CHAPITRE 9 - Les adieux

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- Madame TAYANAMI-

Mais où pouvait-elle bien être ? Je l'avais attendue toute la nuit en lui laissant une multitude de messages sur son répondeur... Mais elle n'avait donné aucun signe de vie. C'en était une sacrée celle-là ! Elle ne pensait même pas à sa pauvre mère et aux soucis qu'elle pouvait bien lui causer.

                Anxieuse à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose, j'étais même allée sonner à la porte de ces nains. C'était une petite femme barbue aux longs cheveux noirs qui était venue m'accueillir en me disant de ne pas m'inquiéter, parce qu'elle allait revenir en même temps que tous les autres. Aussitôt après, la naine m'avait claqué la porte à la figure !

                Actuellement, je faisais les cent pas dans le couloir, attendant son arrivée. J'avais essayé aussi de joindre son amie Margaux, mais elle ne répondait pas non plus.

L'attente était devenue insupportable et malheureusement, je n'avais rien sous la main pour éviter de me remémorer les nombreuses disparitions dont j'avais pu entendre parler tout au long de ma vie : séquestration, torture, viol... Ma respiration s'intensifia et devint incontrôlable. Je m'assis rapidement sur une chaise avant que mes jambes tremblantes ne décident de céder sous mon poids, et du revers de la main, j'essuyai les sueurs froides qui dégoulinaient de mon front.

                Un bruit... Une voiture.

C'était elle ! Elle était là, enfin !

                J'observai cette petite idiote qui me servait de fille en train de tituber jusqu'à l'entrée de notre maison. Bras croisés, je l'attendais de pied ferme au seuil de la porte.

-     Te voilà enfin ! Non mais est-ce que tu te rends compte de l'heure qu'il est ?... Et c'est quoi cette odeur ?

Elle avait passé une sacrée nuit blanche... Elle n'était tout de même pas en train de me faire une crise d'adolescence tardive ?

Ses cheveux étaient recouverts de sable et tout crasseux, ainsi que ses pieds qui étaient noirs... Mais qu'avait-elle bien pu faire de ses chaussures ? Je la dévisageai : elle était méconnaissable ! Ce n'était pas la fille que j'avais élevée. Ses belles pupilles vertes en amande avaient laissé place à de petits yeux rougeâtres, assortis d'un teint aussi blafard que celui des gens que je rassurais durant leur premier vol en avion...

Mais alors cette odeur !...

-     Qu'est-ce que tu as fais ? Non mais tu t'es vue ?! m'écriai-je en lui saisissant le visage pour l'observer d'un peu plus près.

-     Arrête ! Je vais bien ! Laisse-moi tranquille...

-     Non, tu ne vas pas bien ! Qu'est-ce que tu as pris ?

Je l'avais attrapée par le bras pour la secouer aussi fort que possible, dans l'espoir de la réveiller pour qu'elle se rende compte de l'état pitoyable dans lequel elle se trouvait.

-     Mais laisse-moi ! hurla-t-elle. Pour qui est-ce que tu te prends ? Ma mère ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire, tu n'es jamais là !

Ma fille me repoussa pour se dégager de mon emprise avant de se diriger vers la cuisine où elle se servit un grand verre de lait frais. Certes, je n'avais pas été très présente ces dernières années, mais il ne fallait pas qu'elle aille s'imaginer que j'allais la laisser tomber au moment où elle avait le plus besoin de moi.

-     Réponds-moi ! Je veux savoir ce que tu as pris ! insistai-je. Tu as vu tes yeux ?

-     Si tu y tiens... J'ai mangé une grosse côtelette de porc à la cannelle ! Ils ont vraiment des goûts chelous...

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