Greenlight

Chapitre 4.

Le Maroc Sorcier

"Le chemin de la sagesse exige une connaissance cruelle et intime de soi-même, pouvant créer un malaise suffisant pour repousser l'âme indéfiniment. Il faut embrasser la vérité que, pour atteindre le cœur de l'âme, il est impératif d'accepter la douleur, l'étrange, la contradiction."
– Safia Al-Jabar, 1915

Hermione n'arrive pas à croire qu'elle l'a vraiment fait. Cela aurait dû être plus difficile de laisser toute sa vie derrière elle, de dire au revoir, même brièvement, à ses amis et à ses obligations. Elle s'était préparée à l'anxiété familière qui serre l'estomac, à l'appréhension oppressante dans la poitrine qui l'avait souvent empêchée de faire quoi que ce soit en dehors de sa routine établie.

Pourtant, rien de tout cela ne s'est manifesté et Hermione a poursuivi ses préparatifs sans s'attarder à comprendre pourquoi. Le Ministère avait satisfait ses demandes, lui permettant de terminer quelques recherches en suspens pendant son absence. Lorsqu'on lui a demandé si elle serait de retour pour le dévoilement de la statue, Hermione a menti en disant oui, et on l'a crue sans poser de questions. Pour une fois, elle était reconnaissante des privilèges et acceptations involontaires qui venaient avec son statut de "fille d'or".

Elle avait envoyé des lettres à ses amis pour les informer de son départ, préférant ne pas les voir en personne. Ginny et Luna avaient quand même fini par venir la voir avant son départ, et Hermione leur était reconnaissante de ne poser ni questions ni commentaires d'inquiétude sur ce qu'elle allait faire.

John avait été plus difficile à aborder, mais elle a été surprise de voir combien il était facile de le quitter malgré tout. Elle avait essayé plusieurs fois de le rencontrer dans son bureau pour lui parler de son départ et du commentaire des paparazzi concernant leur rupture, mais Henrietta trouvait toujours une excuse pour son absence. Finalement, elle l'a attendu deux heures dans son bureau la veille de son départ. Épuisée par les préparatifs du voyage et les projets de dernière minute qu'elle avait dû terminer, elle s'était forcée à rester dans la salle d'attente, ignorant les regards curieux de la réceptionniste.

Elle avait tenté d'être patiente avec lui, prête à faire un effort supplémentaire pour qu'ils puissent discuter de leurs besoins. Mais elle ne savait pas pourquoi elle devait se battre si fort pour le convaincre en premier lieu. Elle savait que l'opinion de John ne devait pas tant compter si cela lui importait tellement de partir. Hermione ignorait où placer la limite entre nourrir ses propres besoins et désirs, et accorder de l'attention à leur relation.

Ginny la réprimandait souvent sur ce sujet, pointant du doigt le déséquilibre dans leur relation. Mais Hermione n'avait jamais eu beaucoup d'expérience dans ce domaine, et même si elle savait qu'un couple devait être un partenariat égal, elle avait toujours eu la nature de faire des efforts supplémentaires. Elle se raccrochait désespérément à ses relations, n'ayant jamais cessé d'aller au-delà pour les autres, surtout après la guerre où elle avait compris combien elle pouvait perdre ceux qu'elle aimait. Elle savait qu'à tout moment, ils pouvaient lui échapper, comme de l'eau entre les doigts.

Elle avait fait un effort sans bornes pour protéger Harry, souvent plus que les autres autour d'elle. Elle n'avait jamais cherché à comprendre pourquoi, simplement parce qu'il avait été son premier véritable ami, et elle ne l'avait jamais aimé moins un seul jour. Ce fut pareil avec Ron, lorsqu'ils étaient ensemble. C'était toujours elle qui donnait davantage. Elle avait appris la recette de tarte aux mûres de Molly pour lui préparer après ses longues journées, regardait des matchs de Quidditch juste pour passer plus de temps avec lui, même quand il oubliait de lire ses livres ou changeait de sujet lorsqu'elle lui parlait de ses projets. Quand elle s'était retrouvée avec John, qui lui accordait autant d'attention que Ron, elle s'était dit que c'était peut-être la norme et que toute relation impliquerait pour elle de porter le plus lourd des poids.