Chapitre 12

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Depuis quelques semaines, la relation entre Drago et moi est la suivante : aux yeux du monde, nous ne sommes que des amis, mais entre nous, nous formons un couple. Cette nuit encore, Drago dort chez moi. Je ne vais jamais au manoir, sauf lorsque Narcissa m'y invite à dîner. Je ne dors pas bien cette nuit, je n'arrête pas de me tourner et de me retourner dans le lit. J'ai même fini par réveiller Drago involontairement.

— « Qu'est-ce qui ne va pas ? », me demande-t-il.

— « Rien, je n'arrive pas à dormir... Je vais aller dans la chambre d'amis, rendors-toi », lui dis-je.

— « May... »

— « D'accord, si je te dis que j'ai un mauvais pressentiment ? J'ai l'impression que quelque chose de grave va arriver et ça m'oppresse... »

— « Allez, viens ici », dit-il en m'attirant contre lui.

Je pose ma tête sur son torse tandis que nos doigts s'entrelacent. Je n'ai jamais osé lui dire que je l'aime, par peur de sa réaction... qu'il me quitte. Je soupire en silence et ferme les yeux pour tenter de trouver le sommeil.

Le lendemain matin, je me réveille rapidement. J'ai toujours cette impression qu'il va se passer quelque chose, mais j'essaie de l'ignorer. Une fois habillée, je me rends à la cuisine pour préparer mon petit-déjeuner. Drago me rejoint. Je sais qu'il ne va pas rester longtemps, il doit rentrer chez lui rapidement pour ne pas éveiller les soupçons. Il m'embrasse, s'écarte puis transplane.

Plus tard, je descends dans la librairie pour ouvrir. En attendant William et son père, je fais un peu de rangement. Nous avons reçu plusieurs exemplaires d'un nouveau roman pour adolescents, et je décide de les mettre en rayon. Le tintement de la cloche retentit et j'entends William m'appeler.

Drago me remet les affaires de son fils pour la journée, et William s'enfuit littéralement à la recherche d'un nouveau livre pour sa sieste.

— « Rien de mal n'arrivera, d'accord ? », déclare Drago. « Allez, à ce soir. »

Il part et je me retrouve seule, face à la porte d'entrée.

Le va-et-vient incessant des clients me fait presque oublier mes appréhensions. Wendy arrive et sa bonne humeur est contagieuse. Même Beth nous rejoint et me raconte ses aventures chez ses parents. Je fais l'impasse sur ma relation avec Drago et préfère dire que tout s'est arrangé entre nous. Pourtant, à force de questions, Beth finit par me faire avouer :

— « C'est assez récent, tu sais. On se fréquente depuis presque deux mois, pas plus... »

— « Deux mois ?! », s'étrangle-t-elle. « Et moi, j'étais où pendant tout ce temps ? Chez mes parents ! », se gronde-t-elle elle-même.

Beth demande à utiliser mes toilettes et je l'accompagne. Elle n'est jamais entrée dans mon appartement. À peine dans les toilettes, je l'entends chuchoter. Je ne devrais pas écouter, mais la curiosité l'emporte.

— « Ça ne va pas... ça ne va pas, ça ne va pas du tout ! Il faut faire quelque chose... Réfléchis, Charlotte, réfléchis ! Tu ne peux pas... »

Je m'éloigne, à reculons, essayant d'être la plus discrète possible. Lorsque j'arrive dans le salon, je m'assois, feignant de l'attendre. Elle me rejoint quelques instants plus tard, affichant un sourire serein. Nous redescendons dans la librairie. D'apparence tranquille, je m'approche de Wendy qui joue avec William.

— « Au fait, je ne t'ai pas dit, j'ai vu Fred hier... Je crois qu'il va falloir le surveiller de près », lui dis-je.

Wendy hoche la tête et me répond sérieusement, entrant parfaitement dans mon jeu :

La Libraire du chemin de TraverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant