Toutes ces années

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Chapitre 15-Toutes ces années


La lune baignait le petit village de Godric's Hollow d'une lueur argenté, camouflée par la lumière vacillante des lampadaires. Les trottoirs étaient recouverts d'une couche de feuilles colorées,piétinées par ces enfants qui sonnaient porte après porte. Les souliers claquaient sur l'allée pavée. À chaque maison se trouvait une citrouille sculptée d'un sourire. Ornements en plastiques et araignées de papiers décoraient les vitrines. La nuit était humide et le vent soufflait. Il était 18 heures passées et le soleil avait décliné depuis longtemps.

Les enfants allaient et venaient dans leur déguisement. Un fantôme, une sorcière au nez crochu, un vampire aux canines aiguisées, un loup-garou aux yeux jaunes. Des déguisements évoquant un monde auquel ils ne croyaient même pas. Les visages défilaient dans les rues. Mais un était inconnu des villageois. Un homme marchait à l'écart de la lumière orangée projetée par les lampadaires. Les feuilles craquaient sous son passage. Caché par une cape noire, personne ne le remarquait. Personne ne voyait ses yeux rouges contrastant avec son teint blanc, fantomatique. Aucun ne remarquait son nez de serpent. Personne ne fit attention à ce monstre. Personne ne vit Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. 





Voldemort avait un pas souple accompagné de cette puissance, cette détermination et la certitude d'avoir raison qu'il avait toujours dans des moments pareils. Une sensation de triomphe. Il savait enfin où ils se cachaient. Ce soir, il allait effacer ce qui menaçait tout ce qu'il avait créer.

Après toutes ces années, Voldemort était enfin devenu le plus Grand Mage Noir de tous les temps. Il avait créer cinq Horcruxes, s'assurant le plus possible l'immortalité. Il avait mis à ses pieds plus d'une centaine de personne, tous partageant ses idées, ses désirs les plus noir. Éliminer la vermine du monde sorcier et soumettre les Moldus. Tom était fier. Fier de son parcours, fier de ce qu'il était devenu. Il accomplissait de grandes choses, comme le Choixpeau lui avait annoncé le soir de la Répartition. Et rien de tout cela n'était fini, son projet était grand. Sa montée au pouvoir avait peut-être pris du temps, mais maintenant toutes les choses s'accéléraient, tous avaient peur de lui et de son nom. Ses Mangemorts le nommaient Maître. Les autres l'appelaient Seigneur des Ténèbres.

Tom était devenu cet être à l'apparence à peine humaine, mais dominant l'Angleterre, bientôt le monde. Tom était devenu un adulte effrayant à l'aspect de serpent, il avait créé plus d'Horcruxes que personne ne pouvait imaginer. Tom terrifiait les sorciers. Il était plus puissant que quiconque, plus puissant que Dumbledore. Tom était devenu Voldemort.


Alors qu'il réfléchissait, un bruissement de feuille autre que le sien le fit se retourner. Il eut juste le temps de voir une silhouette encapuchonnée disparaître. Cela faisait longtemps que Tom avait ce sentiment d'être observé, suivi. Et, chaque fois qu'il tentait devoir la personne, il tombait sur cette même silhouette couverte d'une cape noire.

Il avait fini par ne plus faire attention, cette personne n'ayant jamais rien tentée, le suivant depuis bien plus longtemps que la création de l'Ordre du Phénix. Voldemort ne se sentait pas menacé par la personne. Il aimerait savoir son identité, mais au fond, il savait que cela ne ferait que le décevoir. Depuis tout ce temps, une idée avait germé dans son esprit, un espoir. Il souhaitait de tout son cœur que ce soit elle. Alice. Il savait que c'était impossible, elle était morte. Il s'en souvenait comme si c'était hier.

Mais ça ne l'était pas. Cela faisait 37 ans qu'elle était morte. 37 ans sans elle. Tom l'avait tellement aimé, et l'aimait toujours malgré lui. Il était réputé pour ne pas savoir ressentir l'amour, et c'était mieux ainsi. Il avait veillé à ce que personne ne sache pour Alice. Et toutes les personnes qui avaient été à Poudlard avec lui ne savait même pas qu'il était Tom, excepté Dumbledore. Tous devaient penser que le pauvre Tom Jedusor n'avait pas supporté vivre sans Alice, la Grande et Merveilleuse Alice. Celle qui avait appris à un être si froid et dénué de sentiment comment aimer. Elle lui avait appris à ressentir. À accepter tous ses sentiments. Elle l'avait aimé plus que quiconque. Et il l'aima de la même manière.

