7 - vénus

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Vénus, planète de l'amour, détruite par sa propre chaleur.

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(?) réveillez vous, nous ne sommes pas à l'hôtel ici.

La bouche pâteuse, j'ouvris les yeux et tombai nez-à-nez avec mon prof de japonais, me fixant par-dessus ses immondes lunettes oranges à double-foyer. Une veine commençait déjà à pulser sur sa tempe alors qu'il suait à grosses gouttes juste devant moi.

Cette vue horrible me fit l'effet d'un saut d'eau froide et je me redressai bien droite sur ma chaise, frottant la joue sur laquelle je m'étais endormie.

J'avais passé la soirée précédente à bosser des maths jusqu'à pas d'heure et j'en pâtissais maintenant de mes terribles choix de priorités. Surtout lorsque je m'étais rendue compte quel jour nous étions.

Jeudi, ou le pire jour de la semaine. Non seulement mes jeudis étaient d'une longueur effrayante ils étaient aussi plein à craquer de matières que je détestai. Le japonais était l'une d'elle en grande partie à cause de l'être dégoûtant qui se tenait devant le tableau.

M. Adashi était rapidement devenu mon pire cauchemar en cours et pas uniquement par la matière qu'il enseignait. Rien en lui inspirait la confiance ou même la gentillesse : il était grand, maigre comme il n'était pas permis et surtout tout le temps en train de transpirer à gouttes peu importe la saison si bien que ses lunettes glissaient constamment le long de son long nez bourbonien.

Après m'avoir réveillée, M. Adashi rejoint le tableau en grandes enjambées et continua son cours :

Dans la déchéance d'un Homme, on remarque notamment que malgré l'accent que met Yozo sur sa capacité à se cacher au monde, il est toujours attiré par des formes d'art qui lui permettent d'exprimer sa nature. Au fil de l'œuvre, l'art devient une sorte de porte de sortie ou de déversoir pour ce qu'il garde pour lui.

Je regardai la feuille sur mon bureau puis le tableau et soupirai, j'avais au moins 15 lignes à rattraper et le tout en moins de 5 minutes. J'avais pris la mauvaise habitude de prendre le cours de japonais pour une séance de sieste mais depuis que nous avions commencé à étudier la Déchéance d'un Homme, les cours s'étaient remarquablement accélérés et je peinais à suivre le rythme si je m'endormais.

En me jurant qu'on ne m'y reprendrai pas, je commençai à gratter le papier sans prêter attention à la qualité de mon écriture. Pour notre dernier examen de notre scolarité, une partie consistai en l'analyse d'un livre vu en cours et mon dévolu était donc tombé sur l'œuvre phare de Dazai. Cependant, depuis que nous avions commencé à étudier le livre, je divaguais et ce de plus en plus.

Depuis que j'avais quitté le parvis du fameux centre communautaire, je n'avais cessé de me torturer l'esprit sur la réaction d'Oikawa. Plus j'y pensais, plus je me remettais en question me disant que je faisais une fixation sur un détail inutile.

En quelques minutes, je terminai le paragraphe d'analyse et fermai mon cahier en voyant l'heure. Dans une poignée de secondes, la cloche allait sonner et j'allais enfin pouvoir remplir mon ventre qui ne faisait que gronder depuis mon réveil.

Il y avait de grandes chances que je mange seule, ce qui ne me dérangeais pas ; j'irai sûrement trouver la table que j'occupai chaque jour dans un recoin de la cour. Dans mon sac, mon bento improvisé m'attendait, préparé avec des restes de repas.

M. Adashi posa enfin sa craie sur son bureau et comme pour lui répondre, la cloche retentit, sonnant ma libération. Sans tergiverser, je rangeai ma chaise et suivis la vague d'élèves hors de la classe puis vers la cour. En passant le coin caractéristique vers mon banc je jurai intérieurement : pile à ma place se trouvaient deux autres terminales que je devais vaguement connaître.

𝐇𝐈𝐆𝐇 𝐀𝐂𝐇𝐈𝐄𝐕𝐄𝐑𝐒 | 𝘵. 𝘰𝘪𝘬𝘢𝘸𝘢 𝘹 𝘳𝘦𝘢𝘥𝘦𝘳Où les histoires vivent. Découvrez maintenant