relèves-toi.

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//Deux semaines sont passées\\

Le réveil sonne et j'ouvre les yeux, Tyler se trouve dos à moi, il dort encore. Je me lève indécise et j'appréhende cette journée, j'ai juste envie qu'elle passe à toute vitesse pour que je puisse retourner me coucher et tout oublier. J'ai juste envie que ma vie passe à toute vitesse.

Je prends un jean noir et un sweat bordeaux et entre dans la salle de bain, je laisse couler l'eau puis je file sous la douche.

Ce matin je me suis lever beaucoup plus tôt que d'habitudes, j'ai un "rendez vous", si on peut appeler ça comme ça, important.

Je prends mon eastpack noir puis sors de l'appartement en faisant bien attention à ne pas claquer la porte, pour ne pas réveiller Tyler. Dehors il fait légèrement sombre et personne n'est encore sortit de chez soi, je suis seule. Mes pas résonnent dans la ruelle que je suis en train de traverser, derrière une grosse poubelle se trouvent deux personnes vêtuent tous les deux d'un sweat à capuche noir. Je jette un coup d'œil sur leurs mains, la mienne frôle celle d'un des deux individus, en quelque secondes nous avons réussi à s'échanger la même chose qu'à notre habitude. Je n'ai jamais vu le visage de cet homme, ni de l'autre d'ailleurs et eux n'ont jamais vu le miens, c'est mieux comme ça.

Je commence à m'approcher de l'université, Aiden et Allison m'attendent juste devant le bâtiment, je les rejoins alors et leur fait la bise. Allison part du côté du bâtiment A et Aiden et moi de l'autre côté. J'ai pas envie de parler ce matin, pour changer, mais je sais qu'Aiden va engager la conversation :

- ça va toi?

- ça va.

Je lui répondis avec une voix grave et rauque qui trahit mon humeur de merde. Je me racle la gorge :

- Et toi ?

- Oui, ça va.

Un silence s'interposa, puis il reprit la parole.

- Emma...

Oh non pas ça, s'il vous plaît.

- Tu sais que tu peux me parler si tu en ressens le besoin.

Et bah si, putain.

- J'ai besoin de parler à personne Aiden.

- Ok, si tu le dis...

Je le vois baisser la tête, il est fort possible que je l'ai vexé. J'aime pas ça mais je fais paraître de rien, j'ai pas envie de me prendre la tête en ce moment alors je suis honnête, trop honnête. Je pars vers ma salle, et Aiden vers la sienne.

- A tout à l'heure Aiden.

- Sur le toit? Comme d'hab'?

Je hoche la tête en guise de réponse. Puis rentre dans la salle où tout le monde est déjà installé, je prends place sur une chaise dans le fond. Le professeur commence à parler, je devrais l'écouter mais ma tête en décide autrement et mes yeux se dirigent vers la fenêtre.

J'entends le professeur parler, nous parler du roi et de sa femme. J'entends mais n'écoutes pas, je n'arrive pas à me concentrer, je préfère regarder par cette fenêtre qui fait paraître ce ciel gris. Les feuilles des arbres volent et s'entortillent, je ferme les yeux et imagine le bruit du frottement de ces feuilles contre le sol. Je m'imagine au milieu de cette cour, vide juste moi écoutant la nature vivre sans qu'il y aie ces humains pour réanimer mon chagrin. Je ne ressens plus rien, seulement les battements de mon cœur qui résonnent jusque dans mon crâne. J'aimerais que ce moment dure une éternité mais je reviens à la réalité lorsque le professeur hausse la voix pour réveiller tout ces élèves déprimés.

Cela fait deux heures que je suis dans cette salle avec ce professeur qui parle, je n'ai pris aucune note et je n'ai rien écouté, trop perdu dans mes pensées. Je sors avant tout le monde, n'ayant aucune affaire sorties donc aucune à ranger. Je rejoins comme promis Aiden sur le toit. Il est là, une fumée grise sortant de sa bouche, habituellement je lui aurais fait la morale, je lui aurais sortis des phrases toutes faites que je ne penses même pas. Au lieu de ça je prends cette cigarette, la dernière flottant dans son paquet puis je m'assieds à côté de lui et commence à fumer :

- Tu ne serais pas bonne actrice, tu n'es pas crédible, ça se voit quand tu vas mal Emma... Me dit-il.

