Memento Mori [Harry Potter]

Prologue

Dans une chambre terne d'un vieil orphelinat londonien, un petit garçon s'affairait. Personne ne l'avait jamais vu aussi animé, défaisant et refaisant sa valise sans arrêt, organisant un peu mieux ses affaires de cours achetées quelques jours plus tôt sur le Chemin de Traverse. Le garçon aux cheveux noirs ne jeta même pas un coup d'œil triste à son lit gris en fer alors qu'il quittait sa chambre pour les dix prochains mois. Il ressentait un enthousiasme inconnu jusqu'alors, un enthousiasme causé par ce départ, il ne reverrait plus cette horrible chambre avant longtemps et allait enfin découvrir un lieu où les personnes lui ressemblaient, le comprendraient. Un lieu magique où il avait sa place.

                Tom Jedusor bouillonnait de curiosité, il avait enfin pris place dans le train, le fameux Poudlard Express. Ce train éveillait en lui un sentiment de liberté, il l'emmenait loin de l'orphelinat, loin des brutes qui y grandissaient, ces brutes qu'il méprisait, à l'identique du personnel de l'établissement. Il haïssait tout ce qui avait trait à ce lieu maudit où sa mère l'avait abandonné.  Mais désormais, il avait la certitude d'être supérieur à eux tous, aux brutes, au personnel et à sa génitrice, il les surpassait tous. Il était un sorcier. S'il le voulait, il pourrait les écraser, tel des fourmis, il était unique.

                A travers la vitre de son compartiment, Tom observait des hommes et des femmes, certains portant des capes, des robes, des chapeaux pointus, beaucoup vêtus de noirs. C'était un autre monde qui se révélait à lui, un monde auquel il appartenait à présent. Les parents embrassaient une dernière fois leurs enfants qui s'affairaient sur le quai, les bras chargés de valise. Certains emportaient des animaux de compagnie avec eux, d'autres portaient fièrement un balai à la main. Fasciné par ce tableau devant lui, Tom entendit à peine les trois coups frappés sur la vitre de la porte, ce n'est qu'au moment où il ressentit une étrange sensation de sécurité qu'il détourna le regard du quai.

                A l'entrée du compartiment se tenait une fille au teint pâle. Elle traînait derrière elle une valise énorme, contrastant avec sa petite taille, mais ce sont ces yeux qui le frappèrent d'emblée. Ils étaient grands, d'un marron très étrange, assez clair pour donner une impression d'ambre.

                « Excuse-moi, tu es tout seul ? » demanda-t-elle.

                Sa voix était douce, rappelant à Tom ce sentiment de sécurité qui ne l'avait pas quitté depuis l'interruption de l'étrange fille. Il avait ressenti la même émotion lorsqu'il avait parlé à un serpent pour la première fois, puis lorsqu'il avait appris qu'il était un sorcier. Mais, contrairement à ces deux occasions, le sentiment ne disparaissait pas.

« Oui, répondit-il après quelques secondes.

- Je peux m'installer ici ? »

Tom hésita, mais il s'agissait de la première personne qui lui parlait, la première personne de ce monde qu'il était si impatient de découvrir, il ne pouvait pas faire une mauvaise impression. Il hocha la tête pour signifier à la fille qu'il acceptait. Elle lui sourit, sans doute reconnaissante de ne pas avoir dû rechercher plus longtemps un endroit où s'installer. Elle hésita pendant un instant à ranger sa valise dans le compartiment prévu à cet effet, mais renonça presque immédiatement. Tom se retint de ricaner, à quoi bon être une sorcière si elle n'utilise pas sa magie. Elle s'assit face à lui, laissant le silence envahir l'espace. Elle fut la première à décider de le briser :

« Comment t'appelles-tu ? demanda-t-elle.

                - Je m'appelle Tom Jedusor, répondit-il sans remarquer la moue de réflexion de la fillette, je rentre en Première Année.

                - Vraiment ? Moi aussi ! Au fait, je m'appelle Alice, Alice Magusglory. »

                A l'expression de son visage, Tom devina qu'elle était fière de ce nom, comme si il était supposé avoir entendu parler d'elle.