𝐇𝐈𝐆𝐇 𝐀𝐂𝐇𝐈𝐄𝐕𝐄𝐑𝐒 | 𝘵. 𝘰𝘪𝘬𝘢𝘸𝘢 𝘹 𝘳𝘦𝘢𝘥𝘦𝘳

17 - lune

"La lune n'est-elle pas magnifique", une demi confession entre deux amants, au couvert de la nuit.

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Au plus nous marchions, au plus la foule se dispersait à mesure que nous nous éloignions du centre des illuminations. J'avais l'impression de marcher à contre sens si bien que je me contentais de suivre Oikawa sans poser de questions, notre barquette de takoyaki en main. À mesure que notre duo s'éloignait des rues principales, les lumières se faisaient de plus en plus discrètes jusqu'à ce que finalement, après la traversée d'un pont, plus aucune guirlande n'illumine notre chemin.

— On est bientôt arrivés, me rassura le grand brun comme s'il avait senti mon doute.

Après le pont, il m'entraîna dans quelques ruelles parallèles à la rivière avant qu'enfin il ne marque un arrêt devant l'entrée de ce qui ressemblait à un parc. Ce dernier était à moitié caché par une haie mal taillée mais il suffisait de passer un petit portail rouillé pour y entrer.

En soi, le parc n'était pas remarquablement beau mais la vue que j'avais depuis le bout de celui-ci était magnifique. De l'autre côté de la rivière, l'avenue illuminée se déroulait à perte de vue et je retrouvai quelques endroits par lesquels nous étions passés.

— C'est beau hein...

Je sursautai et me rappelai de la présence d'Oikawa derrière moi. Lui aussi était absorbé par la contemplation du paysage devant nous au point que sa phrase resta suspendue entre lui et moi alors que je le regardai. Alors qu'il se concentrait sur les reflets des lumières dans l'eau de la rivière, mes yeux se perdaient dans les siens sans qu'il n'y fasse attention.

Le charme fut brisé quand ma main glissa de la barquette si bien que mon pouce se retrouva maculé de sauce. En m'essuyant, je vis le volleyeur me faire signe de m'asseoir à ses côtés dans une grande balançoire en forme de panier qui avait vue plongeante sur l'autre rive.

Il n'était pas nécessairement tard mais il semblait que ce coin de la ville s'éteignait plus tôt que les autres : la route dans notre dos restait vide et les trottoirs n'étaient foulés que par quelques personnes promenant leur chien ; nous étions seuls.

— Bon appétit !! pépia Oikawa en piquant un takoyaki avec avidité.

Je répétais ses mots dans un demi chuchotement puis ne me retins plus avant d'engloutir une des boulettes de poulpe. Ces dernières étaient délicieuses même si elles avaient quelque peu refroidi pendant le trajet mais je réussis à combler ma faim après en avoir mangé la moitié.

Heureusement pour moi, Oikawa ne fit pas de remarques sur la quantité ; je n'avais aucunement envie de lui raconter mon échange avec la vieille cuisinière.

— Alors qu'est-ce que tu penses de Sendai ? déglutis Oikawa.

Pensive, mon regard se porta d'abord sur l'avenue illuminée puis la barquette maintenant vide avant de se reposer sur le visage paisible d'Oikawa.

— J'étais déjà venue mais jamais pour voir cette partie de la ville. Surtout de cet angle, j'expliquai en balayant le parc du regard.

— Peu de gens connaissent ce parc, il est plutôt en mauvais état, m'expliqua le lycéen alors qui nettoyait ses lunettes. J'y viens souvent quand je veux être seul.

— Ça t'arrives souvent ? je lâchai sans détour. Je veux dire, de vouloir que les gens te laissent seul...

Entre la manière dont il m'avait pratiquement agressée lors de notre première rencontre et celle dont les filles de mon lycée parlaient de lui, j'en avais déduit il y a bien longtemps que le monde entier devait lui porter de l'attention. Peut-être même trop.