XXV. Levi

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Je crois qu'on est repéré

Je soupire de bien-être lorsqu'enfin, je retrouve la douceur d'Atlas. C'est étrange comme quelque chose auquel j'ai à peine goûté me manquait plus que tout. La violoniste s'écarte légèrement et colle son front contre le mien afin que nous puissions reprendre notre souffle. Je finis par sortir de la voiture et la tirer de l'autre côté du véhicule afin que les personnes à la fenêtre donnant sur la rue ne puissent pas nous voir. Je sais que l'une d'entre elles est celle de la musicienne, mais j'ignore à qui appartiennent les autres et je n'ai pas envie que Astéria ou ses parents ne débarquent. Je m'appuie donc contre la portière passager et attire la rouquine entre mes bras. Elle enroule les siens autour de ma nuque avec un petit sourire en coin. Mes doigts caressent ses mèches asymétriques et sans doute coupées à la main, avant de se poser sur sa nuque.

Nous ne disons rien, nous n'en avons pas besoin puisque seule la présence de l'autre suffit à apaiser les démons qui rôdent autour de nous. J'ai bien senti le goût de la bière sur ses lèvres, mais je ne fais aucune remarque. Elle n'a pas l'air bourrée et puis, si boire un coup lui permet de relâcher la pression, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ça. Toutefois, je compte bien veiller à ce que ça ne devienne pas une habitude.

Son visage vient se nicher dans mon cou et je souris lorsque je sens son petit nez froid chatouiller ma peau.

— Tu n'imagines pas le nombre de fois que j'ai imaginé ce moment, chuchoté-je en massant son cuir chevelu.

Elle relève la tête, les sourcils froncés tandis que mes pouces caressent ses pommettes.

— Ça va peut-être te paraître complètement dingue, mais... je n'ai jamais aimé Astéria. Je l'appréciais, mais elle n'était pas toi, avoué-je en passant la pulpe de mon doigt sur ses lèvres. J'ai l'air d'un connard, dit comme ça, mais si je suis sortie avec elle, c'était pour me rapprocher de toi en quelque sorte. Tu avais toujours le nez plongé dans un nouveau livre ou des écouteurs dans les oreilles. Tu n'avais pas l'air de voir le monde comme nous, nous le voyons et ça m'a toujours fasciné. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai menti à mes potes et à ta sœur en leur disant que j'allais réviser à la bibliothèque alors que j'allais t'écouter jouer.

Elle ouvre la bouche, surprise par mon dernier aveu, mais aucun mot ne sort et je ne lui en veut pas.

— Je...

Sa main se pose sur ma joue, interrompant ce que je m'apprêtais à dire et la chaleur de sa paume me fait frissonner. Sa bouche touche doucement la mienne et j'insère ma langue entre ses lèvres entrouvertes. Nous nous bécotons pendant ce qui me semble durer des heures, toutefois, nous sommes obligés de nous séparer lorsque les premières lueurs du jour commencent à apparaître.

L'un de ses voisins sort de sa maison avec son chien en laisse et nous observe bizarrement, ce qui nous fait sourire. Il grommelle quelque chose à propos de la nouvelle génération, mais je ne comprends pas tout alors qu'il s'éloigne.

— Tu devrais peut-être rentrer, dis-je alors que c'est la dernière chose que je veux.

La violoniste semble le comprendre puisqu'elle s'appuie encore plus contre moi et niche son visage contre mon cou. Je dépose un baiser sur sa tempe et resserre mon étreinte autour de son corps, mais malheureusement, notre bulle éclate lorsque j'entends une porte claquée depuis l'autre côté de la rue. Je tourne la tête afin de regarder par la vitre et remarque qu'il s'agit de Dorothea qui s'avance vers nous.

— Je crois qu'on est repéré, déclaré-je avec un sourire en coin lorsque la tante traverse la route.

Toutefois, ça n'a pas l'air de déranger le moins du monde la musicienne, puisqu'elle ne prend même pas la peine de s'éloigner quand la sexagénaire arrive à notre niveau.

Let's Play a GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant