1er juillet 2033 - PARTIE 2

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Autour de Jordan et Gabriel, plus rien ne comptait.

Plus rien n'avait d'importance, hormis Léa et Matteo.

Le temps semblait suspendu.

Gabriel enfouit son nez dans la chevelure de la petite fille et prit une grande inspiration. Il s'imprégna de son odeur d'enfant ; son enfant. Il ferma les yeux, submergé par l'Amour, un Amour sans condition. Juste une rencontre, celle d'un père et de sa fille ; et s'il n'avait pas pû vivre la naissance de son enfant, il assistait aujourd'hui à la sienne : sa propre naissance en tant que père.

Il enroula en tremblant ses bras autour du corps de Léa, qui sans un mot, s'abandonna à l'étreinte, ses petites mains se resserrant encore d'avantage autour du cou du l'homme.

Une larme roula sur la joue de Gabriel, et vint s'échouer sur l'épaule de l'enfant.

-"Tu pleures?", lui demanda-t'elle, en levant un regard inquiet dans sa direction.

Gabriel sourit.

-"Oui, je pleure. Je pleure de bonheur."

Une main se posa alors sur son épaule, et Gabriel tourna la tête. Il essuya ses yeux du revers de la manche et regarda Jordan, qui lui souriait.

Gabriel se releva, la main de Léa agrippée à la sienne.

-"Bonjour, Léa", dit Jordan en s'adressant à l'enfant, les yeux brillants.

-"Bonzour", répondit la petite.

-"Je suis ton papa"

-"Bonzour, papa"

Jordan eut un rire remplit de larmes, l'émotion était si forte qu'il riait et pleurait en même temps. Léa était si petite, si jolie, ses grands yeux verts remplis de questions ; son attitude reflétant à la fois un besoin immense d'aimer et d'être aimée, mais aussi de la peur et de l'inquiétude.

-"Je t'aime très fort, Léa"

Ces paroles quittèrent naturellement les lèvres de Jordan, sans qu'il n'en ait réellement conscience, et elles vinrent se nicher immédiatement dans le coeur de la petite, qui lâcha alors la main de Gabriel pour venir s'accrocher à la jambe de l'homme.

Alors Gabriel s'approcha de son époux et tendit les bras vers lui. Jordan déposa contre lui Matteo, qui regardait partout.

Gabriel rencontra alors son fils, sur le front duquel il déposa un baiser. L'enfant paraissait si fragile que l'homme s'en trouva presque intimidé, maladroit. Matteo dans les bras, il recula de deux pas et se laissa tomber sur la chaise. Il plongea son regard dans celui du petit, puis détailla chaque centimètre de son visage : il observa ses joues roses et rebondies, ses petits yeux gris, son nez rond, et le grain de sa peau, si lisse et si doux qu'il le sentit à peine lorsqu'il glissa son pouce sur sa pommette.

On dirait du nuage, pensa t'il.

L'Amour qui avait pris racine en lui grandit encore d'avantage en cet instant. Gabriel assista à cette expansion avec étonnement, comme s'il ne savait pas lui même qu'il pouvait aimer autant.

A son tour, Jordan s'était accroupi.

-"J'ai deux papas?", demanda Léa.

-"Oui",  répondit Jordan.
"Tu as deux papas, et nous t'aimons déjà très fort"

Avec toute la naïveté de l'enfance, Léa murmura simplement :

-"D'accord", et, comme elle l'avait fait avec Gabriel, elle accrocha ses petits bras au cou de Jordan et déposa un baiser mouillé sur sa joue.

La femme qui avait accompagné les enfants intervint.

-"Léa a beaucoup d'amour à donner", dit-elle d'une voix douce.

Jordan eut envie de la serrer encore plus fort, de la serrer à la mesure de ce qu'il comprit de son histoire ; de cet Amour qui lui avait tant fait défaut. Il ne demandait plus qu'à le lui donner enfin, cet Amour ; au centuple, pour compenser tout ce dont elle avait pû manquer dans sa courte vie.

*

Jordan jouait avec Léa lorsque Matteo commença à s'agiter, dans les bras de Gabriel.

-"Il a faim", dit l'homme.

-"C'est l'heure de son repas ", ajouta la femme.

Et elle prépara sous les yeux attentifs de Gabriel un biberon qu'elle lui tendit.

-"Voulez-vous lui donner ?"

Malgré sa réserve, il l'attrapa et, son regard plongé dans celui de l'enfant, il approcha la tétine de ses lèvres.

Jordan et Léa s'étaient arrêté.

-"Papa donne le biberon à Matteo", dit la petite, intriguée.

-"Oui, ma puce", répondit Jordan.

Il s'installa sur la chaise à côté de Gabriel et Matteo, et prit Léa sur ses genoux, l'entourant de ses grands bras.

Ils contemplèrent silencieusement ce spectacle. Gabriel était si absorbé par sa tâche qu'il ne remarqua pas tout de suite ces regards aimants braqués sur lui. Il nourrit son fils, qui avala goulûment l'intégralité de son lait, s'abandonnant avec confiance aux bras de son père, entouré d'amour et de tendresse.

-"Il avait faim !", dit la petite.

-"Oui, très faim. Il est gourmand, ton petit frère", murmura Gabriel en relevant la tête et découvrant ces deux paires d'yeux qui l'observaient.

*

Le moment de se dire aurevoir arriva.

-"Pourquoi mes papas doivent s'en aller ?", demanda Léa. Ses petits yeux brillaient d'inquiétude, et cette lueur fut un déchirement pour les deux hommes, qui virent en elle le reflet de son vécu.

-"Nous reviendrons demain, et tous les jours d'après. Et très bientôt, Matteo et toi viendrez dans notre maison et nous vivrons ensemble, en famille.", lui dit Gabriel en la prenant dans ses bras. Il essuya de sa manche les petites larmes qui roulaient sur ses joues.

-"D'accord", dit l'enfant en serrant le cou de l'homme.

-"Je suis désolée, c'est tout pour aujourd'hui. Demain, vous pourrez rester plus longtemps", annonça la femme, avant de saluer les deux hommes et de disparaitre avec les enfants au détour d'un couloir.

Léa marchait en regardant derrière elle, et ne quittait pas des yeux Jordan et Gabriel, qui la regardèrent s'éloigner en agitant leur main, refusant de lui montrer leur propre déchirement, afin de ne pas l'inquiéter d'avantage.

-"A demain !", lui dirent-ils au moment où elle disparut.

Puis, ils se laissèrent tomber un instant sur les chaises et les doigts de Jordan vinrent se glisser dans ceux de son mari.

Ils restèrent silencieux un long moment, encore plongé dans leurs émotions, dans leur Amour ; l'Amour qu'ils se portaient l'un à l'autre et qui venait d'exploser en un Amour encore plus grand, plus viscéral, plus inconditionnel ; les emportant ensemble dans un tourbillon vertigineux.

Une nouvelle étape de leur vie venait de commencer.

A suivre....

[Bardella et Attal] Une vie d'interdits (🔞🍋) - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant