Chapitre 15.

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Le désert sait. Le désert se souvient. Et parmi les morts, pousse une rose des sables.
-Safia Al-Jabar, 1915

Hermione fixe Malfoy.

Sa tête est lourde à cause d'une gueule de bois qui menace de percer derrière ses yeux, mais ce n'est pas la raison pour laquelle elle ne parvient pas à comprendre ce qu'elle voit.

Il n'est pas censé dormir ici.

Amina a trouvé Hermione en haut de l'escalier alors qu'elle sortait à pas feutrés de la chambre de Malfoy, refermant délicatement la porte derrière elle. Cette image d'Amina aurait été choquante si Hermione n'avait pas été fascinée par le blanc éclatant des cheveux de Malfoy depuis l'endroit où elle se tenait sur les marches. Apparemment, Malfoy avait demandé à changer de place pour dormir pour la nuit. Juste pour être sûr, il lui avait dit la nuit dernière. De quoi, il ne s'était pas précisé.

La première lueur de l'aube filtre à travers les portes arrière, créant des rayons bleus qui se reflètent sur ses cheveux et forment des ombres le long de son corps. Elle s'est réveillée avec l'intention d'aller se baigner, espérant éloigner son mal de tête imminent, mais pour cela, elle doit arrêter de le fixer.

Il n'est pas censé dormir ici.

Hermione n'est pas sûre de pourquoi elle est si préoccupée par ce simple fait.
Mais c'est troublant de le voir sans défense, même si la manière dont son corps se tend avec une tension nerveuse donne l'impression qu'il est à deux doigts de se réveiller brusquement. Il semble défier toutes les lois de la gravité, son corps s'incurve sans effort sur le canapé qui est bien trop petit pour lui.

Sa poitrine se soulève et s'abaisse lentement avec chaque respiration qui peine à s'échapper de son corps. Et Hermione ne peut tout simplement pas détourner le regard.
Elle ne sait pas ce que c'est—ce qu'elle peut identifier qui l'empêche de bouger de là où elle se tient à présent, à côté du canapé sur lequel il dort. Ses yeux s'attardent sur son visage, prenant note de la légère ligne entre ses sourcils, de l'expression tendue de ses lèvres, de la douce chute de ses cheveux sur son front. Les muscles de ses joues tressautent légèrement, comme s'il flinchait à cause de quelque chose dans son sommeil, et c'est cruel, elle le sait, mais elle regarde ses yeux bouger rapidement derrière ses paupières closes, et elle ne peut s'empêcher de se sentir soulagée. Parce qu'Hermione n'a pas eu une nuit de sommeil reposante depuis des années et il semble que peut-être, Malfoy non plus, et qu'elle n'est pas seule là-dedans.

Elle n'est pas seule.

À contrecœur, ses yeux s'éloignent de son visage. Sa main gauche tient son journal contre le plan plat de son ventre avec une telle force qu'elle ne peut s'empêcher de se demander qui il pense qu'il va lui voler.

Elle met ses mains derrière son dos pour se retenir de le prendre.

Son bras droit pend hors du canapé, la manche de sa chemise blanche retroussée jusqu'à son avant-bras. Sa peau est si pâle, si translucide, comme les ailes d'une libellule. Elle espère qu'il a apporté de la crème solaire, car sa peau de porcelaine ne survivra pas au soleil du désert autrement. Elle peut deviner les veines vertes qui parcourent sa peau, traçant des routes et des vallées le long de son bras et jusqu'à sa paume, et Hermione s'approche de lui pour mieux les observer.

Elle ne devrait pas. Elle ne devrait vraiment pas le toucher, car bien qu'Amina lui ait parlé de l'insonorisation dans la pièce, Hermione sait qu'il n'y a aucune chance qu'il ne se réveille pas au moment où elle touche sa peau. Malfoy est trop agité, inconscient ou non, pour ne pas l'attaquer si elle le fait.

Alors, au lieu de cela, ses yeux suivent les cartes sous sa peau le long de son avant-bras et jusqu'à son poignet où la veine se divise dans ses mains. Elle est totalement fascinée par le petit grain de beauté niché dans le coin où son poignet se connecte avec l'articulation de son pouce.

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