Memento Mori [Harry Potter]

Voldemort

Chapitre 14-Voldemort

Pas un seul bruit dans l'appartement. Des sacs de voyages à moitié vides trônaient au pieds du lit. Les longs rideaux de sang cachaient les verres sales. Dehors, le ciel était trop bleu, le soleil brillait trop fort. L'agitation du Chemin de Traverse était pesante. Quelques cris et rires s'envolaient jusqu'aux fenêtre fermées de l'appartement. La pièce était plongée dans le noir. Les draps du lit jonchaient au sol, mouillés de sueur, sales. Une lampe de chevet avait été renversée, créant des tâches sur le parquet sombre.

Quelques semaines plus tôt, le lieu était encore joyeux, vivant. Mais un drame était survenu. Dans le fauteuil de la pièce, un homme était assis. Perdu dans ses pensées sombres, il ressassait son cauchemar. Le même chaque fois qu'il tentait de dormir. Des cernes s'étaient formées et sa peau était plus pâle qu'à l'ordinaire. Sa main droite tremblait encore, la colère sans doute. Il l'avait encore vue. Sa mort. C'était pire à chaque fois.

Tom Jedusor était brisé. Plus que jamais. Le spectacle était pitoyable. Il était avachi sur le fauteuil qui avait déjà plusieurs fois subi sa colère. Vêtu de la même chemise depuis trois jours, accompagné d'un vieux pantalon de ses années à Poudlard. Ses cheveux tombaient sur son visage. Sales. Ses yeux n'étaient plus rouges, il n'avait plus verser de larme. Mais la sueur trempait son corps. Chaque jour l'avilissait. Il avait perdu l'espoir. L'espoir de ce voyage vers l'immortalité avec elle. L'espoir d'un jour trouver le Puissant. Il ne le pouvait pas sans elle.

Il ne cessait de se souvenir chaque trait du visage de cet homme. Il n'avait pas réalisé sa technique. Pourtant, il l'avait plusieurs fois surpris à regarder Alice. Il avait compris comment son bouclier fonctionnait, comment elle s'y prenait. Il avait attendu le moment opportun pour frapper. Plus Tom y pensait, plus ses envies de meurtre augmentaient. Il avait perdu tout ce en quoi il croyait.

Les Magusglory avaient organisé les funérailles. Comme celui de sa sœur, personne ne fut invité à venir à l'enterrement. La famille d'Alice avait souhaité garder les obsèques de leur dernière fille, enfant, héritière, privées. Alice lui avait déjà expliqué, lors d'une des longues soirées passées à discuter, que les Magusglory ne faisait pas dans l'ordinaire. Ils ne ressemblaient en rien aux autres Sang-Pur. C'est pourquoi l'enterrement d'Aeïla avait été très discret, voir secret. Ainsi que celui d'Alice. Tom avait été forcé d'accepter ce choix et les parents d'Alice lui avait autorisé l'accès à la tombe. De toute manière, il n'était plus sorti de l'appartement depuis presque deux semaines. Depuis que le corps avait rejoint la morgue.

Le corps encore si beau, si fort. Elle n'était plus qu'un oiseau déchiré. C'était tout ce qu'il avait tenu dans ses bras, un oiseau cassé qui peinait à respirer et dont le liquide de vie s'échappait dans ses mains.

Mais, assis là, ressassant les démons d'un passé si proche, Tom réalisa ce qu'il était devenu. Un homme effondré, piteux, crasseux, avilis. L'homme qu'il s'était juré de ne jamais devenir. Pas cette bête répugnante et dégoulinante de sentiments. Il savait que jamais il n'oublierait Alice, qu'il l'aimerait sans doute toujours, mais il était hors de question que cette situation dure.

La rage emplissait ses veines. Une rage sourde s'élevant contre l'amour et tous ces faux rêves, contre Alice pour l'avoir laissé, lui, Tom Jedusor, et enfin contre sa personne pour avoir oublié qui il était. Il est Tom Jedusor. Lord Voldemort. Personne ne pourra jamais lui retirer ce pouvoir, cette haine et cette ambition. Il se leva et alla se laver, déchirant presque ses vêtements, il se sentait sale. Une douche froide le réveilla, il revint à la vie. Il rasa cette barbe qui avait commencé à pousser. Une fois propre, il enfila une chemise noire avec un pantalon anthracite. Après avoir ajuster sa cravate, il sortit de la chambre et sortit en trombe de l'appartement. Il transplana loin de cette vie morose et avilissante.