𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓

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Hello, j'espère que vous allez bien !!

Bonne lecture,


❤️‍🔥




CHAPITRE VINGT


AURA

Avec les années, je me suis familiarisée avec la douleur. Je l'acceptais dès qu'elle arrivait parce que, quelque part, c'était plus facile que d'essayer de la repousser. À force, elle est presque devenue une habitude dans mon quotidien. Mais je n'avais connu que cette forme de souffrance : diffuse et rampante, presque intime. Une douleur de silence, qui vous érode à petit feu.

Mais ce soir, une autre affliction a frappé, bien plus brutale. Celle qu'on reçoit après un coup, celle qui déchire le corps et laisse un goût métallique dans la bouche, celle qui brûle en un éclair et qui vous coupe le souffle en un instant. Je ne l'avais jamais vraiment expérimentée. Elle n'a pas la patience de s'installer en vous. Elle vous heurte, sans douceur, et repart en laissant une marque. Et bordel, ça fait vachement mal.

Je me penche vers le miroir pour mieux examiner ma joue en feu. La peau est rougie, et sous l'éclat artificiel de la lumière de la salle de bain, je vois clairement l'empreinte laissée par ses doigts, dessinée comme une brûlure. Il m'a littéralement fracassé. Sa main a frappé mon visage avec la violence d'une voiture percutant un mur de plein fouet, un choc qui résonne encore dans ma tête.

Une grimace tord mes lèvres lorsque je presse mon doigt sur la surface enflammée. Des vaisseaux ont même éclaté dans mon globe oculaire, maculant mon œil de fines lignes rouges. Et au milieu du silence de la pièce, je réalise que mon acouphène s'est déclenché, un sifflement sourd qui n'en finit plus. Il ne m'a pas raté, l'enfoiré.

À défaut d'avoir une crème, j'applique délicatement du beurre sur la zone pour atténuer la marque et prévenir au maximum l'arrivée d'un hématome. La fraîcheur irradie immédiatement ma peau et des frissons de soulagement se propagent dans mon corps. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est tout ce que j'ai. À chaque passage, j'essaye d'ignorer l'humiliation qui me ronge. Quand j'ai terminé, je prends le temps d'inspirer profondément. J'avais retenu ma respiration tout le long par réflexe, comme si l'air que j'aurais pu aspirer portait encore l'odeur de sa violence. Le souffle qui m'échappe est lourd et tremblant.

Je retourne dans la cuisine pour ranger le beurre dans le frigo. Mes gestes sont lents, presque mécaniques. Je me sers une assiette de ce qu'il reste des pâtes que j'avais préparé pour maman. Dès que nous sommes rentrées, elle est montée directement dans sa chambre. Malgré tout, j'avais pris le temps de lui préparer à manger. Avant d'aller dans la salle de bain, j'étais passée la voir. L'assiette est restée intacte sur la petite table près de son lit, et elle s'était directement endormie, ou du moins, elle faisait semblant.

Je m'installe sur le canapé, mon repas sur les genoux, et allume mon portable. J'apporte la fourchette à ma bouche, presque machinalement, avant de jeter un œil aux messages sur l'écran.

— Est-ce que tu viendras toujours travailler demain ?

C'est Rayne. Je fixe la question un moment avant de répondre avec un simple pouce levé. Je n'ai pas l'énergie pour formuler une autre réponse.

J'ouvre le second, il provient de Caan. Mon cœur se réchauffe en le voyant.

Un peu plus tôt, après qu'il nous ait déposées, je lui avais envoyé un message pour le remercier. Au moment où nous avions récupéré la facture au guichet, il m'a avoué qu'il avait tout réglé. Je me souviens du choc qui m'avait clouée sur place. Je n'avais pas trouvé quoi répondre sur le moment, emportée par une vague d'émotions. Il ne le sait pas, mais il m'a épargné un poids immense. Une dette qui aurait pu élargir le gouffre dans lequel je nage avec ma mère.

𝐁𝐔𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆 𝐇𝐄𝐀𝐑𝐓𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant