I will destroy you. (En Réécriture)

33.

-Prends-en un maintenant, m'ordonne Tie en me tendant la boîte d'anti-douleur.

-Merci.

Je le prends donc. Il ne me reste plus qu'à attendre le temps qui passe et ça ira un peu mieux.

-Nick? Tu voulais me parler?

-Ah, oui.

Il me regarde, je comprends que je dois partir. Même si j'entendrai quand même du salon.
Ils parlent d'une mission qui ne s'est pas très bien déroulée. Alors je préfère ne pas écouter et regarde la télévision, de nouveau couchée sur le canapé.

Deux jours plus tard, je sens que les Bloods ne surveille plus mes moindres faits et gestes. Alors, arrivée chez Tie, je prends le téléphone que le chef des Crips m'a donné il y a un an, et appelle le seul numéro qu'il y a dans le répertoire.

-Allô?

-C'est Kayla.

-Kayla! S'exclame mon père. Tu as réussi à gagner leur confiance?

Oui, tout va bien pour moi, merci.

-À ton avis? Si je t'appelle...

Je l'entends râler de l'autre côté du téléphone, mais il se reprend vite.

-Que dois-je faire, maintenant?

-M'appeler dès que tu entends quelque chose d'important qui va se passer, ou sur l'endroit où se cache leur chef.

-Très bien.

-Passe dans notre nouveau Q.G. dans deux jours, pour me dire tout ce que tu as fait cette année. Amène des amis avec toi, pour ne pas qu'on trouve ça trop louche, si quelqu'un te voit. Je t'envoie l'adresse par message.

Ensuite, il raccroche. Je n'ai même pas eu le temps de dire un seul mot. Un message arrive par le téléphone que je viens d'utiliser: l'adresse du Q.G.
Pourquoi veut-il que je le vois en personne alors que je peux tout lui dire par téléphone? Il y aurait moins de risques...

Après ça, j'arrête définitivement avec les gangs.

Je trouve Tie dehors, sur un banc, malgré qu'il fasse froid.

-Qu'est-ce que tu fais dehors?

Je me place devant lui. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il est assez séduisant. Ses yeux ténébreux fixent les miens. Il a retiré sa boucle d'oreille cette année, disant qu'il préférait être sans. Il s'est laissé pousser la barbe, ce qui lui va très bien.
Même avec tous ces problèmes que j'ai, à cet instant, je souhaite simplement l'embrasser.

Je fronce des sourcils. Pourquoi je pense à ça moi? Chaque problème en son temps...

-J'avais juste envie de sortir. Tu vas bien?

Je hoche de la tête.

-J'aimerai te demander quelque chose, même si tu as énormément fait pour moi, cette année.

-J'accepterai tout. Qu'y a-t-il?

-Je viens d'appeler les Crips, et mon père veut que je vienne dans leur nouveau Q.G. dans deux jours, mais il aimerait que je sois accompagnée pour ne pas éveiller les soupçons, pour que d'autres personnes croient qu'on va chez des amis, ou quelque chose dans ce style. Tu pourras venir avec moi? Je demanderai aussi à Kate et Craig.

-Bien sûr. Tout ce que tu veux.

-Merci..

Je lui tends la main.

-On rentre? Il commence vraiment à faire froid..

Il met sa main dans la mienne.

-C'est vrai que je suis gelé..

Je rigole, mais ce rire est vite stoppé car il m'attire contre lui en me tirant avec sa main.

-Tu essayes de faire quoi là? Demandais-je en détournant les yeux.

-Rien, rigole-t-il.

J'arrive à le regarder, et je remarque que nos visages sont trop près l'un de l'autre.
Mon coeur bat trop vite, et j'ai une irrésistible envie de lui.
Je me relève alors, et le tire avec moi pour rentrer. Ce qui était mon objectif du départ.

Je ne dois pas penser à ça. C'est comme mon frère. Et puis, pourquoi en plus de ces histoires de gang, pourquoi, aujourd'hui, je pense comme ça? J'en ai marre.

Le lendemain passe assez lentement. Encore une mission ratée. Ils n'arrêtent pas de m'ordonner de tuer des innocents ces dernières semaines. J'ai un bleu sur ma joue gauche, et d'autres sur mon ventre, mais ceux-là ne se voient pas avec les vêtements.

Je suis couchée sur mon lit, Tie à mes côtés. Il reste toujours près de moi, ces temps-ci. Enfin, depuis que je reçois les fameuses «punitions» fréquemment.

-Je dois aller voir les Crips demain dans cet état lamentable.

-On sera là, ne t'inquiète pas.

-Je n'ai pas envie de montrer une faiblesse, et ces bleus montrent que je suis faible.

-Ça va aller, ne t'inquiète pas.

-Je suis désolée.

-Pourquoi?

-Depuis que je suis revenue de la maison de redressement, je raconte toujours mes problèmes, mais je ne demande rien par rapport à vous..

-On comprend que c'est difficile pour toi. Tu auras le temps de te rattraper après.

Il me fait un clin d'oeil. Mais il est toujours inquiet à mon propos, ça se voit.

-Ça va bientôt se finir, essayais-je de me rassurer.

-Allez, lève-toi. On y va.

Il se met debout, devant le lit, en face de moi.

-On va où?

-Te changer les idées. Suis-moi, et ne pose pas de question.

Au lieu de m'apitoyer sur mon sort, comme je le fais si bien, je me lève à mon tour, difficilement.

-Je me change juste et j'arrive.

-De toute façon, je dois aussi me changer.

Il sort de ma chambre, et je me prépare. Je vais dans la salle de bain, prend une longue douche, l'eau coulant sur mes plaies, ce qui est d'abord douloureux, mais ensuite, ça va.
Je mets ensuite un essuie autour de moi, et vais dans ma chambre. Je m'habille d'un t-shirt gris avec un jean et des converses noires. Je me sèche ensuite les cheveux dans la salle de bain, et applique du mascara.
Deux ou trois bleus se verront si je reste en t-shirt, mais bon, là où on va d'habitude, il y a toujours pire. Même chez les femmes.
Je prends un gilet gris pour ne pas attraper trop froid. De toute façon, si je suis malade, ça me fera une excuse pour ne pas voir les Crips demain, mais bon, j'y serai quand même confrontée un jour ou l'autre.

Une fois prête, après avoir pris de l'argent, je rejoins Tie dans le salon. Il me regarde avancer vers lui.

-Pourquoi tu me regardes comme ça?

-Te regarder comment?

-Bah je ne sais pas, avec un sourire sur les lèvres...

Il hausse des épaules et ne répond pas.   Je ne sais pas ce qu'il me prend d'un coup, mais j'avais envie de le faire.
J'enroule mes bras autour de son cou et déposé un baiser sur sa joue avant de réfugier ma tête dans son cou.
Mon coeur bat tellement vite...

-Qu'est-ce que tu as?

-Je ne sais pas. Je veux juste te serrer dans mes bras.

Il m'enlace à son tour et je souris. C'est la première fois que je me sens bien depuis longtemps.

-Merci pour tout ce que tu fais pour moi. Je te revaudrai ça. Même si je ne sais pas si j'y arriverai tellement tu as fait, mais j'essaierai.

Ses bras, qui ne me serraient pas énormément, m'attirent un peu plus vers lui.

-Si je fais tout ça, c'est parce que j'en ai envie, pas pour que tu aies une dette envers moi.

Je ferme un moment mes yeux. J'ai eu de la chance de le rencontrer.