𝐁𝐔𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆 𝐇𝐄𝐀𝐑𝐓𝐒

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐃𝐈𝐗-𝐒𝐄𝐏𝐓

Bonne lecture,

Ps : Fallen Bride et Burning Hearts sont des histoires « interconnectées » donc si vous n'avez pas lu ou pas terminé FB, il y a un risque de gros spoil.

CHAPITRE DIX-SEPT

AURA

Dans le hall du poste de police, l'atmosphère est moins calme que dans la cellule. Les parents des autres étudiants débarquent un par un, le pas pressé comme s'ils espéraient que leur présence effacerait les dernières heures de cette soirée. Je reste en retrait, observant la scène, cherchant un réconfort dans les visages que je connais bien.

Line est la première à se détacher du groupe. Elle trottine vers son père qui l'accueille avec une douceur extrême. Il n'y a aucun signe de colère sur son visage, uniquement une profonde inquiétude. Une sensation étrange naît au milieu de ma poitrine. Elle s'installe comme une gêne familière que je ne veux pas vraiment reconnaître. Je le regarde embrasser le front de sa fille en la serrant précieusement contre lui, et tout à coup, ce simple geste me paraît magnifique, parce que c'est tout ce dont une fille pourrait rêver, et si injuste, parce que moi, je n'y ai jamais eu droit.

Je serre les dents sans m'en rendre compte. Une partie de moi veut détourner les yeux, ne pas assister à ce moment intime, mais je reste concentrée sur eux, incapable de regarder ailleurs que cette scène qui réveille des souvenirs absents.

Je n'ai jamais connu ça, la chaleur et la protection d'un père. Le mien n'a jamais été présent, laissant un vide en moi que ma mère a tenté de combler comme elle le pouvait. Elle a fait de son mieux, et je ne lui ai jamais fait sentir ce manque que je ressentais au fond de moi.

Aujourd'hui, j'imagine ce que ça ferait d'avoir quelqu'un comme lui, dans ce commissariat, pour me prendre dans ses bras, me dire que tout ira bien. Puis, je me demande, sans le vouloir, à quoi il ressemblerait. Est-ce qu'il me serrait contre lui avec cette même douceur ? Est-ce que je me sentirais protégée et aimée dans cette étreinte comme Line l'est à cet instant ?

Au fond, je sais que je n'aurai jamais cette chance. Mon père ne viendra jamais me chercher. Il ne m'attendra jamais avec ce regard inquiet mais plein d'amour. Parce qu'il n'a jamais voulu de moi et qu'il est parti avant même d'avoir la chance d'essayer. Et ça, c'est une douleur qui ne disparaît jamais vraiment.

Caan retrouve sa mère et la scène est bien différente. Elle a l'air furieuse, ses gestes sont rapides et saccadés, ses lèvres bougent sans cesse, mais je ne peux pas entendre ce qu'elle dit. Je devine la morale, et un sourire en coin me vient. Caan semble endurer impassiblement l'orage.

Pas loin de moi, Alexei observe les retrouvailles, silencieux. Quand Line et son père s'approchent, il se redresse légèrement. Le père de sa petite-amie lui adresse un signe de tête, et Alexei acquiesce en retour.

— Tes parents ne sont pas encore là ? Questionne Line lorsqu'elle arrive près de moi.

— Ils arrivent.

Au fond, je n'en sais rien. Je ne sais même pas si ma mère est au courant de ce qu'il s'est passé.

— Tu veux que je reste avant toi en attendant ?

Je secoue la tête.

— Ça ira, merci.

Elle me regarde un moment, l'air soucieux. Elle hésite, puis murmure doucement :

— Envoie-moi un message quand tu rentres chez toi, d'accord ?

Ses iris scrutent mon visage une dernière fois, comme si elle voulait assurer que tout irait bien, avant de quitter le commissariat avec Alexei, Caan et leurs parents. Petit à petit, le hall devient vide et silencieux.