CHAPITRE 8 - Tomber pour mieux se relever

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– Tauriel  –

Plusieurs mois venaient de s'écouler depuis notre arrivée dans ce monde. Le soleil avait quitté le ciel bleu laissant place à l'automne. J'étais revêtue de mon éternelle tenue de garde sylvestre aux couleurs de la Taur-e-Ndaedelos*, ainsi que d'un châle en soie brun que m'avait offert Serra. Etant une elfe, le froid me laissait indifférente, contrairement à Margaux que j'entendais grelotter sous son manteau, agrippant aussi fort que possible un grand sac contre sa poitrine. Néanmoins, être trempé de la tête aux pieds n'avait rien de très agréable, même pour les elfes !

Après plusieurs minutes de marche sous la pluie, nous entrâmes enfin dans la droguerie où travaillait Serra et nous fûmes aussitôt emmenées par l'humaine en blouse blanche vers le fond du magasin.

Mais comment pouvait-elle accepter de travailler dans de telles conditions ?

Il était impossible pour quiconque de circuler aisément. J'avais dû pousser plusieurs cartons avec le bout de mon pied pour pouvoir la suivre, et Margaux n'arrangeait pas les choses en me pressant le pas de la sorte !

Le sol ainsi que les étagères étaient recouverts de poussière. Ma vue d'elfe me permettait par ailleurs de distinguer plusieurs insectes morts pris au piège dans d'épaisses toiles d'araignée qui occupaient tous les coins et recoins du magasin.

Serra nous emmenait dans la salle de pause pour pouvoir quitter son lieu de travail discrètement, car celle-ci s'était accordée quelques jours de congés sympathiques pour pouvoir se détendre. La connaissant, il valait mieux pour elle qu'elle évite Elrohir ! Ce dernier ne souhaitait qu'une chose : poursuivre l'apprentissage du sindarin à la jeune femme. Depuis son premier cours, elle l'évitait, prétextant un millier de bonnes raisons. J'avais bien compris qu'elle ne souhaitait pas s'embêter à apprendre une nouvelle langue... Mais pour Elrohir, ce n'était pas si évident que ça !

Je n'aimais pas son monde, mais je l'enviais pour ses "vacances" comme elle les appelait... Je n'arrivais pas à comprendre comment son supérieur pouvait accepter de la payer à ne rien faire ! Je tentais d'imaginer toutes ces choses que je n'avais jamais pu faire et qui auraient été possibles durant ce temps libre... Mais aucun elfe sylvestre n'aurait osé proposer une telle chose à son roi !

M'interdisant d'imaginer la possibilité d'en parler à Thranduil, je me concentrai de nouveau sur l'endroit qui était toujours aussi surchargé. Je pouvais deviner aisément que les murs n'étaient plus aussi blancs que par le passé, et étaient agrémentés par plusieurs affiches jaunies. Sur l'une d'elle, je pouvais lire : Non aux benzodiazépines !

Mais quel désordre invraisemblable ! Si ce lieu m'avait appartenu j'aurais déjà jeté toutes ces choses inutiles ! C'était une honte ! Car même les gobelins vivaient plus proprement dans leurs cavernes.

Sur une grande table étaient disposées plusieurs assiettes remplies de gâteaux en tous genres ainsi que quelques tasses à moitié vides de ces boissons à base de caféine que les humains de ce monde aimaient tant... Je ne connaissais pas Elrond même si j'avais pu le croiser une ou deux fois à notre résidence, mais j'étais persuadée que le semi-elfe n'aurait jamais fabriqué ses potions médicinales dans un lieu aussi encombré et sale.

L'humaine monta quelques marches pour atteindre un carton et la tête la première, elle se mit à le fouiller, retournant son contenu dans tous les sens.

— Qu'est-ce que tu cherches ? avait demandé Margaux en s'asseyant sur la table après y avoir fait de la place.

— Des médicaments pour Kili, il est malade... Il croit que ça pourra le guérir à temps pour la fête de ce soir.

ElanorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant