Elira -Cœur en Cavale

Chapitre 8

                                      Elira
Aujourd'hui, j'ai enfin été assignée aux travaux d'intérêt, une "chance" que peu de détenues ici considèrent comme une véritable opportunité. Depuis que je suis arrivée dans cette prison, j'ai vu pas mal de filles s'activer autour de la cuisine, d'autres au nettoyage, quelques-unes dans l'atelier. Moi, je n'avais jamais été appelée avant aujourd'hui.

On m'a donné un uniforme plus usé encore que celui que je porte chaque jour. La tâche du jour est de nettoyer la cour, un espace ouvert où certaines passent leurs heures d'exercice à rêver d'un ailleurs que nous ne verrons probablement jamais. Aujourd'hui, cette cour est mon terrain de travail, et j'y suis accompagnée par trois autres détenues : Marta, Amira et Justine. Justine est une femme à l'allure discrète, presque effacée, avec un visage anguleux et pâle qui témoigne de nombreuses nuits sans sommeil. Ses cheveux, d'un brun sombre presque noir, sont coupés court, comme si elle cherchait à se débarrasser de tout ce qui pourrait la retenir. Elle a des yeux sombres et profonds, souvent baissés, avec un regard fatigué, presque vide. Sa silhouette est mince, mais ses gestes sont vifs et mesurés, comme si chaque mouvement était calculé pour éviter de perdre de l'énergie.

Amira, elle, a une présence plus imposante. De taille moyenne, elle est musclée, avec des épaules larges qui montrent qu'elle a dû faire face à beaucoup de choses dans sa vie. Sa peau est cuivrée, et ses cheveux sont attachés en une tresse longue et serrée qui tombe dans son dos. Amira a des yeux noisette, perçants, qui semblent toujours observer, toujours sur ses gardes. Elle parle peu, mais sa stature et son expression déterminée suffisent à imposer le respect.

Marta est tout le contraire de Justine et Amira, avec une apparence qui semble rayonner d'énergie. Elle est un peu plus petite que les autres, mais elle compense largement par son charisme. Marta a des cheveux bouclés et châtains clairs qui tombent en mèches folles autour de son visage, et des taches de rousseur qui parsèment ses joues, lui donnant un air plus jeune. Ses yeux sont d'un vert pétillant, presque malicieux, et elle a un sourire en coin qu'elle affiche souvent, comme si elle trouvait un côté amusant à tout ce qui l'entoure. Malgré son air léger, on peut sentir en elle une force discrète, celle de quelqu'un qui s'est forgé une armure de rires pour traverser les épreuves.

On se connaît de vue, mais aucune de nous n'a vraiment eu l'occasion de se parler avant. Peut-être que ça ne me ferait pas de mal d'apprendre à les connaître, même si j'avoue que l'idée de me lier ici me met mal à l'aise.

Alors qu'on se partage les tâches, j'observe les autres. Amira semble concentrée sur chaque mouvement de son balai, comme si ce bout de cour était un espace précieux à polir. Marta, de son côté, prend tout à la légère, lançant des blagues et des sarcasmes. Justine est silencieuse, absorbée dans ses pensées. Elle a l'air d'avoir vu des choses bien plus sombres que nous toutes réunies.

De l'autre côté, on aperçoit les cuisines. On entend le tintement des casseroles, les rires parfois nerveux de celles qui y travaillent. C'est là qu'on prépare les repas pour toutes et pour le personnel. Je me demande si certaines d'entre elles ressentent cette tâche comme une responsabilité, une façon de contribuer. Personnellement, je n'ai jamais vraiment cuisiné avant... Peut-être que c'est mieux ainsi.

Alors que je m'égare dans mes pensées, Marta me tape sur l'épaule, me tirant de ma rêverie :
-Eh, Elira, tu rêves déjà d'évasion ou quoi ? T'en fais pas, t'auras le temps pour ça plus tard.

Je souris faiblement, avant de me remettre au travail. Au fond, je ne sais même pas ce que je ressens ici. Une sorte de routine qui se tisse, comme si chaque tâche que l'on m'impose était un fil de plus dans la toile de ma détention. Je n'ai plus de contrôle, mais au moins, pendant quelques heures, je ne suis pas seule dans mes pensées.