Le troisième immortel (Pause)

Chapitre 13

Point de vue d'Adam

Je nageai en plein délire, il n'y avait pas d'autre explication. Je ne pouvais pas croire que j'avais enfin obtenu ce que je désirais depuis le début, depuis le premier regard que nous avions échangé. Chris, dans mes bras, me laissait l'embrasser. Mieux encore, il me semblait même qu'elle y répondait avec un certain enthousiasme.

Ma respiration s'accéléra alors que je tentai de ne pas montrer à quel point ce baiser me retournait. Je venais à peine de rompre avec Chloé, jamais je n'aurais pu imaginer que la journée prendrait cette tournure délicieuse.

Je serrai l'objet de tous mes désirs contre moi, me perdant dans la chaleur de ses lèvres.

* *

Point de vue de Chris

Adam était en train de m'embrasser. M'embrasser. Le concept tournait et retournait dans mon esprit, embrouillé par toutes les sensations que je découvrais violemment.

Quand ses lèvres avaient frôlé les miennes, d'abord timidement, j'avais cligné des yeux plusieurs fois pour m'assurer que je ne rêvais pas. Puis le baiser du jeune homme s'était intensifié, il avait perdu sa retenue et là, mes pensées avaient littéralement explosé, et la raison avait purement et simplement déserté mon esprit, n'y laissant que de l'excitation et du désir pour celui qui me tenait dans ses bras.

Adam resserra sa prise autour de ma taille et mon souffle s'affola. Nous étions encore dans le couloir. Jusqu'où pourrais-je le laisser aller avant de briser cet instant incroyable, moi qui avais toujours à cœur de tout contrôler ?

J'attrapai le devant de sa chemise pour le rapprocher encore plus de moi et il répondit à mon geste par un regain de passion en m'embrassant encore.

Puis quelque chose se fissura.

Ma respiration se bloqua. Je m'écartai brutalement, le laissant rouge et interloqué, les bras toujours ouverts. Cependant, il se ressaisit et en un instant, il fut près de moi, une ride inquiète sur le front.

- Chris, qu'est-ce qu'il y a ?

Je lui lançai un regard plein de détresse, tentant vainement d'inspirer quelques goulées d'air qui ne vinrent pas. Je ne sentis que très peu ses mains me secouer par les épaules. J'étais toute entière focalisée sur la douleur intolérable qui me vrillait soudain l'intérieur du front.

- Qu'est-ce que tu as ? Mais réponds-moi !

Mes poumons rendus presque douloureux par le manque d'oxygène, je sentis alors la douleur flagrante redoubler, comme si ça avait été possible. Je fermai brutalement mes yeux déjà remplis de larmes. J'attrapai ma tête à deux mains, tout en sachant très bien que d'autres élèves me regardaient, trahis par leurs murmures peu discrets.

J'étais déconnectée de la réalité, et complètement incapable de prendre conscience du temps qui s'écoulait. Aussi, lorsque la douleur déclina doucement, faisant place à un engourdissement inconfortable dans la partie haute de mon visage, je ne réagis pas immédiatement.

Après quelques instants pourtant, j'ouvris doucement les yeux, éprouvée. Les autres me regardaient avec une inquiétude teintée de curiosité pour les uns et de méfiance pour les autres. Je ne leur accordai aucune attention. Je voulus me relever mais mes jambes vacillèrent. Adam passa son bras autour de ma taille, juste à temps pour m'empêcher de me fracasser.

J'évitai son regard. Quelle humiliation. Avoir interrompu notre baiser pour me tordre de douleur au beau milieu d'un couloir devant des dizaines de lycéens. J'aurais voulu rentrer sous terre. Mais le jeune homme ne fit aucune remarque sarcastique et m'emmena avec lui dans la cour où je repris doucement mes esprits.