Chapitre 16

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Les journaux en ont fait leurs gros titres : le mariage de Drago et Charlotte a été un véritable désastre ! Rita Skeeter s'en est donnée à cœur joie, écrivant des articles croustillants sur l'événement. Je ne peux m'empêcher de rire chaque fois que j'y pense, et j'ai même pris soin de garder tous les articles qui en parlent. Une fierté secrète me réchauffe le cœur : j'ai empêché ce mariage et je ne regrette rien.

Ce matin, je me lève plus tôt que d'habitude. Une intuition me souffle que la journée sera particulièrement bonne, et je prends donc mon temps pour me préparer et savourer mon petit-déjeuner. En arrivant à la librairie, je profite du calme avant l'ouverture pour faire un peu de ménage. Il n'est même pas encore neuf heures, et l'atmosphère paisible m'apaise.

Je déballe les cartons de magazines, les plaçant soigneusement devant le comptoir. C'est l'endroit stratégique où ils se vendent le mieux. À neuf heures pile, je débloque la porte et ouvre officiellement la boutique. Quelques bruits de pièces résonnent dans ma caisse enregistreuse alors que j'y ajoute des noises et des mornilles pour la journée.

Le tintement de la porte annonce l'arrivée de mon premier client.

— « Mayyyyyyy ! »

Je lève les yeux aussitôt, juste à temps pour voir William se précipiter vers moi, manquant de peu de se cogner la tête sur le comptoir. Avec son énergie débordante, il me saute dans les bras. Je l'étreins avec tout l'amour possible, le serrant si fort qu'il pourrait en perdre son souffle.

— « Je t'aime fort ! », s'exclame-t-il avec un sourire éclatant.
— « Oh, moi aussi je t'aime fort, mon petit chat », réponds-je en lui déposant un baiser tendre sur la joue.

Je jette un coup d'œil vers Drago qui se tient à quelques pas de nous, observant la scène avec un sourire.

— « Tu n'es pas une bonne menteuse », me dit-il avec un air amusé.
— « Je pense pourtant m'en être bien sortie », répliqué-je, un sourire en coin, tout en gardant William blotti contre moi. Puis, avec un peu plus de gravité, je me risque à dire : « Toi par contre... Je pensais ne plus avoir le droit de le revoir... Ça fait deux fois ce matin. »
— « Moi, je veux te revoir tout le temps ! », s'exclame William, son enthousiasme est presque palpable.

Drago hausse les épaules en guise de réponse et tend le sac à dos du petit. Je repose doucement William, et il récupère son sac avant de courir dans l'appartement, probablement pour l'entreposer dans sa chambre. Sa chambre.

Je me retrouve alors seule avec Drago, et soudain, la pièce semble plus étroite.

Il me regarde intensément, un silence lourd de sous-entendus s'installe.

— « Dis-moi, Granger... pourquoi ? », finit-il par demander, son ton se faisant plus sérieux.

Je comprends immédiatement qu'il parle du mariage. Un nœud se forme dans mon ventre, mais je refuse de détourner les yeux.

— « Tu sais très bien pourquoi », murmuré-je, tentant de contourner la question.

Mais Drago, toujours aussi déterminé, fait lentement le tour du comptoir et se retrouve face à moi, les bras croisés. Son regard persistant me fait réaliser que je n'ai plus d'échappatoire. Je prends une grande inspiration, puis lâche enfin la vérité :

— « C'est parce que je t'aime. »

Drago reste silencieux un instant, comme pour absorber la portée de mes mots, avant de se pencher vers moi. Ses lèvres touchent les miennes, et tout semble s'arrêter. Mon cœur bat plus vite, une douce chaleur m'envahit.

La Libraire du chemin de TraverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant