Chapitre 5 : La Cérémonie de la Réunion 2/3

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Au premier tournant, ils croisèrent un Centaure à la robe alezan. Il leur offrit un salut solennel, tendant en avant une de ses pattes robustes et pliant son torse nu, musclé et poilu. Sa longue crinière blonde se déversa sur ses épaules robustes. Eloane répondit par une courbette maladroite, faute de connaître les formalités liées à cette espèce. Étonnée par l’absence du moindre bruit de clopinement à son approche, elle scruta ses sabots noirs et luisants. Des genres de coussinets y étaient accrochés, les empêchant de claquer ou glisser sur le sol poli. Sans rien dire, il les sonda de son regard profond et énigmatique, avant de continuer son chemin.

Traversant une des galeries en verre qui reliaient les deux plus gros bâtiments du complexe, ils furent émerveillés. Une véritable forêt-jardin se trouvait là, poumon vert et garde-manger de l’endroit. Des Gardiens s’activait dans la végétation, emplissant des paniers d’osier de leurs récoltes.

Beaucoup de têtes se tournèrent sur leur passage, plusieurs les interpellèrent et les saluèrent avec déférence.

— Je me demande pourquoi ce Conseiller nous a appelés « les Six » cette nuit, dit Addie. Ça s’est vite répandu.

— Peut-être parce qu’on est six ? tenta Eloane dans un demi-sourire.

— Je ne sais pas, c’est surtout la façon dont il l’a dit qui m’a paru bizarre.

— Je parie qu’il comptait ajouter quelque chose avant que Liorah l’en empêche, confirma Feng.

— On nous cache des choses, dit Keegan, pas de doutes là-dessus.

— On devrait peut-être leur faire confiance.

Morgane acquiesça aux dires d’Aimé :

— Oui, ce sont nos familles, après tout. Ils doivent certainement prendre la décision qu’ils pensent être la meilleure. Liorah nous a précisé que les informations nous seraient distillées au compte-goutte pour ne pas trop nous perturber.

— Je crois que c’est un peu trop tard pour ça, grogna Feng.

Addie se gratta la tête, penaude :

— Je suis d’accord avec Morgane et Aimé. Et franchement, je trouve qu’on a déjà bien assez à gérer.

Cette réflexion plongea tout le groupe dans un mutisme torturé.

Parvenus au Grand Hall, ils furent carrément estomaqués. Liorah les ayant fait passer par l’extérieur jusqu’à l’Aile de Guérison quelques heures plus tôt, c’était la première fois qu’ils le découvrait. Il faisait toute la largeur de l’édifice. Il portait mal son nom : il n'était pas grand, mais gargantuesque.

La lumière naturelle y pénétrait par l’immense fenêtre offrant sur la forêt nourricière, ainsi que par les vitraux situés au-dessus de la majestueuse porte d’Or, coulée dans le métal qui la nommé et protégeant l’entrée du château. Les rayons transperçant les vitraux éclaboussaient le marbre blanc veiné de doré, déversant dans le vaste vestibule des cascades multicolores qui conféraient à l’espace une aura féerique. Un brouhaha régnait, remplissant l’atmosphère d’une excitation palpable.

Trônait au milieu du Grand Hall, semblant sculpté à même un tronc monumental, un double escalier en colimaçon. Il culminait à cinquante mètres, atteignant le plafond. De sa structure, des passerelles s’ouvraient en arborescence à tous les étages, donnant l’impression qu’il était toujours vivant. Ses rambardes en bois étaient façonnées de créatures et d’animaux d’un réalisme impressionnant. C’était une véritable œuvre d’art. En son centre, un ascenseur en verre laissait voir le personnel du château se rendre dans les niveaux avec leurs chariots d’entretien.

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