"Take a Decision"

Chapitre XII

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Si Alastor avait prévu de s'envoyer sous les canines du sang chaud et de la viande crue, Lucifer optait pour les magasins et boutiques qui longeaient l'avenue principale. La rue était tendrement habitée par plusieurs pécheurs qui discutaient avec entrain, rien à voir à l'autre City Pentagram où les rues baignaient de boyaux et de crasses. C'était un endroit relaxant que l'Infernal prenait avec passion ; il s'était dirigé vers une boutique coquette, tandis qu'il explorait maintenant les tréfonds. Son regard se reporta sur des vêtements, des objets en tous genres mais également le petit recoin du magasin à droite où séjournait une adorable armoire en bois de chaîne tandis que plusieurs livres avaient été posé dessus. Le Roi s'y intéressa de plus près, allant droit devant lui avant d'un récupérer un et de feuilleter les pages du bouquin. La couverture était soignée, le design frais et la quatrième couverture, là où le synopsis était écrit semblait tout à fait à son goût. 

Il le mis contre sa poitrine, attrapa les quelques autres affaires qui l'avait tapé à l'œil, paya et sortit, tout content de lui avant de ne se rediriger vers d'autres bazars, son intérêt pour des objets diverses le submergeant. Il fût compulsif, dépensant par centaine son argent qui coulait à flot de ses poches tandis que ses mains se retrouvèrent très vite encombrées d'une tonne de bêtises. Lucifer adorait acheter des objets et les conserver dans la chambre de son chateau, l'endroit où il avait passé le clair de son temps durant près de huit années, accumulant une infinité de babioles qui avaient au fur et à mesure du temps, transformés sa chambre en caverne à l'effigie d'Ali Baba, tant la place n'était plus que suppliée alors que la pièce tentait encore aujourd'hui de recracher la montagne de choses qu'elle possédait. Lucifer semblait dans un besoin primaire de remplir sa chambre, comme si combler la pièce dans laquelle il s'était enfermé pendant près de dix ans aiderait à refermer la plaie qui lancerait son cœur immortel. Il n'était quasiment plus en doute sur le fait que ses actions, cette sensation ou émotion qui le poussait à acheter et entreposer était le fruit du départ soudain et indéfini de sa tendre épouse. Sachant qu'elle et lui ne pourrait jamais se revoir était la plaie qui faisait couler le sang de son organe et sa tentative vaine de combler ce vide avec des objets était bien tenté mais inutile et il le savait parfaitement. L'ange déchu continua sa marche, explorant les environs, ses bras inondés de sachets de ses précédents paiements. Malgré tout, il était comblé, heureux de pouvoir passer une journée agréable, sans prise de tête, sans personne pour venir le titiller. Juste lui et ses envies.

Du côté de Alastor qui s'était redirigé après mûre réflexion vers la boucherie, il se prélassait gentiment dans une chaise tout en sirotant silencieusement une tasse de thé fumante. Les autres créatures de l'Enfer ne prêtèrent aucunement attention à lui, si ce n'est que de légères œillades de confusion en voyant son ensemble de plusieurs variétés de rouge. Il buvait lentement en fixant devant lui, la terrasse était faite d'un bois foncé, les chaises avaient un aspect plutôt velouté et le jardin qui succédait la petite zone des clients était très jolie et plaisante à la vue. Les fleurs étaient spectaculaires, une variété qui n'existait  nullement sur Terre : elles possédaient des pétales d'un ton aubergine avec des sortes de points fluorescents bleus  cristal alors que la tête s'étirait vers un orange percutant. Une fine bouche semblait y être également, affirmant sans l'ouvrir la multitude de dents qui devait se cacher derrière cette façade subtile et délicate. 

Même la simple plante peut mordre~.., pensa Alastor dans un ricanement silencieusement avant d'amener une seconde fois la porcelaine sculptée à ses petites lèvres. Il but lentement le liquide chaud et amer, glissant dans le fond de son œsophage pour venir octroyer à son corps une sensation de brûlure qu'il apprécia tout particulièrement. Que cela était bon de sentir l'air frais, le paysage fleuri et les autres personnes parler doucement, sans aucune présence turbulente ou un quelconque tangage qui lui avait donné une sensation continuelle de nausée et de douleur abdominale. Le séjour sur le bateau de croisière avait peut-être été un tantinet soit constructif et intéressant, il n'en gardait cependant pas que de bons souvenirs. Néanmoins et loin de son bonheur, il sentait son for intérieur se resserré dans un mélange de gêne et de contrariété. Il ne comprenait pas vraiment la signification soudaine de la pression qu'il ressentait dans son abdomen et la raison de pourquoi son organe à la fonction première de battre s'écraser si violemment contre sa cage thoracique, le mettant mal à l'aise. La sensation n'était pas agréable mais il se contenta de l'ignorer, futile était-ce, il se répétait en boucle que le cœur avait ses sentiments que son cerveau refusait catégoriquement d'écouter et de suivre ; il n'y avait pas de place à ce que dictait son cœur dans ses projets.