combien de tours de jardin ?

Liam, assis à côté de moi, observe la scène avec le même air concentré que Max.

— Deux, je crois, soufflé-je.

En entendant Gabriel hurler quelques minutes plus tôt, Max et moi avons quitté nos chambres en quatrième vitesse pour rejoindre le prof d'histoire-géo, toujours en plein nettoyage. Postés sur la terrasse, nous avons tous les trois pu voir le danseur et sa proie débouler du salon pour s'élancer vers l'extérieur. Il ne nous a pas fallu trente secondes pour deviner ce qu'il venait de se passer. Juliette a ouvert la chambre des secrets et le basilic de Marco y a élu domicile.

Pas sûr que Gabriel Potter parvienne à rétablir l'ordre, sur ce coup-là.

— Bientôt trois, corrige Max. Bordel, j'ai de la peine pour le minot. Gab va n'en faire qu'une bouchée.

Je plisse les yeux, peinant à distinguer les deux silhouettes désormais au fond de la propriété. Contrairement à Gabriel, motivé par la rage, Marco commence à ralentir, épuisé.

La fin s'annonce effectivement proche et le dénouement sanglant.

— Quelle idée, aussi, de baiser une nénette pas loin de son père qui picole ! grommelle Max.

— Bah, en fait, rétorque Liam, ça peut se tenter, si tu imagines que le daron en question va s'écrouler dans son lit sans demander son reste.

J'approuve cette réflexion d'un hochement de tête. J'ai connu ce type de configuration lorsque j'avais l'âge de Marco. Solyne, une conquête de l'époque, m'a accueillie dans son lit, un soir où son père buvait du whisky en regardant un match de foot. Le type a tellement ronflé qu'on a eu le temps de cuisiner des pancakes au petit déjeuner, le lendemain matin.

— Je dors avec mes frères et sœurs, souffle Juliette, qui vient d'apparaître à nos côtés. Nous... nous étions dans son lit. Enfin, leur lit. À maman et lui.

Malgré moi, je laisse échapper un hoquet de stupeur. Bon sang, qu'est-ce qui leur est passé par la tête ?! Jamais le lit des parents, merde ! Tout le monde sait ça !

— Je retire ce que je viens de dire, souffle Liam, qui a dû parvenir à la même réflexion. Vous êtes carrément débiles, en fait !

— Déjà, on n'avait pas forcément anticipé la chose, se défend la jeune fille, aussi rouge qu'une pivoine. Puis, je croyais que vous finiriez par cuver sur la terrasse en attendant le retour de vos nanas.

Attendez, je rêve ou elle nous traite de poivrots ?

Mes lèvres se pincent, accusant le coup de l'outrage.

— Mauvais calcul, me contenté-je de pointer.

— Pas si nul, me contredit-elle. Papa est arrivé pile au moment où Marco allait se rhabiller.

On s'était dit rendez-vous dans quinze ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant