Bonne lecture <3***
CHAPITRE VINGT-SIX
AURA
Line m'a envoyé un message.
— Aura, dis-moi où est-ce que tu es..pour que je te rejoignes.
Je fixe mon portable posé sur le banc, près de moi, jusqu'à ce que l'écran s'éteigne. Enlevant le peu de lumière présent dans la rue vide.
L'air froid, chargé d'humidité, agite les feuilles mortes qui dansent sans but sur le trottoir. Elles semblent si légères, si libres. Et moi, je suis clouée ici, coincée dans un moment que je ne peux pas fuir.
Je respire profondément, mais ça ne m'aide pas. Ça ne chasse pas les images, ni les mots, encore moins les rires qui m'écorchent la peau avec violence.
Je ferme les yeux, dans un dernier effort pour fuir ce tourbillon. Si je reste assez longtemps ici, je finirai probablement par me dissoudre et me faire oublier. Un soupir m'échappe, inaudible. Le silence autour de moi est si total qu'il semble résonner dans l'obscurité.
Une source de lumière me fait lever la tête, aveuglante et intense. Deux phares blancs percent la nuit comme des étoiles filantes. Ils se rapprochent trop rapidement. Le halo lumineux m'envahit brusquement et me prive de mes repères. Je suis obligée de me cacher le visage pour ne pas être engloutie par leurs éclats.
Les phrases s'éteignent finalement, et je distingue une silhouette fine qui sort du côté passager et s'avance vers moi en trottinant. Elle s'arrête juste devant moi, je me sens tiraillée entre la tentation de fuir et l'aspiration à son contact.
— Aura..
Le murmure de Line retentit comme un cri dans l'air étouffé. Elle finit par s'accroupir devant moi, ses genoux touchant presque le trottoir gelé.
— Viens avec moi...je te ramène chez toi.
Ses prunelles me scrutent, brillantes de mille questions, de mille inquiétudes. Elle attend, mais je ne sais pas quoi faire. Tout en moi cherche une réponse, et il n'y en a pas. Son bras glisse autour de mes épaules et elle me guide vers la voiture. Alexei attend derrière le volant, ses traits sont indéchiffrables dans l'obscurité.
Je m'installe dans la banquette arrière, l'odeur de cuir mêlée à celle du froid extérieur submerge mes sens. Line me rejoint de l'autre côté, abandonnant sa place à l'avant. La voiture s'éloigne, engloutit par la nuit profonde. Les phares illuminent l'obscurité dans laquelle nous plongeons, dessinant deux longues traînées lumineuses qui fendent le voile noir de la route déserte.
À travers les vitres, le monde semble se résumer à une toile mouvante, où seules lignes floues des arbres défilent comme des silhouettes fantomatiques. Par moment, les troncs d'arbres se découpent sur un ciel sans étoiles, seulement accompagné par le ronronnement constant du moteur.
La voix de Line s'étend dans l'habitacle, mais il y a un épais brouillard qui m'empêche de comprendre ce qu'elle dit. C'est comme si elle essayait de me parler alors que j'étais sous l'eau, ses mots se noient dans un océan et se perdent avant même d'atteindre mes oreilles.
Puis subitement, la voiture ralentit. D'abord je crois que nous sommes arrivés, que la route a conduit à une fin. Mais en tournant la tête, je remarque une petite station-service, éclairée par des néons vacillants, isolée dans cette nuit sans fin. La lumière froide de ce lieu jure avec l'obscurité aux alentours. Étrangement, elle apporte une certaine sensation de réconfort.
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RomantizmS'il y a bien une chose qu'Aura déteste dans la vie, ce sont les hommes. Plus précisément, les garçons arrogants, au charme envoûtant, qui se sentent tellement supérieurs aux autres, que rien ne peut les atteindre. Pourtant, tout le monde possÚde u...