Chapitre 1.

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Sena Khan fixa la petite maison nichée parmi les rochers dentelés, incapable de croire ce qu'elle voyait. Ses mains tremblaient tandis qu'elle tenait fermement la lettre d'invitation. La maison en pierre s'ouvrait sur un escalier en bois qui traversait une parcelle boisée avant de mener à la plage. La brise fraîche des montagnes effleurait ses tempes, et Sena se força à lâcher la lettre d'une main pour repousser ses cheveux de devant ses yeux.

Il lui avait fallu une semaine entière pour localiser la maison en suivant les maigres indications fournies. C'était comme si l'emplacement avait été intentionnellement protégé par un sortilège de Fidelius.

Elle avait du mal à croire qu'elle était arrivée, et encore moins pour ce qu'elle était venue faire. Elle venait tout juste de commencer sa carrière de journaliste, une « recrue » de trois mois à peine, comme on surnommait les nouveaux a La Gazette du Sorcier, lorsqu'on l'avait convoquée dans le bureau de Barnabas Cuffe.

Elle avait tremblé tout autant à ce moment-là qu'elle tremblait maintenant.

Elle était convaincue qu'on allait la renvoyer. Les petits articles qu'elle rédigeait n'attiraient que rarement un public, et elle savait que les éditeurs l'avaient remarqué, car ses assignations avaient encore diminué ces derniers mois. Elle savait que ses articles sur les conditions de travail dangereuses dans la volière de Gringotts ou son reportage préféré sur les efforts de syndicalisation des centaures à Poudlard n'étaient pas appréciés au bureau. Mais c'était un travail honnête et elle pensait que les sorciers britanniques avaient besoin de connaître ces sujets.

Mais c'était clairement la goutte de trop. On allait la licencier ; aucun débutant convoqué dans le bureau de Cuffe n'en ressortait jamais le sourire aux lèvres.

Elle avait essayé de se préparer au pire, mais difficile de se préparer quand la nouvelle la plus terrible de sa vie était sur le point de tomber. Elle ne croyait pas qu'il puisse y avoir pire que de goûter au potentiel de son avenir avant de le voir s'évaporer.

Elle se força à se rappeler des paroles de sa tante Hira : « L'une des femmes les plus fortes que j'ai connues m'a dit qu'en cas de peur, tu fais un deuxième pas. Il n'a pas besoin d'être grand, pas même visible. Parce que ce pas est puissant. Ce deuxième pas prouve que tu peux survivre à tout. »

Alors, Sena avait frappé à la porte vitrée et était entrée dans le bureau de Cuffe.

« On vous invite à écrire un article sur Draco Malfoy, » avait dit Cuffe dès son entrée, debout derrière un immense bureau en acajou. Il n'avait même pas levé les yeux vers elle.

« Moi—quoi ? »

« Une lettre de Mme Pansy Parkinson est arrivée ce matin, disant que M. Draco Malfoy est prêt à parler. Mais seulement si c'est vous. » Le grand homme fouillait une pile de livres, des bagues dorées scintillant sur ses mains gonflées.

« Moi ? » Sena n'arrivait plus à penser ni à comprendre. Seuls des mots isolés lui venaient. Elle luttait pour calmer ses mains tremblantes, respirant la fumée de cigare qui flottait depuis les lèvres violettes de Cuffe et essayant d'assimiler les mots qu'il lui avait lancés.

Draco Malfoy.

Personne n'avait entendu parler de Draco Malfoy depuis huit ans, depuis l'article explosif de la Gazette à son sujet. Sena était trop jeune pour s'en souvenir, à peine dix ans à l'époque. Mais elle connaissait l'histoire des articles les plus rentables du journal, et celui sur lui figurait parmi les dix plus populaires depuis la fin de la Seconde Guerre. Depuis cet article, le nom de Malfoy s'était lentement effacé de la société. Tout ce qu'elle savait vraiment, c'était que le manoir Malfoy avait fermé, saisi par Gringotts, et que le dernier héritier avait disparu.

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