Il l'aima jusqu'à la fin. Alors qu'ils allaient partir à la recherche du Puissant. Cela l'amenait à se demander, Alice aurait-elle été d'accord avec ce qu'il est devenu ? Aurait-elle été déçue ? Il évitait d'envisager une réponse positive tant cela le détruisait. Elle ne lui avait jamais dit ce qu'elle pensait de son plan. Ce qu'elle envisageait de faire si il le mettait en application. Alice était comme lui, à la recherche du pouvoir, mais à sa manière. Alice l'aurait approuvé. Mais il restait sceptique quand aux Horcruxes. Elle détestait cette idée. Et son apparence l'aurait peut-être rebuter aussi.


Il fut alors interrompu par un petit garçon le complimentant pour son déguisement. Voldemort ne put s'empêcher de sourire quand la peur déforma le maquillage de l'enfant. Il se retourna en vitesse et s'enfuit à vive allure. Le contact avec sa baguette brûlait les doigts de Tom. Un simple sort et plus jamais cet enfant ne verrait ses parents. Mais non, ce sort était réservé à un autre.


Des enfants. Alice aimait les enfants. Alice voulait vivre avec Tom. Ils avaient prévu une vie ensemble, acheter une maison tout en restant puissants et surtout immortels. Alice voulait voyager avant d'avoir une petite vie rangée, elle voulait découvrir le monde.

Derrière la jeune fille impassible et respectée, Tom avait découvert une sang pur pleine d'énergie, joyeuse et voulant voyager. Il avait découvert toutes ses peurs, toutes ses envies mais aussi ses côtés très opposés. Elle aurait voulu un mariage grandiose mais discret, une maison conviviale mais exposant sa richesse, l'immortalité mais la mort à deux. Ils avaient été forcé de se marier, une relation sans mariage étant mal vue par la société des Sang-Pur. Mais par dessus tout, elle voulait des enfants. Elle en parlait souvent. Elle voulait une fille qui aurait pu se nommer Diane, Amaya, Lucinda. Elle aurait aimé un garçon qu'elle aurait appelé Valere, Lucian, Aenar.


Des enfants, ce qui amena Voldemort à penser à sa tâche. La prophétie. Comment un enfant d'à peine un an pourrait défaire ce que lui, le plus grand mage noir, avait construit. Voldemort se rendait dans cette maison de Godric's Hollow. Il allait tuer ce bébé Potter. Rogue lui avait demander d'épargner sa mère. Voldemort avait promis, mais Voldemort ne s'y tiendrait pas. S'il le faut, il la tuerait. Cette femme n'était qu'une Sang-de-Bourbes. Elle n'était rien. Et puis, Severus ne pouvait pas l'aimer, comment pourrait-il ?

Voldemort savait malgré les apparences ce que c'était d'aimer. Et son fidèle ne semblait pas l'aimer. Voldemort écraserait le père, il écraserait la Sang-de-Bourbe s'il le doit, puis il écrasera l'enfant.

Au fond de son cœur, il était au courant qu'Alice en serait dégoûtée. Elle n'aurait jamais voulu qu'il tue un bambin tel que ce petit Potter. Mais il n'avait pas le choix, et même si cette pensée le brisait, elle n'était plus là. Elle ne pouvait rien faire, et encore moins être dégoûtée.

Mettant cours à ses pensées en voyant où elles le menaient, s'étant juré de ne plus jamais penser à Alice,  Tom releva la tête par-dessus la haie sombre des Potter. Il vit dans le salon par la fenêtre, ils n'avaient pas fermé les rideaux. Le père, assez grand, le nez surmonté d'une paire de lunette rectangulaire, lançait de la fumée colorée de sa baguette pour faire rire le petit Potter vêtu de bleu. La jeune rousse arriva, ses cheveux foncés lui tombant sur le visage. A la simple idée que cela aurait pu être Alice et lui, il s'énerva. Il rentra dans le jardin, le portillon grinça mais le père ne l'entendit pas, trop occupé à se reposer tandis que la mère avait emmené le petit se coucher. Voldemort sortit sa baguette et ouvrit la porte de la maison. Il était déjà entré lorsque James Potter arriva dans le hall, sans sa baguette.


« Lily ! Prends Harry et va-t'en ! C'est lui ! Va-t'en ! Cours ! Je vais le retenir... »


Répugnant. Il éclata de rire face au brun sans baguette. Il lui barrait le passage. Un éclair vert plus tard, Voldemort montait en enjambant le corps. Il était 19 heures.





Des kilomètres plus loin, le professeur Slughorn était occupé à accueillir ses invités pour la soirée d'Halloween. Il était 19:05 et il n'avait pas encore remarqué Francis le poisson flottant, sans vie, dans son bocal.

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NDA: la phrase prononcée par James en italique appartient en italique, tome 7, chapitre 17.

Memento Mori [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant