Greenlight

Chapitre 5.

« Je suis fermement convaincue que les émotions fortes, comme le désir, la colère, le désespoir et l'amour, sont liées par un élan fondamental unificateur. L'amour peut se transformer en haine aussi aisément que la colère en désir. Tout ce qu'il faut, ce sont des circonstances et une provocation adéquates pour susciter la première réponse. Après tout, l'amour pour quelqu'un exige le même degré de haine qu'on ressent à l'idée de ne jamais pouvoir être avec cette personne. »
– Safia Al-Jabar, 1915

Hermione se réveille avant l'aube, alors que la nuit s'efface lentement, son corps enfin libéré des douleurs d'hier. Aujourd'hui, ils vont voyager, et elle est déterminée à mettre la main sur le journal de Safia et peut-être avancer sur quelques tâches du Ministère, d'autant plus qu'ils seront sur la route pendant des heures.

Elle profite de quelques instants sur son balcon pour respirer l'air frais du matin et écouter le chant des oiseaux dans la cour. Elle se délecte de la sérénité de l'aube, savourant la sensation exaltante d'être éveillée alors que les autres dorment encore.

Étendant ses bras au-dessus de sa tête, elle jette un bref coup d'œil vers la chambre de Malfoy. La porte du balcon est fermée et les lumières sont éteintes. Elle mordille sa lèvre, contemplant le calme qui émane de sa chambre plongée dans l'obscurité. Puis, une faible lumière vacille à travers les fentes des rideaux, et Hermione retourne dans sa chambre.

Sous la douche, elle réfléchit à la colère résiduelle qu'elle ressent après la conversation d'hier soir. Elle ne déteste pas Draco Malfoy, pas comme Harry et Ron qui nourrissent une rancune personnelle qu'ils n'ont jamais réussi à surmonter, malgré la condamnation de Malfoy et les années passées depuis la fin de la guerre. Harry et Ron ont toujours estimé que les procès du Magenmagot après la guerre étaient injustes, que les Mangemorts s'en étaient tirés trop facilement, malgré le Baiser infligé à la majorité d'entre eux.

Hermione elle-même a été en colère contre beaucoup de choses pendant la guerre, contre les choix qu'elle a dû faire en tant qu'enfant et les choses qui lui ont été arrachées de façon définitive. Mais elle n'a plus ni le temps ni l'énergie de se soucier de ce qui a mal tourné ou de l'équité des procès. Tout est limité dans sa vie, y compris les jours et les heures consacrés à des individus qui n'ont plus vraiment d'importance.

Pour sa propre paix d'esprit, elle doit croire que la loi était juste et que les victimes ont été favorisées. Elle ne peut tout simplement pas se permettre d'être en colère contre ceux qui ont été jugés pour leurs actes et ont subi les conséquences.

Y compris Malfoy.

Elle l'a haï autrefois ; un temps qui lui paraît à la fois hier et une éternité. Elle se souvient de la colère bouillonnante qu'elle ressentait en voyant Malfoy harceler Harry ou Ron. Elle comprenait alors que les affrontements que Malfoy provoquait étaient des manifestations de rivalité scolaire et de harcèlement juvénile, enracinés dans l'insécurité qu'il éprouvait face à Harry Potter et Ron Weasley.

Mais son attitude envers elle était incompréhensible – elle ne pouvait concevoir comment quelqu'un pouvait ressentir une telle haine envers elle simplement pour exister. Alors, elle lui a rendu sa haine avec une égale intensité, la laissant nourrir son mépris envers tous ceux qui suivaient Voldemort.

Jusqu'à cette nuit au manoir. Jusqu'à ce qu'elle aperçoive quelque chose, peut-être même imaginaire, mais qui a suffi à la pousser, après la guerre, à réévaluer la façon dont elle voyait celui qu'elle méprisait.

Non, elle ne hait plus Malfoy. Elle ne sait tout simplement pas qui il est aujourd'hui, ni quelles sont ses croyances depuis la fin de la guerre. Tout ce qu'elle sait de lui, ce sont les articles dans la Gazette et les potins peu fiables de ceux qui fréquentent ses soirées, profitent de ses boissons et divertissements gratuits, puis bavardent n'importe quoi le lendemain.