7-les soins

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La matinée s'était déroulée normalement, rythmée par ma patrouille habituelle dans les corridors du palais. Le bois vivant du palais d'arbre émettait ses craquements familiers, et la lumière naturelle filtrant à travers les feuilles baignait tout d'une lueur douce. Mais l'apparente tranquillité fut soudain brisée par une silhouette qui passa en courant, effrayée et précipitée.

Rûn.

Je le reconnus immédiatement, bien que son état me glaça. Du sang maculait son corps et ses vêtements déchirés, traçant des éclaboussures sombres sur le sol. Sa respiration était haletante, saccadée, et il paraissait paniqué au-delà de toute raison. Il tourna brusquement dans un coin, disparaissant derrière un meuble imposant.

Je voulus le suivre, mais une autre présence attira mon attention.

Kerna.

Le roi avançait d'un pas rapide, ses yeux gris perçants et son expression glaciale suffisant à faire frissonner n'importe qui. Sa posture imposante et son aura intimidante emplissaient l'espace comme une ombre menaçante.

Il me vit et s'arrêta, son regard se posant sur moi.

« Toi, » dit-il sèchement. « As-tu vu Rûn ? »

Je sentis mon cœur se serrer. Les battements résonnaient dans mes tempes, mais je fis de mon mieux pour conserver un visage neutre.

« Oui, » répondis-je après une courte pause, indiquant la direction opposée à celle où Rûn s'était caché. « Il a couru par là. »

Kerna plissa les yeux, comme s'il pesait mes mots, mais il finit par hocher la tête.

« Bien. Je vais le trouver. »

Sans un mot de plus, il tourna les talons et s'éloigna d'un pas vif.

Je restai figé un instant, écoutant le bruit de ses bottes s'estomper, avant de me tourner rapidement vers la cachette de Rûn.

Je m'approchai prudemment et trouvai le jeune elfe recroquevillé derrière le meuble. Son visage était pâle, ses yeux fixés sur un point invisible, et il tremblait violemment. Il serrait ses bras contre lui, les ongles enfoncés dans sa peau, comme s'il essayait de s'accrocher à quelque chose pour ne pas sombrer.

« Rûn, c'est moi, Vil, » murmurai-je doucement, m'agenouillant près de lui.

Mais il ne sembla pas m'entendre. Sa respiration restait irrégulière, et son regard perdu ne me reconnaissait pas.

« Hé, tout va bien maintenant, » repris-je, ma voix volontairement calme et rassurante. « Kerna est parti. Tu es en sécurité. »

Ses tremblements s'intensifièrent, et il porta une main tremblante à sa poitrine comme s'il manquait d'air.

« Rûn ! » Je posai une main sur son épaule pour le ramener à la réalité, mais avant qu'il ne puisse réagir, ses yeux se fermèrent, et il s'effondra, inconscient.

Je le rattrapai de justesse.

Mon cœur battait à tout rompre alors que je regardais son visage livide. Il était léger, bien trop léger. Son corps fragile semblait presque prêt à se briser entre mes bras.

Je savais que je prenais un risque énorme, mais je ne pouvais pas le laisser là.

Avec précaution, je le soulevai, prenant garde à ce que ses blessures ne s'aggravent pas. Jetant un regard furtif autour de moi, je m'assurai que personne ne me voyait avant de me diriger vers ma chambre.

Le trajet fut nerveux, chaque bruit, chaque ombre me semblant suspecte. Mais j'atteignis finalement ma porte sans croiser âme qui vive. Je l'ouvris d'un coup d'épaule et refermai aussitôt derrière moi.

Déposant Rûn sur mon lit, je m'assis à côté de lui, essuyant une goutte de sueur qui perlait sur mon front. Il avait besoin de soins, et vite.

Avec les quelques herbes médicinales que j'avais rassemblées en secret, je commençai à nettoyer ses plaies, priant pour qu'il se réveille bientôt. Ce n'était pas seulement son état physique qui m'inquiétait. Ce que j'avais vu dans ses yeux avant qu'il ne s'évanouisse, cette peur écrasante, cette douleur... cela me rongeait plus que je ne voulais l'admettre.

le voyage de VilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant