- Dìs -
J'étais en train d'observer distraitement mon frère qui se préparait pour la fête. Il était occupé à peigner son bouc – qui n'en avait guère besoin, vu qu'il était aujourd'hui très court... Autrefois, notre frère aîné Frérin et lui s'étaient lancés un défi : à qui aurait la barbe la plus impressionnante...
Durant quelques années, ils les avaient donc laissé pousser, et elles avaient fini par devenir presque aussi épaisses que celle de notre père, ce qui n'était pas rien ! Je me souvenais avec amusement des côtés malcommodes de ce défi futile : sa barbe gênait tellement Thorin pour manger qu'il avait dû en faire une tresse. Il ne l'avait coupée qu'à la mort de Frérin et depuis, il la portait courte, sans doute pour passer à autre chose et éviter de repenser trop à ce frère que nous avions perdu.
Il était mort à la même bataille que mon mari... Je sentis quelques larmes qui commençaient à perler mes yeux bruns.
— Je vais enfin pouvoir rencontrer la petite copine de Fili ! dis-je en essayant de penser à autre chose.
— Non, elle ne vient pas.
— Et pourquoi donc ?
— Parce que je ne l'ai pas invitée ! s'emporta-t-il.
Mais pourquoi diable ne pouvait-il pas l'apprécier ? D'après mes deux jeunes garçons elle était adorable !
Celui-ci faisait les cent pas dans la pièce, irrité par ma remarque.
La chambre de mon frère était toujours aussi bien ordonnée : le lit était fait, ses armes étaient toutes accrochées ou posées soigneusement sur ses meubles mais sa harpe, quant à elle, était toujours en plein milieu du passage ! Et puis... Tiens, un nouvel objet ! Plus loin j'aperçus un petit coffret que je n'avais encore jamais vu. Le visage de mes deux fils ainsi que celui de notre père étaient gravés sur le bois. Le travail avait été minutieux et incroyablement bien réussi.
— C'est magnifique ! Qui te l'a offert ?
Je me rapprochai de l'objet afin de pouvoir l'examiner d'un peu plus près, mais Thorin s'énerva de nouveau. Il me poussa et partit le cacher dans sa commode.
Agacée par son comportement je quittai sa chambre et rejoignit Belren au rez-de-chaussée. C'était l'épouse de Bofur. Elle était affalée sur une banquette, un verre d'eau à la main. Le plus grand de ses enfants portait son petit frère pour que celui-ci puisse attacher les cheveux noirs de sa jeune mère en queue de cheval... L'air était lourd et suffocant ce qui ne l'aidait pas à retrouver son souffle étant donné qu'elle attendait son troisième enfant.
La venue du petit nouveau arrivait à grand pas !
Bofur avait essayé de convaincre les autres nains pour que sa femme puisse rester ici auprès de lui, mais tous avaient refusé. Les nains ne vivaient pas avec les épouses des autres. Les familles étaient donc séparées depuis que nous étions arrivés dans ce monde et chaque jour, Bofur traversait la ville à pied pour voir sa femme... Mais il ne pouvait pas non plus rester avec nous, car les autres maris n'auraient pas apprécié de savoir qu'un nain rôdait autour de leur épouse...
C'était ainsi. L'aménagement imposé par les humains nous avait posé quelques problèmes sur le plan culturel, nous avions donc décidé de séparer les femmes des hommes... A vrai dire, en y repensant, cela ne changeait pas tellement de notre ancien monde, car seules les naines célibataires pouvaient se mélanger aux autres nains, mariés ou non.
J'ignorais encore comment Fili envisageait de vivre sa relation avec cette jeune femme. Ils étaient si différents ! Et à l'heure actuelle, il n'avait pas l'air de s'en rendre compte.
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Elanor
FantasyPar une belle nuit d'été, Serra avait fait un vœu. Elle avait souhaité briser la routine qu'était devenue sa vie... Ce qu'elle voulait, c'était une vie palpitante comme on pouvait le voir dans les films. Mais une toute autre chose se produisit... P...