11-traque dans la nuit

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La faim me tiraillait, un besoin primitif que je n’arrivais plus à ignorer. C’était un appel du plus profond de ma nature, un vide dans mes entrailles que seule la prise de sang pouvait combler. J’avais réussi à le repousser pendant un certain temps, mais cette fois, je n’y tenais plus. Il me fallait du sang, et rapidement.

Je quittai le palais aussi discrètement que possible, profitant de l’obscurité de la nuit pour m’éclipser. La lune était haute dans le ciel, un éclat argenté qui me guidait dans le silence des bois environnants. J’avançais d’un pas rapide, mes sens aiguisés me permettant de repérer le moindre mouvement, de capter les bruits lointains des animaux. Je cherchais une proie, n'importe laquelle, pour apaiser cette faim vorace qui me rongeait.

Mais alors que je me glissais entre les arbres, un frisson étrange me parcourut l'échine. Je m’arrêtais net, mes oreilles attentives à chaque bruit, chaque craquement. Quelque chose n’allait pas.

Je levai les yeux.

Dans le noir, je sentais des regards, des présences. Une prise de conscience glacée me traversa soudainement : j’avais oublié de camoufler mes yeux jaunes avant de quitter le palais. C’était un geste habituel, presque automatique, mais cette fois, dans ma précipitation, je l’avais négligé. Mes pupilles brillaient d’une lueur surnaturelle, trahissant ma nature de Némérys.

Je me figeai, mes sens maintenant en alerte maximale. Les échos d’une respiration plus proche, d’un mouvement furtif parmi les ombres, me confirmèrent ce que je redoutais : quelqu’un m’observait.

Je reculai lentement, cherchant une cachette, mon cœur battant plus fort dans ma poitrine. J’avais l’impression d’avoir été repéré. Peut-être même suivi depuis le palais.

Sans un bruit, je me glissai derrière un arbre massif, plaquant mon dos contre son tronc. Mon souffle se fit plus léger, plus calme. J’attendis.

Le silence qui suivit était lourd, presque suffocant. Puis, enfin, je sentis la présence se rapprocher. Une silhouette émergea lentement des ombres, l’œil perçant, observant chaque recoin. Elle s’approcha avec prudence, comme si elle savait où chercher, comme si elle avait vu quelque chose qu’elle ne comprenait pas.

C'était Feryn.

Il s'arrêta à quelques mètres de moi, un air de suspicion sur le visage. Sa main effleurait la poignée de son épée, prêt à dégainer en cas de danger. Je le regardai, une pointe de tension dans le ventre. Il ne semblait pas encore avoir vu mes yeux. S'il les remarquait… tout était fini.

Je devais être rapide. Et silencieux.

Je profitai de l’ombre pour plier mes genoux et, d’un coup, je m’élançai à travers les buissons, en direction opposée. Feryn tourna la tête à la dernière seconde, et je l’entendis crier :

« Qui va là ? »

Mais c’était déjà trop tard.

Je me faufilai à travers les arbres, courant aussi silencieusement qu’un prédateur, mes yeux se réajustant à la lumière de la lune. Le bruit des pas de Feryn s’estompa derrière moi alors que je me frayais un chemin dans la forêt.

Mais je savais qu’il ne me laisserait pas filer aussi facilement. Il m’avait vu, il m’avait sûrement repéré, et il reviendrait avec plus de renfort.

Il fallait que je retourne au palais, que je cache mes yeux avant qu’une alerte ne soit donnée. Mais au fond de moi, je sentais que ce n’était qu’une question de temps avant que mes secrets ne soient découverts. Et le premier à les découvrir risquait de faire plus que me menacer. Il risquait de me perdre.

le voyage de VilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant