Lynelle titubait, les pieds pesants sur le sol inégal de la forêt. Chaque pas était une lutte, son esprit embrouillé se heurtant à un vide inexplicable. Les arbres, immenses et sombres, se dressaient autour d'elle comme des sentinelles silencieuses, leur feuillage formant un plafond épais qui laissait filtrer de rares rayons de lumière. Les ombres dansaient et s'étiraient, rendant chaque mouvement incertain. Elle avait l'impression d'évoluer dans un monde hors du temps, un endroit où la logique n'avait plus sa place.
Les échos des bruits qui l'entouraient se mêlaient dans son esprit. Des cris lointains, des murmures indistincts, et un bruit strident, presque douloureux, résonnaient comme un refrain malheureux. Ce qu'elle entendait était familier, mais, à cet instant, cela n'avait aucun sens. Elle avait l'impression que ses sens l'abandonnaient, la laissant seule face à une angoisse sourde.
Elle s'arrêta un instant, le cœur battant dans sa poitrine. L'air était lourd, chargé de l'odeur des feuilles humides et de la terre, et le vent, lorsqu'il soufflait, chuchotait des mots incompréhensibles. Chaque souffle était une bataille pour se rappeler qui elle était, d'où elle venait, mais tout cela lui échappait, comme des grains de sable entre ses doigts.
Lynelle ferma les yeux, tentant de se concentrer, d'apaiser son esprit tourmenté. En prenant une profonde inspiration, elle se força à écouter. C'est alors qu'elle distingua des rires d'enfants, éclatants et joyeux, qui résonnaient comme une mélodie familière. Les sons chaleureux lui parvinrent, troublant la mélancolie qui l'enveloppait. En s'orientant vers cette lumière d'innocence, elle se mit à avancer, espérant trouver un répit dans la compagnie de ces enfants.
À mesure qu'elle s'approchait, la vue d'une plaine s'offrit à elle, une scène presque irréelle de bonheur et de liberté. Des enfants jouaient, courant et riant, se poursuivant au jeu du chat et de la souris. La beauté du paysage la frappa. Les champs dorés ondulaient sous le vent, les montagnes se dressaient fièrement à l'horizon, et un petit village paisible se profilait au loin, baigné de lumière. Cela semblait être un tableau vivant, mais une inquiétude sourde persistait dans son cœur.
Soudain, le sentiment de danger fit surface, comme une vague froide balayée par le vent. Ses sens, encore douloureux, l'alertèrent d'un changement dans l'atmosphère. Elle scruta les alentours, une tension grandissante dans son ventre. C'est alors qu'elle aperçut, à travers les hautes herbes, une masse noire se mouvant lentement vers les enfants. Un frisson parcourut son échine.
Lynelle se figea, le regard rivé sur la silhouette qui se rapprochait. Le cœur battant, elle réalisa que le danger était imminent. Le loup, un monstre d'une taille imposante, avançait furtivement, ses yeux brillant d'une lueur terrifiante. Tétanisée par la peur, elle observa la bête, se demandant si elle avait le courage d'agir.
Elle se ressaisit, une instinctive détermination naissant en elle. Saisissant une grosse branche à proximité, elle s'élança dans la direction des enfants, essayant de crier de toutes ses forces pour les avertir. Mais, à sa grande horreur, aucun son ne sortit de sa bouche. Peut-être que son amnésie lui avait volé sa voix.
Malgré cette impasse, elle courut aussi vite qu'elle le pouvait. Les enfants, trop absorbés par leur jeu pour réaliser le danger, ne virent la bête que lorsqu'il était presque trop tard. La terreur s'empara d'eux, et ils se mirent à fuir en hurlant. Mais une petite fille, figée par la peur, trébucha et tomba, laissée seule par ses camarades.
Le loup, avide de sa proie, s'élança alors vers elle.
Chaque seconde comptait. Elle se précipita vers la petite fille, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Le loup, avec sa course rapide et menaçante, se rapprochait de l'enfant, qui était immobilisée par la terreur.
Lynelle n'hésita pas, avec une force insoupçonnée, elle se jeta entre la bête et la fillette, brandissant la branche comme un bouclier. Le loup, surpris par cette intervention inattendue, stoppa net son avancée, ses yeux perçants fixant Lynelle avec une intensité redoutable.
Lynelle sentit un frisson parcourir son échine alors que le loup grognait, marchant lentement autour d'elles. La tension était palpable, l'air chargé d'une menace sourde. Elle se tenait ferme, déterminée à protéger l'enfant, même si chaque fibre de son être était emplie de peur. Le regard du loup était glacial, et la chaleur émanant de Lynelle, inexplicable et intense, semblait troubler la créature.
Les muscles tendus, Lynelle pouvait sentir une douleur oculaire qui s'intensifiait, comme si ses yeux eux-mêmes réagissaient à la situation. Une chaleur montait en elle, mélange de peur et d'adrénaline, mais aussi de quelque chose d'inconnu, un potentiel caché qui menaçait d'éclater.
Le loup, sentant cette force qui émanait d'elle, recula légèrement, comme s'il doutait. Lynelle prit cela comme une opportunité. Elle leva la branche au-dessus de sa tête, hurlant de toutes ses forces, espérant que son cri porterait vers le village.
Mais la bête ne bougeait pas, se contentant de tourner autour d'elles, cherchant un angle d'attaque. Lynelle se mit à réfléchir à un moyen de faire fuir la créature. Elle savait qu'elle devait agir rapidement. Le cœur battant, elle brandit la branche avec force et détermination, décidée à montrer qu'elle ne céderait pas.
Tout en se tenant prête, elle remarqua la petite fille derrière elle, encore figée par la peur. Lynelle lui lança un regard rassurant, essayant de lui communiquer qu'elle était là pour la protéger. En voyant le loup se rapprocher, un instinct de survie primitif s'éveilla en elle.
Dans un dernier effort, Lynelle hurla à nouveau, agitant la branche avec force. La créature, peut-être troublée par la fougue et l'énergie qui émanait de Lynelle, recula lentement, ses grognements devenant plus sourds. Elle se tenait là, tremblante mais résolue, prête à défendre la fillette jusqu'à son dernier souffle.
Finalement, le loup, après une longue hésitation, fit demi-tour et s'enfuit dans les hautes herbes, disparaissant lentement dans l'ombre de la forêt. Lynelle, soulagée, laissa échapper un soupir.
Se retournant vers la petite fille, elle la vit, les larmes aux yeux, mais en vie. Avant même qu'elle puisse s'approcher, la fillette l'enlaça avec force, la serrant contre elle comme si Lynelle était sa mère. "Merci... merci," murmura-t-elle entre deux sanglots, sa voix brisée par l'angoisse.
Lynelle, émue, caressa doucement les cheveux de l'enfant, la chaleur de leur étreinte lui apportant un réconfort inattendu. Mais alors que la tension s'estompa, Lynelle sentit une vague de fatigue l'envahir. Les forces la quittaient lentement, et la douleur qui pulsât dans son œil se faisait de plus en plus pressante.
D'un coup, elle se sentit défaillir, le monde autour d'elle se brouillant. Les couleurs se mêlaient, et la douceur des pleurs de l'enfant s'évanouit lentement alors qu'elle perdait connaissance, tombant au sol, raidie.

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Une Vie en Quête de Mémoire
FantasyLynelle se réveille dans un monde étrangement familier, mais privé de tout souvenir de son passé. Au cœur d'une ville aux allures familières mais teintée d'une étrangeté subtile, elle entreprend une quête de vérité, guidée par des fragments d'images...