Peut-être que tu as peur.

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- Pourquoi tu l'as laissée partir? Pourquoi tu l'as pas retenue?

- Je lui avais demandé de partir, je lui ai dit que je ne voulais pas la voir. Je ne comprends pas pourquoi je lui aurais demandé de rester.

- Peut-être que tu as peur.

- Peur de quoi?

- A toi de me le dire Emma.

- Je ne sais même pas ce que je fous ici, tout ce que vous faites c'est me poser des questions, sans arrêt, je pense pas que ça résolve quoi que ce soit.

- Mon travail n'est pas de trouver les solutions mais de t'aider à les trouver.

- Bah tiens.

- Revenons en à Adèle.

- Adèle c'est quelqu'un dont j'étais folle amoureuse, qui m'a trompée et puis basta. Je m'en suis remise et tout va bien. Je peux ressortir de ce trou maintenant.

- Tu as encore besoin d'aide Emma et si tu continues à te voiler la face comme ça, tu n'en sortiras pas tout de suite.

- J'ai pas besoin d'aide. Je vais bien.

- Pourtant ce n'est pas ce que ton corps me dit. Tes yeux cernés, ta perte de poids et ta tenue me dise le contraire.

- C'est ridicule, je suis comme ça uniquement parce que ce trou est épuisant et étouffant.

- Elle voulait peut-être t'aider.

- C'est dingue ça! C'est à cause d'elle que je suis là et ça vous inquiète pas? Tout ça vous paraît normal.

- Je vois beaucoup de choses en toi Emma, ta force, ton courage, ta loyauté. Mais il reste quelque chose que je n'arrive à distinguer, c'est ton amour.

- J'aime. J'aime Aiden, Tyler et Allison.

- Je ne parlais pas de cet amour là. Je parlais de t'aimer toi même, de ne pas te détester comme tu le fais.

Je souffle, je n'ai pas envie de lui répondre. Elle cherche au fond de moi et j'aime pas ça, elle a le don de m'énerver avec son regard hautain, assise sur son fauteuil en cuir avec son tailleur bien droit pendant que je suis sur cette chaise en plastique dans mon pyjama gris.

- Tu ne veux pas aller mieux j'ai l'impression.

- Combien de fois je vais devoir vous le dire? Je. Vais. Bien.

- Tu vas mieux, mais tu ne vas pas bien Emma. Il faut tu acceptes d'être réparée, sinon tu vas recommencer et personne ne veut cela.

- C'est ridicule.

Ce qui est ridicule c'est que j'arrête pas d'y penser, recommencer. Pourquoi pas? Au final ça changerait pas grand chose vu comment je vis dans ce maudit bâtiment. Elle a peut être raison. Je vais peut être mal. Encore.

- Il faudrait que je la revoie, que je lui parle et que je lui tape dessus si jamais elle me traite comme un enfant.

- Bien mais essaie d'éviter la dernière partie de ta phrase. Appelle-la et vois ce qu'elle te répond. La séance est terminée aujourd'hui, on a bien avancé. A demain.

En sortant je croise Alex, je préfère faire comme si je ne l'avais pas vu. Oui je sais, je sais ça n'arrangera rien mais j'arrive pas à le regarder en face depuis la venue d'Adèle. Il me traite différemment, comme si je pouvais me briser en milles morceaux à tout moment. Je sens son regard plein de compassion, j'ai pourtant envie de le prendre dans mes bras, de sentir ses poings se refermer sur mon sweat, de lui parler encore et encore sans jamais m'arrêter. Mais y a cette chose qui me pousse à le fuir, sans même savoir ce que c'est. J'ai tourné la poignée et tiré la porte vers moi sans même lui jeter un regard

Arrivée au bout du couloir, je me jette sur le téléphone et m'empresse de taper son numéro toujours ancrer dans mon esprit. Après trois sonneries je commence à perdre espoir, mais :

- Emma? C'est toi?

- Oui, je..

- Tout va bien?

- Oui, enfin non. Est-ce que tu pourrais venir? J'aurais besoin de te parler.

- Oui, pas de soucis. Tu veux que je passe quand?

Je regarde tout autour de moi et rapproche le téléphone de mon visage.

- Le plus vite possible. S'il te plait.

- Pourquoi tu chuchotes? Qu'est-ce qu'il se passe?

- Adèle ramènes moi à la maison, je t'en supplie.

J'ai senti ma voix se brisé en plein milieu de ma phrase.

- J'en peux plus d'être ici. Viens me chercher.

- J'arrive.

Pas du tout. Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant