Le troisième immortel (Pause)

Chapitre 9

Je ne peux plus sortir. La maison est vide. Je le sais, je le sens. Christopher s'est arrangé pour se placer juste devant la porte d'entrée. Je suis coincée et c'est ma faute. Parce que j'ai été trop arrogante, trop fière pour suivre Adam. Maintenant il est trop tard, je ne peux plus m'échapper. Je ne peux plus sortir.

* *

- Tu sais, commença Christopher, je ne pensais pas réussir à t'approcher si tôt. Il ne semble bien décidé à te protéger.

Je reculai, méfiante.

- A-t-il raison de le faire ?

Il soupira. Son regard noir me scruta un instant.

- Je ne suis pas dangereux. Pas pour toi du moins. Nuança-t-il face à mon froncement de sourcils.

- Pourquoi se méfie-t-il tant de vous ?

Il me lança un regarda appuyé.

- Parce qu'il sait de quoi je suis capable. Ou du moins, il l'a lui-même appris récemment. Je ne pensais pas avoir besoin de cela pour le garder près de moi, mais à situations particulières, moyens adaptés.

Faisait-il allusion au jour où nous nous étions rencontrés ? Sans doute, à voir son expression.

- Comment vous êtes-vous connus ? Fis-je sans me laisser distraire.

Il eut un sourire acéré à mon encontre.

- Tu n'es pas très impressionnable n'est-ce pas ?

Je soutins son regard, sans comprendre. Quelques minutes auparavant, il était d'un calme glacial, et maintenant, il se montrait d'une ironie troublante.

- Répondez.

- Cela fait très longtemps. Une éternité... A l'époque où nous nous entendions encore, je le considérais comme le frère que je n'avais jamais eu, tout comme lui d'ailleurs.

- Que s'est-il passé entre vous ?

Il se tourna vers moi, un sourire narquois aux lèvres.

- L'inévitable rivalité adolescente bien sûr. Mais je pense que c'est son petit secret qui a finalement fait basculer la situation.

- Son secret ? Fis-je en fronçant les sourcils.

Il prit un air mauvais.

- J'adorerais te le révéler moi-même, avoua-t-il, ne serait-ce que pour avoir le privilège de le voir te perdre par la suite. Mais le laisser tenter de s'expliquer seul sera sans doute bien plus divertissant. D'autant que si je t'ai correctement cernée, cela m'étonnerait fort que votre lien résiste à la nouvelle.

Mon cœur rata un battement à la vue de son sourire mauvais. Que voulait-il dire ? Il s'approcha de moi et replaça une mèche de cheveux rebelle.

- Tu ne sembles pas lui être très attachée...

Je fronçai les sourcils et repoussai sa main d'une claque, agacée.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Répliquai-je, cassante.

Il se pencha de nouveau vers moi, me faisant reculer d'un pas, ce qui me conduisit à finir acculée contre un mur. Il posa sur moi un regard sincèrement intrigué. Seulement, la pointe de jubilation qui venait le ternir m'empêcha de baisser ma garde lorsqu'il reprit :

- J'aimerais connaitre la manière dont tu réagirais si tu apprenais la vérité sur lui.

- Arrêtez de parler à demi-mot. Si vous avez réellement quelque chose à me dire, alors dites-le maintenant. Ou allez-vous-en.