- Je sais... Lui ai-je répondu.

Je tire un premier coup, rien, un deuxième coup, toujours rien. Au bout de la troisième taf, une larme se mit à couler le long de ma joue, c'est fou comme le silence est pesant quand rien ne va. Il me jette un regard et pose son bras autour de mes épaules pour finir avec un baiser sur mon front.

La journée passe et je n'ai croisé ni Allison ni Aiden à cause des horaires différentes que nous avons. De toute façon je n'avais pas vraiment envie de croiser qui que ce soit après le moment de ce matin sur le toit.

Je sors du bâtiments et Aiden et Allison arrivent en même temps que moi. Fait chier. Ils me font signe de la main et je leur réponds en secouant la tête en leur direction. Allison me fait la bise, puis à Aiden et elle s'en va. Je m'avance vers Aiden pour lui dire au revoir, mais il en décide autrement :

- Je vais te raccompagner.

- C'est pas...

- C'est pas une question Emma.

Il me coupe la parole, non mais je rêve.

Tout en commençant de marcher je sors les joints que j'avais pris le temps de rouler pendant ma pause du midi. Je sors le briquet de ma poche et en allume un. Je tire puis le tends à Aiden, il me fait non de la tête. Tant mieux, ça en fera plus pour moi.

- Tu sais Emma, c'est pas parce que tu vas mal que t'as le droit d'agir comme ça avec moi, en me rejetant à chaque fois j'essaie de t'aider.

- Aiden.

- Non mais c'est vrai quoi! Je suis ton ami, enfin c'est ce que je croyais! Je suis là pour toi, je supporte tous tes sauts d'humeur sans broncher depuis deux semaines. J'en ai marre Emma, c'est pas parce que tu t'es fait rejeter par ta copine qu'à trouver mieux que toi, que tu dois nous faire subir le même sort et que tu dois nous faire souffrir comme toi tu souffres.

Je m'arrêtes net au son de ses paroles. Outch. Le pire, c'est qu'il a raison. Mais j'arrive pas à faire autrement.

- Désolé, je le pensais pas. Je voulais pas...

- C'est bon Aiden, c'est rien. C'est pas comme si t'avais tort.

Il me prend dans ses bras puis quitte mon chemin pour retrouver sa maison. J'arrive enfin devant l'immeuble, je n'attendais que ça depuis que j'en suis sortit.

Aiden a raison j'ai pas le droit de tous les faire souffrir comme moi je souffres. Peut-être que si je souffrais plus, alors eux non plus.

En réfléchissant à tout ça, j'ai eu le temps d'arriver dans l'appartement, je depose mes affaires puis repenses à ce qu'Aiden m'a dit. J'ai pas le droit de les faire souffrir, je peux pas, c'est de ma faute tout ça. Si j'étais pas là rien ne serait arriver. Peut être que c'est ça la solution. Moi qui voulait que ma vie passe à toute vitesse, je n'ai plus besoin d'attendre maintenant

//point de vue externe\\

Ces paroles résonnaient dans sa tête tel un écho. Elle ne pouvait s'empêcher d'y repenser, d'y croire. Elle s'enferma dans la salle de bain puis commença à fredonner une de ces chansons preferées. Elle prit une boite de médicament assez fort puis en avala un, puis deux, puis trois, et le reste s'en suivit. Elle s'allonge et se revoie dans ses bras à elle, Adèle. Son prénom se répétait indéfiniment dans sa tête et plus il se répétait, plus c'était fort, plus c'était douloureux. Elle n'arrivait plus à bouger, ni à parler, mais juste à entendre. Entendre, les cris de Tyler qui venait de rentrer du travail, les coups dans la porte, la sirène assourdissante se rapprocher, les pompiers lui disant que tout aller bien se passer.
Puis est arrivé ce moment où elle n'entendait plus, dans sa tête elle paniquait mais ne contrôlait rien pour se manifester, pour montrer qu'elle était là et que c'était sûrement les dernières secondes de sa vie.

Pas du tout. Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant