18 - trou blanc

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Alter ego du trou noir, le trou blanc ne laisse rien entrer et ejecte en continue de la matière.

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(?), pitié, dis moi que je t'ai pas perdue, plaida une voix hors de mon champ de vision.

L'identité de mon interlocuteur mystérieux fut vite révélée quand une rousse au regard exaspéré se laissa couler dans une chaise qu'elle venait de tirer. Lilith s'avachit sur mon bureau sans une pensée pour les feuilles qu'elle envoya valser à l'autre bout.

À contrecoeur, je décollai mon regard du point sur le mur que je fixais intensément depuis les dernières minutes.

Je sais pas quoi te dire Lilith, je suis paumée, je soupirai en sortant mon déjeuner.

Dorénavant, il faisait tellement froid que les profs nous avaient autorisé à manger dans la classe pour ne pas avoir à braver les températures hivernales. Depuis hier, ces dernières avaient chutées en pic si bien que même si j'avais voulu, je n'avais pas pu utiliser le jour de repos pour sortir un peu de chez moi.

Encore une preuve que t'aurais dû sortir hier. Lilith se contenta de hausser les épaules avec une désinvolture qui ne lui appartenait qu'à elle. Je te promets, ça change les idées et dans ton cas ça n'aurait pas été de refus...

Malgré les supplications de Lilith je n'avais, en effet, pas quitté ma chambre à part pour manger. La quantité de travail que j'avais fournie n'étais pas pour autant aussi importante que j'aurais voulu. En effet, j'avais passé la journée à tergiverser autour de la même personne ; personne aux yeux ambrés que je ne pouvais faire sortir de ma tête.

Tenter de se concentrer sur une leçon avait été un véritable enfer, surtout que tous les messages que j'avais envoyés à Oikawa étaient restés suspendus dans le vide jusqu'à la fin de soirée. Il s'entraînait beaucoup, je le savais aussi je ne pouvais pas lui faire porter le chapeau de mes divagations... ou peut-être que si.

Je m'arrachais à ma réflexion alors qu'une bourrasque particulièrement vicieuse fit trembler les fenêtres si fort que je pus presque ressentir le froid au travers du verre. Comme il y a cinq minutes, mon déjeuner n'attendait que moi vu que Lilith avait lâché toute espérance.

Il faisait froid et dans moins deux semaines je suis en examen d'entrée...

J'eus droit à un hochement de tête évasif, Lilith était déjà sûre d'avoir raison et rien de pouvait la faire changer d'avis. Son attention entière se concentrait sur son déjeuner, m'incitant à faire de même.

Durant quelques minutes, aucun mot ne fut échangé ; c'était comme si chacune de nous tentait de faire parler l'autre. Au bout d'un certain temps, je cédai mais sélectionnai le sujet de conversation avec précaution.

Tu rentres quand en Angleterre ? je demandai sans introduction.

Vers le milieu de l'été, elle avala tout rond une bouchée beaucoup trop grosse. Mon père doit encore marchander avec le boss local pour qu'il le libère.

Tu sais déjà vers quelle université tu vas te tourner ?

Ma question sembla la préoccuper :

Je sais pas encore, la seule chose que je veux c'est rentrer chez moi. Elle balaya la classe du regard, cette classe va me manquer par contre.

Une pointe d'ironie perça dans ses paroles quoique je n'y prêtai pas attention, me contentant d'un hochement de tête lascif.

Cache ta joie surtout ! elle fulminait littéralement, les sourcils froncés aux points de se faire des rides.

𝐇𝐈𝐆𝐇 𝐀𝐂𝐇𝐈𝐄𝐕𝐄𝐑𝐒 | 𝘵. 𝘰𝘪𝘬𝘢𝘸𝘢 𝘹 𝘳𝘦𝘢𝘥𝘦𝘳Où les histoires vivent. Découvrez maintenant