Chapitre 1

294 17 15
                                    

- Je me demande comment je peux être avec quelqu'un d'aussi immature !

La douce voix d'Aria percuta mon tympan avec la force d'un boulet de canon. Venant à peine de me lever, j'éloignai précipitamment le portable de mon oreille, dans le but de préserver le peu de capacités auditives qu'il me restait encore.

- Chris, tu m'écoutes ? Brailla-t-elle, à distance, constatant mon manque de réaction.

- Oui, seulement je ne sais pas quoi te répondre. D'une part, il est six heures et demie, et ensuite, Cal est mon meilleur ami en plus d'être ton petit copain. Tu sais bien que je ne prendrai parti pour aucun de vous deux.

Il fallait bien avouer qu'ils n'en étaient pas à leur première dispute. Et avec Aria tout n'était qu'une question d'habitude. D'ailleurs, une fois assimilé le fait qu'elle aurait toujours le dernier mot, elle était très attachante. Je l'entendis marmonner, l'air vaguement fâchée, comme chaque fois qu'elle n'obtenait pas ce qu'elle voulait.

Je soupirai.

- Ecoute, tu sais bien que vous allez finir par vous réconcilier. C'est toujours la même chose avec vous deux. Ajoutai-je en riant, histoire de détendre l'atmosphère.

- C'est ça, et c'est sans doute grâce à ta grande expérience en la matière que tu l'as déduis.

Touché. Effectivement, je n'étais sans doute pas une référence en ce qui concernait les garçons. Mais après tout, si elle ne voulait pas de mes conseils, je n'allais pas la déranger plus longtemps. Je fis mine de faire trembler le portable. J'articulai, l'air lointain :

- Mince, je ne t'entends plus bien... tu es là ? Aria ?

- Chris ne t'avise pas de...

Trop tard. J'eus un petit sourire en reposant l'appareil sur mon bureau, alors qu'elle rappelait déjà. Laissant sonner, je descendis les marches trop nombreuses de l'escalier qui venait d'être rénové. J'entendis alors mon nom hurlé.

J'eus à peine le temps de me retourner qu'une montagne de cheveux blonds s'abattit sur moi sans prévenir, et sans aucune délicatesse, nous faisant toutes les deux basculer en arrière. Je ressentis très vite le contact dur et froid avec le coin de la première marche, puis avec le sol.

- Aïe. Me plaignis-je avant de rouvrir les yeux. Chloé ?

Ma gourde de sœur se releva, les cheveux dans les yeux, et un grand sourire aux lèvres. J'eus un petit haussement de sourcils surpris.

- Tu n'étais pas censée être chez Maman ?

Elle me lança un regard consterné.

- On a cours aujourd'hui.

- Et alors ? Je lui avais pourtant dit qu'elle pouvait te garder. Ça m'aurait laissé respirer un peu.

- Pourquoi suis-je obligée d'y passer la moitié de chaque vacances alors que toi tu fais ce que tu veux ? Gémit-elle.

- Parce que je suis majeure. Et donc autonome.

- Ça ne coûte rien d'y croire.

Tant de considération de la part de sa propre famille, si ce n'était pas magnifique...

- Où est Papa ?

- Il arrive.

- Toujours aussi bavarde à ce que je vois. Ironisa-t-elle.

- Je trouve que tu parles bien assez pour nous deux. Fis-je, un sourire moqueur aux lèvres.

La porte d'entrée claqua. Quand on parlait du loup... Dès qu'elle le vit, Chloé se précipita sur notre père. Je la regardai s'agiter en souriant. Je n'osais pas lui dire à quel point je la trouvais ridicule. Je tachais le plus possible de garder à l'esprit que le divorce des parents avait été dur pour elle, sans doute encore plus que pour moi. Sous ses airs de rebelles, elle était bel et bien encore une enfant. Quinze ans, ce n'était vraiment rien.

Le troisième immortel (Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant