Première terreur

5.3K 272 121
                                    

Le son faisait écho entre les parois froides de la Grande Salle. Parmi les longs silences, les regards de peur et de compassion, contre les murs s'écrasaient sanglots et larmes. Les visages étaient fermés, choqués. Tom, pas plus silencieux qu'habituellement, observait l'ambiance morne de la Grande Salle. Devant lui gisait la Gazette et son gros titre, coupable du froid pesant. Les partisans de Grindelwald sèment la terreur lors d'une attaque à Sainte Mangouste. L'article résumait les faits, comment en fin de soirée, les partisans du mage noir sont arrivés à l'hôpital, se débarrassant de plus de la moitié du personnel présent, causant la mort de beaucoup de patients. Plus de 150 blessés comptés, dont une vingtaine dans un état critique. Le médicomage supérieur de la section gérant les pathologies des sortilèges assassiné. Ignus Bulstrode. Sa fille était en septième année dans la même Maison que Tom.

                Nullement choqué, ni attristé, Tom écoutait d'une oreille sourde les pleurs. Rien n'était plus pathétique à ces yeux que cette tristesse, cette faiblesse. Les sentiments étaient une faiblesse dont il fallait s'émanciper pour régner. Grindelwald avait compris cela, Tom le savait. S'attaquer à Sainte Mangouste était du génie, le mage noir venait d'handicaper une bonne partie du monde sorcier de la Grande-Bretagne.

                Les élèves dans la Grande Salle étaient partagés entre le déni et la tristesse. Même les professeurs étaient touchés par l'article et l'affichaient sans aucune gêne. Mais celui qui intéressait le plus Tom ne l'était pas de la même façon que les autres. Dumbledore apparaissait confus, perturbé. Lui qui, à l'image de Tom, était d'habitude très doué pour dissimuler ses pensées, n'arrivait pas à camoufler son désarroi évident. Réussir à contrôler ses émotions avait déjà convaincu Tom que son professeur était un grand sorcier, malgré la haine qu'il nourrissait à son égard. Les rumeurs selon lesquelles Grindelwald aurait peur du professeur de Métamorphose renforçait ce sentiment.

                Mais au vu de la réaction de Dumbledore, Tom se douta immédiatement qu'il y avait quelque chose d'autre, que la simple réputation de l'autre n'était pas la cause de ces sentiments. Profitant de la baisse de garde apparente de son professeur, le jeune Serpentard tenta le plus discrètement possible de s'introduire dans son esprit, de découvrir ce que Dumbledore cachait à propos de Grindelwald. Il entraperçut, pendant un quart de seconde, le visage du mage noir, bien plus jeune qu'aujourd'hui, avant d'être expulsé de l'esprit du professeur.

                Tom mit encore moins de temps à agir comme si de rien n'était, avalant la fin de son jus de citrouille. Sur lui était fixé le regard perçant de Dumbledore. Evidemment, il n'avait aucun doute sur l'auteur de l'intrusion mentale et Tom le savait, mais son professeur ne pouvait rien prouver. Tom, malgré le rejet immédiat du professeur, avait déjà une réponse : Dumbledore avait connu Grindelwald plus jeune. Il jeta un dernier coup d'œil aux élèves en deuil avant de quitter la Grande Salle. Il avait un livre d'arithmancie à rendre à son professeur, aussi se dirigeât-il vers l'aile est où se trouvait la salle de classe. Il croisa son professeur sur le chemin et lui remit le livre, en le remerciant bien évidemment de lui avoir prêté un ouvrage de sa propre collection. Les professeurs l'adoraient et n'hésitaient jamais à répondre positivement aux demandes du sorcier prodige. Une fois encore, Dumbledore était la seule exception, d'autant plus que Tom devinait déjà que la méfiance du professeur de métamorphose à son égard n'allait qu'augmenter.

Alors qu'il faisait demi-tour pour rejoindre la bibliothèque, Tom passa devant la cour de métamorphose où il aperçut Naos adossé à l'arbre, semblant couvrir de compliments une Serdaigle rougissante. Un sourire et la voilà qui gloussait en posant sa main sur le bras du blond. Assises sur un banc de pierre plus loin derrière lui, Walburga et Alice observaient d'un œil désintéressé le manège de Naos tout en discutant. Tom décida de les rejoindre, peu désireux d'aller s'enfermer seul dans la bibliothèque alors que le temps déjà chaud du mois d'avril promettait un mois de mai ensoleillé et poussait les élèves à sortir de nouveau.

Memento Mori [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant