𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐒𝐄𝐈𝐙𝐄

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Bonne lecture,


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CHAPITRE SEIZE

AURA

C'est dans une atmosphère glaciale que la voiture ralentit, glissant presque en silence après avoir franchi la ligne d'arrivée. Malgré la scène de victoire animée à l'extérieur, avec la musique et les clameurs de la foule, tout semble étrangement étouffé par l'insonorisation de l'habitacle. Le monde dehors pourrait bien s'effondrer que je n'entendrais pas la moindre fissure.

À ma droite, Rayne est muet, un calme trompeur dans lequel je peux sentir sa rage bouillir à l'intérieur de lui. Ses poings, fermés sur ses genoux, se crispent légèrement, et bien que son visage reste impassible, je perçois une tension menaçante.

Il a perdu la course. Pas de beaucoup, mais assez pour que le défaite pèse comme une tonne. Elle lui a été arrachée par Ayaz qui célèbre sa victoire un peu plus loin. Je détourne les yeux du rétroviseur et laisse échapper un soupir en fixant le tableau de bord.

Ma tête s'écrase lourdement contre l'appuie-tête et je ferme les yeux juste quelques secondes, pour tenter de calmer l'adrénaline qui coule encore dans mes veines. La tension de la course n'a pas encore quitté mon corps. Je réalise à quel point je viens risquer ma vie dans cette voiture qui aurait pu m'emmener tout droit vers la mort. Chaque battement de mon cœur est encore imprégné de cette pression étouffante, et dans ce silence lourd, les mots de Rayne avant le dernier continuent de résonner dans mon esprit.

Je les repasse en boucle, cherchant à comprendre où est-ce qu'il voulait en venir, pourquoi ces paroles ont laissé un étrange goût d'inachevé sur ma langue.

— Qu'est-ce que tu voulais dire tout à l'heure ?

Rayne ne répond pas immédiatement. Il fixe un point devant lui, comme s'il essayait de trouver un échappatoire dans ce vaste horizon. Puis, il baisse la tête vers ses mains, son regard s'attarde sur ses poings. Il ne m'affronte pas, et ce simple geste suffit à réveiller une vague de suspicion en moi.

Je me penche un peu vers, comme pour forcer une réponse qui pourrait me donner un sens à tout ça. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, une voix brutale déchire le silence, explosant dans l'air.

— Rayne ! Sors de ta caisse et assume ce qu'on a convenu !

La voix rauque n'a rien de bienveillant. Mon cœur se serre et à cet instant précis, tout s'éclaire. Une vérité amère me frappe de plein fouet. Ce n'était pas seulement une course. C'était bien plus que ça.

Parce que je ne peux pas te laisser partir.

Rayne ne courait pas pour la victoire ou la gloire.

— Je suis désolé, Aura. Lâche-t-il finalement.

Son aveu tombe comme un poids mort sur moi. Cette excuse aussi vide que les abîmes, confirme ce que je craignais. Rayne n'a pas couru pour lui, ni même pour battre Ayaz. Il l'a fait pour m'avoir. Il a fait cette course pour respecter un pari qu'il a fait dans mon dos. Chaque tour de piste était un piège, et j'y suis tombée sans le savoir.

Une boule de colère se forme dans ma gorge. Elle menace d'éclater, et pourtant, ce n'est rien comparé à la douleur qui irradie dans ma poitrine. La trahison de Rayne ravive une sensation que j'avais presque oublié.

Et là, tout se brise.

Je sors de la voiture avec une telle violence que la porte claque, résonnant comme un coup de tonnerre. Pendant une seconde, j'espère même qu'elle se casse sous l'impact. Chaque pas m'éloigne de la caisse, mais pas de la douleur, ni de cette trahison qui brûle au fond de moi.

𝐁𝐔𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆 𝐇𝐄𝐀𝐑𝐓𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant