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-Tu veux faire croire cette connerie? Impossible que tu sois cette fille, dit John.

-Ne le croie pas si tu veux.

-Si, c'est elle, annonce Haiden. Je me souviens de sa photo.

-Je n'arrive pas à croire que la tueuse est bien en face de moi, dit Angie.

-Je ne suis pas une célébrité, je ne suis rien. Je suis une voleuse de merde qui a atterri en maison de redressement.

Quand je pense à celle que j'étais avant, je pense à cet incident et je ne veux pas y repenser. Je ferme les yeux pour m'empêcher d'être triste et les ouvre, ils ont de nouveau un visage neutre. A part Haiden, qui n'a pas réagi comme eux, il m'observait depuis que je l'ai annoncé.

-A vous, maintenant !

-Tu ne peux pas changer de sujet comme ça ! S'exclame Océane. Tu étais reconnue partout dans le pays, même par le président qui te voulait en prison à vie ! Pourquoi as-tu abandonné ce titre?

-Je n'ai pas abandonné, dis-je sèchement.

Je regrette immédiatement mon ton quand je vois leur visage.

-Désolé, je n'aime juste pas parler de la fin de cette vie de tueuse, c'est tout.

-Que s'est-il passé ? me demande Axel.

-Un accident, c'est la seule chose dont je ne veux pas parler et c'est à cause de ce que j'ai fait que mon père m'a envoyé ici. Les vols que j'ai fait, ce n'est rien, c'était juste la petite goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Cet accident... Je le regretterais jusqu'à ma mort...

Je tourne ma tête vers Haiden qui me regarde bizarrement.

-Rafaël, tu as dit que tu voulais faire partie des Bloods, n'est-ce pas?

Je me tourne vers lui.

-Heureusement que tu n'as pas été pris. Tu ne te rends pas compte de ce qu'on peut te demander.

Il me regarde avec incompréhension.

-L'entrainement avant d'effectuer des missions est une vraie torture, certaines personnes, des amis à moi, y sont restés à cause de leur faiblesse alors qu'ils avaient la même corpulence que certains catcheurs. Pour faire partie des Bloods, il faut avoir un mental d'acier, ne montrer aucune faiblesse, le chef pourrait s'en servir contre toi, il faut être très persévérant. Cela peut briser le mental de n'importe qui, ils te fatiguent et si tu n'obéis pas, les punitions sont inimaginables ! Crois-moi, Col comparé au chef des Bloods est un chien inoffensif ! Vous n'imaginez pas toutes les tortures qu'il fait endurer aux membres de son propre gang, j'ai encore des cicatrices. Il nous entraine pour ne plus qu'on n'ait d'âme, il veut qu'on n'ait plus une once de conscience. Sans gentillesse, pitié ou des sentiments dans ce genre-là, on effectue nos missions parfaitement, quitte à mourir sur le champ de bataille.

Je m'arrête pour reprendre mon souffre et reprends.

-J'ai été réputée pour être LA tueuse des Bloods, certes, mais ils m'ont presque enlevé la totalité de mon âme. Je réussissais mes missions car je n'avais plus d'émotions. Je ne veux plus que ça arrive à des amis. J'en ai empêché beaucoup d'y aller car on a cinquante pourcents de chance de mourir rien qu'à l'entrainement ! La personne dont j'ai vu le plus de résistance a survécu cinq ans, six mois, trois semaines et quatre jours. Vous savez quoi ? C'est devenu une obsession pour certains de battre ce « record ». Cette personne est morte quand il avait vingt ans. Il n'a pas vécu, juste tué, tout comme moi. On ne peut pas s'échapper des Bloods, sinon on nous tue. En réalité, c'est bien que je sois ici, ils ne peuvent pas me trouver, je suis traquée et ma famille aussi. Mais ils ne sont pas au courant de cette partie-là.

Je m'arrête un instant.

-Alors, ouais je suis célèbre, même le président me connaît, c'est pour dire ! Mais ça n'en valait pas du tout la peine. A chaque mission ratée, il y a des bourreaux, j'en avais un rien que pour moi comparé aux autres. Après l'enfer, de nouvelles cicatrices apparaissent. Voyez bien mes jambes, je n'en ai que quelques-unes. Par contre, regardez mon ventre et mon dos.

Je soulève mon t-shirt, mais pas assez pour qu'on voit mon soutien-gorge.

Ils sont choqués par le nombre de mes cicatrices. Une grande me barre tout mon ventre, ce n'est pas la plus douloureuse, j'ai au moins une vingtaine de cicatrices sur mon ventre, des petites comme des grosses. Ils regardent aussi mon dos où j'ai une blessure encore ouverte qui suit le long de ma colonne vertébrale, celle-là, ça m'a pris un an pour ne plus ressentir de douleur quand le tissu la touche. Elle démarre de ma nuque et finit tout en bas de mon dos, on voit qu'elle commence sur la nuque même s'il y a mes cheveux et le t-shirt. Je rabaisse mon t-shirt. Je n'ai aucune honte de mon passé, je leur explique pour les empêcher d'y aller.

-Je ne souhaite à personne ce qui arrive aux personnes qui travaillent pour les Bloods. Le plus petit inconvénient est que le bras droit du chef est un porc, un obsédé encore pire que Col. Franchement, ici, c'est le paradis pour moi. Je veux bien rester tout ma vie ici, même si je ne le voulais pas au départ.

Le silence plane dans la chambre des filles, ils sont sous le choc de mes révélations. C'est la première fois que je raconte à quelqu'un tout ce qu'il m'est arrivé.

-C'est une horrible vie en à peine deux ans..., geint Gwenaëlle.

Je me couche sur le dos et regarde le plafond en sachant très bien qu'ils continuent de me regarder.

-Je n'ai pas besoin qu'on me plaigne. Je déteste ça, j'en ai horreur !

-Pourquoi y être allé alors ? demande Haiden avec son regard indéchiffrable.

-Tout le monde ici s'est déjà drogué, j'imagine... J'avais des problèmes avec ma famille et j'ai commencé la drogue à l'âge de treize ans, pendant un an, je ne prenais que ça, j'allais de plus en plus mal et à l'âge de quatorze, un ami m'a parlé des Bloods, il s'y est inscrit en me prenant avec, et puis comme ça, je pouvais subvenir aux besoins de ma famille. Il fallait passer plein de tests et cet ami n'a pas été pris. Par contre, moi si. Voilà comment a commencé l'enfer. Mais bon, j'aurais pu avoir pire.

-Avoir pire ? S'exclame Rafael. Il n'y a pas plus pire que ça !

-Si, être pauvre, ne pas avoir de maisons. Au moins, l'amour et l'amitié étaient bannis, ce qui permettait de ne pas avoir de déceptions dans les deux.

Je crois que je les ai consternés par ma nonchalance quand je parle de cette époque où j'ai vécu pire que l'enfer.

-Bah quoi ? Je ne vais pas me plaindre, ma famille a gardé la tête en dehors de l'eau grâce à ça et un an après, mon père est devenu chef d'entreprise.

-Et ta mère ? Demande Haiden.

Mes yeux me piquent.

-Comme je vous l'ai dit, je ne veux pas parler de ce sujet.

-Elle est morte, c'est pour ça que tu as quitté les Bloods ? Demande Axel.

-Comme si c'était si facile...

Pourquoi Haiden me regarde aussi bizarrement ? Il ne peut pas être au courant de cette partie de l'histoire, ça ne se peut pas. Ce doit être autre chose.

-J'ai raconté mon histoire, racontez-moi la vôtre !



I will destroy you. (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant