Chapitre 17

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Ce matin, Drago et moi paressons encore au lit. Blottie contre lui, je profite du calme de la pièce. Voilà maintenant huit mois que nous nous fréquentons, et tout se passe bien entre nous. Cependant, j'ai décidé de profiter de cet instant pour aborder un sujet délicat... et je sais d'avance que cela ne va probablement pas lui plaire.

— « Drago, j'ai réfléchi, et je pense que ce serait une bonne idée pour William d'aller dans une école moldue », dis-je en me redressant pour mieux observer sa réaction.

Comme prévu, il soupire profondément.

— « Tu parles déjà comme si tu étais sa mère... », me réplique-t-il.

Sa remarque me blesse, mais je ne laisse rien paraître. Drago me rappelle constamment que je ne suis que la nounou, et cela commence à peser sur moi. Contrairement à lui, William m'a déjà intégrée à sa vie comme un membre de la famille... Mais je ne vais pas lâcher l'affaire aussi facilement.

— « Il a sept ans, il sait lire, écrire, compter, et j'ai l'impression qu'il s'ennuie... », insisté-je.

— « May, j'ai peur qu'il fasse de la magie incontrôlée... », m'avoue-t-il.

Je sens son inquiétude sincère, elle semble dictée par une peur profonde. Pourquoi est-il si angoissé à l'idée que William fasse de la magie incontrôlée ? Ce n'est pas une mauvaise raison, mais je ne la comprends pas totalement.

— « Drago ? », l'appelé-je doucement. « Je n'ai jamais vu William faire de la magie. »

Il écarquille les yeux, visiblement surpris, réalisant qu'il ne l'a jamais vu non plus. Avant qu'il ne puisse répondre, je m'empresse d'ajouter :

— « Cela ne veut rien dire, d'accord ? Pense à Neville, il a développé ses pouvoirs tardivement et c'est aujourd'hui un excellent Auror. »

Mais c'est trop tard. Je vois déjà dans ses yeux qu'il envisage la possibilité que William soit un Cracmol. J'aurais dû me taire... Quelle idiote ! J'essaie de rattraper ma gaffe, lui expliquant qu'Hermione et moi non plus n'avions pas manifesté de magie très tôt, mais Drago a réponse à tout... Il prétend que c'est notre sang moldu qui a ralenti le processus. Je soupire et laisse tomber. À ses yeux, son fils est potentiellement un Cracmol, et il n'y a rien que je puisse dire pour changer ça.

Je me lève et me rends dans la salle de bain pour me doucher. Sous l'eau, je repense à notre discussion. Si William est un Cracmol, qu'est-ce que ça change ? Tant qu'il a son père et ses grands-parents, il sera heureux ! Et puis, être Cracmol n'est pas une tragédie. Les gens qui pensent ainsi sont vraiment étroits d'esprit.

Je sors de la douche et enfile un peignoir. Quand je reviens dans la chambre, Drago est en train de s'habiller. Sans prévenir, je m'approche de lui lui donne une petite tape sur l'épaule. Assez fort pour qu'il perçoive ma colère, mais trop légère pour lui faire mal. Il ne comprend pas, et je le vois faire un effort pour rester impassible.

— « J'arrive pas à croire que tu serais capable de renier ton propre fils parce qu'il est un Cracmol ! Tu devrais avoir honte de toi ! Qu'il soit Cracmol ou non, cela ne change rien au fait qu'il est ton fils ! », l'accusé-je avant de quitter la pièce en lui tournant le dos.

Dans la cuisine, je commence à faire la vaisselle à la main. Cela m'aide à me détendre, et ça me donne une excuse pour avoir les mains occupées. Je suis terriblement déçu par le comportement de Drago et rester sans rien faire m'est impossible, d'autant plus que je suis en congé.

La Libraire du chemin de TraverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant