CHAPITRE 7 - Salade de pissenlit

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- Emilie -

Depuis un bon moment, j'étais assise au seuil de la porte de Thorin, dos à l'escalier. Le jour n'était pas encore levé lorsqu'il avait entrepris de jouer de la harpe. Ces quelques notes douces et mélodieuses avaient fini par me tirer de mon sommeil.

Sur la pointe des pieds, je m'étais alors rapprochée de sa chambre afin de coller mon oreille contre la cloison, de façon à pouvoir mieux discerner la musique. N'ayant encore jamais rien entendu d'aussi délectable et raffiné, j'avais beaucoup de mal à accepter que ce soit en réalité mon rustre de voisin nain qui composait actuellement cette berceuse.

À un moment, je l'avais même entendu chanter ! Thorin passait le plus clair de son temps à beugler après moi en me reprochant toutes sortes de choses. Comment aurais-je su qu'il pouvait avoir une voix aussi exquise ?...

À chaque minute, le soleil s'élevait un peu plus haut dans le ciel. Il pouvait être n'importe quelle heure. J'aurais plutôt dû me préparer pour me rendre chez Elrond, mais je n'en avais pas envie. Je préférais ne pas bouger et continuer mon écoute attentive...

Mais à contrecœur, je finis par me résigner à retourner dans ma chambre, car le savoir d'Elrond m'intéressait bien plus que la harpe de Thorin.

Une petite voix vint m'interrompre dans mes pensées :

— Que fais-tu par terre, Serra ?

C'était Balin. J'avais été tellement captivée par la musique que je ne l'avais pas entendu monter les escaliers. Cette situation était gênante... Comment justifier le fait que j'écoutais aux portes ? J'avais beau réfléchir, mais rien ne me venait à l'esprit.

La musique cessa aussitôt et j'entendis les pas lourds du nain qui se rapprochaient de nous. Il fit coulisser l'ouverture de sa chambre et me lança un regard perplexe.

Il fallait que je trouve quelque chose et vite pour éviter de paraître stupide devant ces deux là.

— Que personne ne bouge ! criai-je en levant les bras au ciel.

Les nains me dévisageaient en attendant des explications. Mais je n'avais rien trouvé de mieux à faire que de me gratter les aisselles comme un singe ! Mais quelle honte, je ne m'étais même pas coiffée... Avec mon épaisse tignasse et mon comportement de simien, je devais plus tenir d'un primate que de l'humaine à l'heure actuelle !

Mais une idée me vint...

— J'ai perdu une lentille ! Plus personne ne bouge ou vous allez l'écraser avec vos gros pieds !

À quatre pattes et à tâtons, je cherchai ce fameux objet que j'étais supposée avoir perdu. J'aurais mieux fait d'avouer que j'écoutais aux portes car comme je le craignais ils se moquèrent de moi ! Je n'avais pas revu Thorin rire aussi fort depuis le soir où Dorala m'avait frappée à la tête.

— Bon, tant pis... Je vais prendre une nouvelle paire ! leur répondis-je d'un air crispé.

Je courus dans la salle de bains pour m'y réfugier et attacher ma chevelure. Je les entendais ricaner et il y avait de quoi ! Mais qu'est-ce qui m'avait pris d'agir de cette manière ? Heureusement pour moi qu'aucun de ces deux-là n'avaient vu de chimpanzés auparavant, ou ils m'auraient comparée à une de ces bêtes !

— Thorin, je venais juste pour te rappeler de la réunion de dernière minute à propos de la révolte...

Je ne pus entendre la suite car Balin s'était mis à chuchoter. Curieuse comme j'étais, je mourais d'envie d'en apprendre davantage sur cette révolte. Ils ne s'apprêtaient tout de même pas à rentrer en conflit avec nous ?

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