10-complications

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Les semaines passèrent, et je fis tout ce que je pouvais pour aider Rûn. Chaque soir, je m'assurais de voler discrètement un peu de nourriture de la réserve. Chaque fois, je veillais à le nourrir sans attirer l'attention. Rûn semblait retrouver un peu de force et sa démarche, bien que prudente, était moins titubante.

Mais à mesure que je prenais ces risques, je savais que la situation devenait de plus en plus dangereuse.

Un soir, alors que je ramenais une miche de pain enveloppée dans un tissu, un autre garde, un certain Feryn, m'interpella dans le couloir.

« Vil, » lança-t-il d'une voix traînante.

Je me figeai, tournant lentement la tête vers lui.

« Oui ? » répondis-je calmement.

Il s'approcha, croisant les bras. « On dit que de la nourriture disparaît régulièrement des cuisines. Les cuisiniers se plaignent. Ça t'évoque quelque chose ? »

Je haussai un sourcil, jouant l'innocence. « Non. Peut-être des rats ? »

Il rit, mais son regard restait méfiant.

« Des rats qui savent choisir les morceaux les plus frais ? Peu probable. Mais bon, si tu vois quelque chose, fais-le savoir. Kerna est déjà furieux qu'on ne trouve pas le coupable. »

Je hochai la tête avec un calme feint, bien que mon cœur battait à tout rompre.

Cette nuit-là, je pris encore plus de précautions pour m'assurer que personne ne me voyait rejoindre Rûn. Il mangea rapidement, les sourcils froncés, devinant que quelque chose me tracassait.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » murmura-t-il.

Je secouai la tête, tentant de minimiser la situation. « Rien. Juste... sois prudent. Les choses pourraient devenir compliquées. »

Rûn me fixa longuement, mais il n'insista pas.

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Les jours suivants, la tension monta dans le palais. Les rumeurs de nourriture volée circulaient de plus en plus, et des patrouilles supplémentaires furent déployées, notamment autour de la réserve. Feryn, qui semblait prendre un malin plaisir à jouer les enquêteurs, rapporta finalement l'affaire directement à Kerna.

Un matin, alors que je prenais mon poste, une convocation officielle fut diffusée dans tout le palais : Kerna voulait rassembler les gardes pour une annonce importante.

Je m'y joignis dans la grande salle du trône. Kerna, assis sur son imposant siège sculpté dans le bois d'un arbre millénaire, paraissait aussi majestueux qu'intimidant. Ses cheveux noirs et ses yeux gris reflétaient une froideur implacable.

« Mes gardes, » commença-t-il, sa voix résonnant dans la pièce. « Ces derniers jours, des incidents récurrents ont troublé l'ordre de ce palais. De la nourriture a été volée, encore et encore. C'est une offense à la dignité de ce lieu sacré et à ma patience. »

Il balaya la salle du regard, son aura imposante rendant l'atmosphère suffocante.

« Si le coupable se dénonce maintenant, je serai magnanime, » poursuivit-il, ses lèvres s'étirant en un sourire glacial. « Sinon... je trouverai qui est responsable, et les conséquences seront sévères. Très sévères. »

Je restai impassible, bien que mon esprit bouillonnait. Kerna mentait. Il n'y aurait aucune clémence.

Le silence s'éternisa, personne ne bougeant. Kerna fronça les sourcils.

« Feryn, » dit-il d'une voix basse, mais tranchante comme une lame.

Le garde avança, visiblement fier de lui.

« Mon roi, je suspecte que le coupable agit seul, mais je n'ai pas encore pu l'identifier. Toutefois, je vous promets que je trouverai qui est responsable. »

Kerna hocha lentement la tête, son regard glacial se posant à nouveau sur l'assemblée.

« Bien. Doublez la surveillance autour des cuisines. Et s'il faut interroger chaque membre de ce palais, nous le ferons. Vous êtes prévenus. »

Il se leva, mettant fin à l'assemblée.

Je quittai la salle le plus rapidement possible, mes pensées en désordre. Je savais que je devais redoubler de prudence, mais une chose était claire : si je continuais à voler de la nourriture, je risquais d'être découvert.

Dans les jours qui suivirent, je fis mon possible pour détourner les soupçons. Je volais moins, mais je ne pouvais pas abandonner Rûn. S'il venait à manquer de nourriture à nouveau, son état fragile pourrait rapidement empirer.

Et quelque part au fond de moi, une inquiétude plus sombre grandissait. Si Kerna trouvait Rûn impliqué, sa cruauté n'aurait aucune limite. Il fallait que je trouve une solution... et vite.

le voyage de VilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant